Durant la pandémie, la planche à roulettes a gagné en popularité parmi les jeunes femmes albertaines. Hafsah, une «skateuse» d’origine libanaise, est devenue populaire en ligne en circulant dans la ville d’Edmonton. En tant que femme issue d’une minorité, elle estime que son rôle sur les médias sociaux à un impact durable sur leur image dans un sport très masculin.
Toqa Abdelwahab – Correspondante
Dès le début du confinement en mars 2020, de nombreuses femmes en Alberta ont commencé à s’adonner à la planche à roulettes. Hafsah, passionnée et influenceuse sur le média social TikTok (une plateforme dédiée aux jeunes et à la vidéo), explique que cet engouement est notamment dû à la fermeture des entreprises non essentielles. Elle assure aussi que l’influence des médias sociaux à créer cette évolution.
Ces nouvelles adeptes ont vu à quel point «d’autres avaient l’air cool !» sur le Web, à pratiquer leur passion. Elles se sont donc lancées. Si l’on peut supposer que le «skateboard est simplement l’une des nombreuses modes qui ont vu le jour au début de la pandémie», les adeptes s’en défendent.
La planche à roulettes n’est pas une mode
Un phénomène de mode, pas vraiment! À Edmonton, Alina, une «skateuse» de longue date, l’affirme. «La planche à roulettes n’est pas seulement une mode. C’est une activité qui peut nous aider à libérer notre stress», dit-elle. Une autre skateuse, Anupma, acquiesce: «toute tendance est associée à un intérêt réel».
Elle ajoute que si la planche à roulette au féminin n’était pas une tendance, les médias sociaux ont certainement contribué à en normaliser l’image. Ils ont, selon elle, «joué un rôle très important dans cette évolution».
Hafsah, dont la popularité est grandissante sur TikTok, explique que le fait d’«être présente sur les médias-sociaux renforce leur légitimité sur les skateparks très masculins». «Lorsque nous voyons des gens qui nous ressemblent faire des choses que nous ne nous serions jamais vus faire, nous nous sentons moins seules et plus fortes», explique-t-elle.
La culture de la planche à roulettes a encore des aspects misogynes
Hafsah en est persuadée, un chemin considérable en termes d’inclusion des femmes dans le «skateboard» a été parcouru. Néanmoins, elle insiste sur le fait que de nombreuses femmes qui le pratique sont encore victimes de misogynie.
Elle raconte que les gens la dévisagent, lui font des commentaires négatifs et la font se sentir hyper visible lorsqu’elle pratique sa passion. De plus, elle se défend: «penser dans une certaine mesure que la pratique de la planche à roulette au féminin est une mode, révèle déjà une certaine misogynie de la part de ceux qui en parlent».
Les médias sociaux ont permis aux «skateuses» de former une grande communauté. Anupma précise néanmoins qu’elles ont toujours existé, loin des projecteurs. «Les soirées de skate pour les filles et les entreprises de skate appartenant à des femmes, comme Unity Skateboarding existent depuis toujours», dit-elle.
La solidarité qui est née de ces évènements et la dynamique posée par ces entrepreneures ont toujours été des facteurs essentielles pour cette pratique féminine.
Lorsqu’on lui demande ce qui a été efficace pour combattre la misogynie dans cette communauté, Hafsah n’a pas de doute. «Nous, les femmes, avons combattu la misogynie en faisant abstraction des autres et en démantelant notre propre misogynie intériorisée.» Ainsi, elle évoque le début d’un véritable changement pour les futures générations de femmes.
Finalement, cette pratique de la planche à roulettes par de nombreuses femmes est plus qu’un passe-temps. C’est aussi un symbole: Hafsa, comme d’autres, y voit une prise de pouvoir contagieuse dans la communauté.
Aujourd’hui, on estime que près de ⅕ de la communauté des «skateurs» sont des femmes, un chiffre en évolution constante, de bonne augure pour les prochains Jeux olympiques de Tokyo et la première apparition en compétition de la planche à roulettes.
Pour suivre Hafsah sur TikTok : @penneyyproud