le Vendredi 19 avril 2024

 

Bilingue, le maire sortant de Calgary, Naheed Nenshi, n’a malheureusement pas su accompagner la communauté francophone de Calgary pourtant grandissante. Cela fait-il de la francophonie une voix à écouter au conseil municipal? Difficile à dire.   

 

D’après le recensement de 2016 produit par Statistique Canada, la province de l’Alberta et la ville de Calgary ont connu une hausse de 11,9% de leur population ayant le français comme première langue. Les organismes francophones, très conscients de cet essor persistant, ont demandé à s’impliquer au conseil municipal de Calgary et de discuter de divers sujets tels que le développement économique dans les deux langues officielles.

 

Ainsi plusieurs membres de la francophonie, dont l’ACFA régionale de Calgary et le Bureau de visibilité de Calgary (BVC) ont créé le Comité de la francophonie de Calgary. Ce comité a pour but d’appuyer la francophonie de la ville en espérant un jour faire partie du conseil municipal. 

 

Plusieurs demandes soumises au bureau du maire restées sans réponse 

 

En août 2020, l’ACFA régionale de Calgary avait adressé une lettre au maire Naheed Nenshi. Rédigée par Mélina Bégin, son ancienne présidente, et fournie par Marie-Thérèse Nickel, sa directrice générale, cette lettre nous apprenait que les membres du Comité de la francophonie de Calgary n’avaient pas été invités à la table des consultations décisionnelles du conseil municipal de Calgary malgré leurs demandes persistantes. 

 

Deux autres lettres ont suivi en juillet et septembre 2021. Ces lettres avaient pour objectif d’obtenir une rencontre avec le maire afin d’évoquer ces sujets non traités. À ce jour, toujours aucune réponse du maire Nenshi. «Aucune rencontre ni même de suivi de la part du bureau du maire. Le silence complet», explique Marie-Thérèse Nickel dans un courriel. 

 

«Aucune rencontre ni même de suivi de la part du bureau du maire. Le silence complet.» Marie-Thérèse Nickel

 

L’ACFA régionale reconnaît que tous les Calgariens sont les bienvenus quand il s’agit de donner des recommandations municipales ou de faire partie des différents comités de la ville. Par contre, pouvoir être reconnue et respectée en tant que la voix de la francophonie de Calgary est ce qui compte le plus pour l’ACFA régionale et les membres du Comité de la francophonie de Calgary. 

 

Une grande déception pour madame «Franco-fun Calgary»

 

L’ACFA régionale de Calgary n’est pas la seule à envoyer des correspondances au maire. La présidente et fondatrice du Bureau de visibilité de Calgary, Suzanne de Courville Nicol, souvent nommée madame «Franco-fun Calgary», avait aussi son mot à dire sur cette relation entre le maire et la francophonie. 

 

Naheed Nenshi, maire sortant de Calgary. Crédit: City of Calgary

 

Dévouée à la communauté, elle voulait, elle aussi, s’assurer que les francophones aient une place à la table du conseil municipal, mais aussi une voix. Aujourd’hui, la présidente du BVC ne peut être que déçue de la conduite du maire et de son silence concernant cette demande. Le système de réponse automatique de la mairie de Calgary «est loin d’être suffisant!» 

 

Des invitations aux évènements francophones faites en vain 

 

La présidente du BVC en rajoute. Elle explique que lors d’un lancement de la saison touristique par Tourisme Alberta du Conseil de développement économique de l’Alberta (CDÉA) en juin 2019, Naheed Nenshi avait été invité directement par Julie Fafard, l’ancienne directrice du développement touristique et de l’entrepreneuriat du CDÉA. Mais celui-ci n’avait pas fait acte de présence. «Il semblait qu’il allait être là, mais finalement, il a envoyé Jyoti Gondek», dit-elle abasourdie. La conseillère de la circonscription électorale n° 3 est maintenant candidate au poste de maire de Calgary.

 

Suzanne de Courville Nicol a aussi célébré Les Rendez-vous de la Francophonie à l’hôtel de ville de Calgary en mars 2013. Elle y espérait la présence du maire, bien évidemment. «Je m’attendais à ce qu’il soit là pour prendre des photos et des entrevues. Non, il n’est jamais venu», dit Suzanne d’un ton découragé. 

