le Samedi 27 avril 2024
le Lundi 4 septembre 2023 8:00 Portrait

Une passion dévorante pour les os

Alexis Lavoie se passionne pour la reconstitution et la conservation de squelettes d’animaux. Photo : Courtoisie
Alexis Lavoie se passionne pour la reconstitution et la conservation de squelettes d’animaux. Photo : Courtoisie
Alors que les jeunes de son âge profitent de la saison estivale pour se détendre, Alexis Lavoie, 13 ans, occupe son temps libre à arpenter les terrains sauvages à la recherche de spécimens pour garnir sa collection de squelettes d’animaux. Ce Franco-Albertain passionné d'ostéologie nous transporte au cœur de cet univers insolite.
Une passion dévorante pour les os
00:00 00:00

Ce présentoir contient des fossiles et des ossements divers trouvés au camping par Alexis.  Photo : Courtoisie

C’est lors d’une visite au Royal Tyrrell Museum of Paleontology à Drumheller, il y a déjà quelques années, que l’adolescent attrape la piqûre pour les fossiles et les ossements d’animaux. «Ç’a été comme un vrai coup de foudre pour moi. Il y a eu comme un déclic», se remémore Alexis avec enthousiasme. Dès lors, l’adolescent commence à visionner des vidéos sur YouTube pour mieux comprendre les étapes de la reconstitution et de la conservation de squelettes d’animaux, un travail à la fois long et méticuleux, admet-il. 

La première étape consiste à éliminer la chair animale. «Il y a plusieurs techniques, tout dépend de l’état dans lequel on trouve les os. On peut enterrer la carcasse ou la laisser à l’air libre le temps que ça se décompose», explique Alexis avec passion. Le port de gants protecteurs est recommandé puisque les carcasses animales peuvent transmettre de nombreuses maladies à l’humain.

Une fois l’étape de la macération terminée, le temps est venu de dégraisser les ossements, raconte le garçon qui commencera sous peu sa neuvième année à l’école Alexandre-Taché, à Saint-Albert. Pour y arriver, il fait tremper ses spécimens dans l’eau savonneuse pendant plus de trois semaines. «Ensuite, je fais sécher les os et je les blanchis avec du peroxyde», ajoute Alexis.

Ici, Alexis a réuni le squelette d’un chat trouvé non loin de son domicile et plusieurs crânes appartenant à des coyotes. Photo : Courtoisie

Périlleuse chasse à l’os

Crâne de castor, mâchoire et bassin d’orignal, squelettes de coyote et de corbeau… Selon la taille des ossements et de l’espèce des animaux découverts, la durée de toutes ces manipulations varie grandement. Pour les spécimens plus imposants comme les orignaux, le processus de conservation peut s’étendre sur une année entière, explique Alexis. Cela sans compter les innombrables heures passées à explorer chaque recoin de la forêt au peigne fin, à la recherche de carcasses d’animaux. 

«C’est fou parce que, des fois, je passe une journée entière à chercher des ossements dans la forêt et je ne trouve rien. D’autres fois, je trouve plein de choses en peu de temps», analyse l’adolescent d’un ton enjoué. Cette quête prend parfois même l’allure d’une véritable chasse au trésor. Par exemple, il y a quelques années, Alexis se rappelle être tombé dans un trou en accompagnant son père et son grand-père à la chasse. En examinant le feuillage de plus près, il a trouvé des ossements appartenant à plusieurs animaux différents. «C’était une mine d’or», relate-t-il.

En haut de l’image se trouve la moitié d’une colonne vertébrale de chevreuil qui a été trouvée à la chasse. Plus bas, la partie du bois d’un chevreuil. Photo : Courtoisie

D’ailleurs, si la recherche de carcasses se fait généralement en équipe, sous la supervision de sa mère ou de son père, l’adolescent souligne que les autres étapes de la reconstitution de squelette se déroulent en solitaire. «J’aime m’occuper de nettoyer, blanchir et brosser les os quand je suis seul. Je trouve ça relaxant», affirme-t-il. 

Une fois ces dernières étapes accomplies, Alexis peut enfin contempler le fruit de son travail. Il l’admet volontiers, une fierté l’envahit chaque fois qu’il incorpore un nouveau spécimen blanchi à sa collection, laquelle occupe déjà quelques étagères dans les maisons de ses parents. 

Pour la suite, ce grand rêveur dit aspirer à une carrière en paléontologie qui lui permettra de poursuivre son exploration des ossements à travers les fossiles. Il prévoit même d’effectuer un stage avec un professionnel dès l’année prochaine pour en apprendre davantage sur le métier. «J’aime aussi l’archéologie. Je crois que c’est l’idée de fouiller et de redonner vie à des ossements ou des objets du passé qui [m’allume] le plus», résume-t-il.

Glossaire – Méticuleux : Qui nécessite une grande attention aux détails