Pour trouver un emploi dans le domaine de l’éducation à la petite enfance en français, il suffit de le désirer. C’est ce que semble indiquer Sarah Arlène Nyakeru, directrice générale de l’Institut Guy-Lacombe de la famille (IGLF), et Angèle Diomandé, éducatrice au Centre d’expérience préscolaire et parascolaire (CEPP) La Belle Nature située à Saint-Albert.
Lorsque l’on évoque la recherche d’un emploi dans l’éducation de la petite enfance, Sarah Arlène Nyakeru est sans détour. «Il faut faire le pas et appliquer!» Elle souligne d’ailleurs qu’un grand nombre de jeunes ne connaissent pas tous les services liés à la petite enfance qui sont offerts par les organismes francophones en Alberta.
Et pourtant, que cela soit au Centre collégial de l’Alberta ou à la Fédération des parents francophones de l’Alberta (FPFA), de nombreuses informations sont à disposition pour tous ceux et celles qui désirent faire le saut dans le monde des tout-petits.
Angèle Diomandé, elle, n’a pas hésité à changer de carrière. Docteure en pharmacie en Côte d’Ivoire, elle a très vite compris qu’en arrivant au Canada, il faudrait tout gérer, «la vie de famille et professionnelle». C’est très rapidement qu’elle a su comprendre le système. «Ici, tu dois avoir un diplôme canadien et une expérience professionnelle canadienne si tu veux travailler».
«Je me suis tout de suite inscrite sur la liste d’attente de la Fédération des parents francophones de l’Alberta pour devenir éducatrice.» Angèle Diomandé
Après avoir pris le pouls du marché du travail, elle se lance. «Je me suis tout de suite inscrite sur la liste d’attente de la Fédération des parents francophones de l’Alberta pour devenir éducatrice.» Un choix qui a porté ses fruits très rapidement malgré «son niveau zéro». Consciente de la grande demande dans les métiers de la petite enfance, elle commence comme remplaçante sur appel, tout en effectuant sa certification de niveau 1 en parallèle.
Une démarche efficace qui reflète le besoin criant de professionnels. Sarah Arlène Nyakeru, directrice générale de l’IGLF, indique que tous les postes sont pourvus, mais qu’à l’occasion, il lui faut des remplaçants. «Lors d’une journée pédagogique à l’école, les jeunes affluent dans nos locaux. Des fois, les éducatrices sont malades», explique-t-elle, tout en validant la recherche potentielle de nouveaux profils pour pourvoir à certains postes lorsque c’est nécessaire.
Angèle Diomandé l’assure, «s’inscrire sur cette liste m’a offert la possibilité de prendre le train en marche et d’acquérir très vite une certaine expérience». Elle indique aussi que «tu peux devenir très vite une remplaçante à temps plein».
Des prérequis et l’envie d’apprendre
Sarah Arlène Nyakeru souligne qu’il y a certains prérequis pour postuler. «En tant qu’employeur, on espère voir des candidats avec une première formation en éducation à la petite enfance [niveau 1] et éventuellement une formation aux premiers soins.» Elle indique aussi qu’une vérification des antécédents pour le secteur vulnérable est obligatoire.
S’il semble y avoir des prérequis administratifs, l’un d’eux est principalement émotionnel. «Il faut avoir de l’amour pour un emploi dans la petite enfance», explique Mme Nyakeru. Mais pas seulement. «Nous sommes plus qu’un service de garde, il faut aussi de l’amour pour la communauté francophone.» Elle indique que pour travailler à l’IGLF, il faut aussi être ouvert d’esprit, échanger avec ses coéquipiers et les parents.
Un amour qui va de soi pour Angèle Diomandé, «la passion des enfants, on l’a à la maison. Cet emploi, c’est comme une continuité». Mais elle souligne très clairement que cela ne suffit pas. «En deux ans, j’ai obtenu mon diplôme d’éducatrice de niveau 2 puis 3. Cela m’a aidé à mieux comprendre le développement de l’enfant, ses besoins, ses nécessités.»
La directrice générale de l’IGLF se veut toutefois rassurante. Elle estime qu’avec une certification de niveau 1, la candidate a toutes ses chances pour trouver un emploi rapidement. «On leur offre ensuite la possibilité de continuer, en collaboration avec le Centre collégial de l’Alberta. Très vite, on peut accorder à ces nouvelles éducatrices une certaine supervision, un leadership pour pouvoir compléter leur cursus.» Elle croit en l’accompagnement professionnel pour faire une carrière dans l’éducation à la petite enfance.
«Très vite, on peut accorder à ces nouvelles éducatrices une certaine supervision, un leadership pour pouvoir compléter leur cursus.» Sarah Arlène Nyakeru
Si Angèle Diomandé fait partie de ces femmes qui ont effectué un changement de carrière en arrivant au Canada, Sarah Arlène Nyakeru prône aussi la diversité générationnelle et encourage les jeunes diplômés à postuler dans les centres de la petite enfance (CEP). «Les emplois y sont faciles à trouver», affirme-t-elle. Cela n’empêche pas de devoir être motivé, patient et aux aguets, sourit l’éducatrice de La Belle Nature.
Angèle Diomandé ajoute que lors de ce changement de carrière, elle a beaucoup apprécié ses formations et garde aujourd’hui de très bonnes relations avec ses professeurs. Elle avoue que la communauté francophone tissée serrée apporte aussi une certaine solidarité pour trouver assez vite un emploi. «La demande est là, il faut être patient et ne pas se décourager!»
La cerise sur le gâteau
Outre la passion pour les enfants, il ne faut pas négliger l’aspect financier lié au métier d’éducateur à la petite enfance. C’est d’ailleurs dans un contexte économique particulier que les professionnels de la petite enfance ont le soutien du gouvernement albertain.
«Nous recevons un petit quelque chose en plus sur le salaire», résume Angèle Diomandé en évoquant le programme provincial de soutien aux employés de la petite enfance. Une aide gouvernementale qui lui apporte une certaine reconnaissance pour ce métier qu’elle a adopté depuis déjà quelques années.
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Un sentiment partagé par la directrice générale de l’IGLF. «Ce programme provincial est efficace et encourage nos organismes à offrir plus de postes d’éducateurs.» Une bonne nouvelle pour un métier aujourd’hui de plus en plus en demande.