 

À lire aussi :

La francophonie pourrait avoir sa place à Calgary

 

C’est donc à plusieurs reprises que le maire a été invité à différents évènements organisés par la francophonie sans s’y déplacer. Et lorsque le mécontentement des organismes francophones s’est fait entendre, Naheed Nenshi profitait du «bilinguisme de Jyoti Gondek». 

 

Un nouvel espoir pour Calgary? 

 

Avec les élections municipales en cours à Calgary, Monique Auffrey, candidate dans la circonscription municipale n° 8, pense que la ville devrait faire un meilleur travail quand il s’agit de l’intégration de la culture francophone. 

 

«Que Nenshi ait fait du bon travail ou non, selon qui est le maire qui entre en place, je pense qu’il sera vraiment important pour le conseil ou un membre du conseil […] de contester continuellement le statu quo», explique-t-elle. Elle espère ainsi une prise de conscience des habitants de Calgary face à la diversité et de plus d’ouverture envers la population francophone.

L’hiver est très loin d’être la saison préférée de tous, surtout quand la température devient glaciale. Cependant, vivre dans une province aussi belle que l’Alberta, c’est aussi profiter de l’hiver pour vivre l’aventure. Avec l’aide de Marie-Hélène Rathé, gestionnaire du développement touristique du Conseil de développement économique de l’Alberta (CDÉA), nous vous invitons à découvrir cinq des plus belles activités hivernales à faire entre amis ou en famille.

Les aurores boréales, un spectacle éblouissant pour les yeux

La beauté majestueuse des aurores boréales. Crédit : Brandon Born @brandonborn

Ce spectacle de lumières naturelles dans le ciel de l’Alberta se forme lorsque des particules solaires pénètrent dans l’atmosphère terrestre. Ces particules émettent des gaz qui créent des voiles colorés dans la nuit. Leurs spectres sont principalement verts, mais ils peuvent osciller entre le jaune, le bleu et le violet.

Pour les peuples autochtones, les aurores boréales ont une signification sacrée. Elles représentent leurs ancêtres qui dansent ou des esprits qui dirigent les nouveaux venus. «Les aurores boréales, c’est un peu comme aller à la chasse, on peut les chasser sans jamais les voir et parfois elles viennent à nous», explique Marie-Hélène Rathé. 

En Alberta, quatre endroits sont bien connus pour l’observation de ce phénomène envoûtant. Alta-Can Aurora Tours, à Fort McMurray, vous conduit à l’un d’entre eux. «Les aurores boréales sont très dures à voir, c’est un “hit and miss”», sourit la gestionnaire du développement touristique du CDÉA, tout en assurant que cela vaut la peine de se lever la nuit pour partir à leur recherche.

Amateur ou expert, faites du patin sur les lacs Louise et Abraham

Le lac Louise est situé dans le parc national Banff. Crédit : Travel Alberta

Le patinage sur glace est un sport pour tous les âges et pour tous les niveaux. Situé dans le parc national Banff, Lake Louise est la place pour débuter dans un lieu féérique. Coincé entre les glaciers et le Fairmont Château, il est très facile d’accéder au lac Louise par la route. 

Vous pouvez amener vos patins ou en louer sur place au Château Ski & Snow à l’intérieur du Fairmont Château Lake Louise. Patiner est l’une des activités hivernales préférées de Marie-Hélène Rathé. «Ce que j’aime du patin, c’est que c’est abordable. Une fois que tu as tes patins, tu peux aller partout.» 

Un autre endroit qui fait rêver en Alberta pour le patinage, c’est le lac Abraham. Situé dans la région des plaines de Kootenay dans les Rocheuses, il est unique pendant la saison hivernale. En effet, on peut y voir des bulles de méthane prisonnières de la glace. Ce phénomène attire tous les regards et notamment celui de Marie-Hélène. «Ça vaut le détour et c’est vraiment une attraction naturelle. Que ce soit pour patiner ou pour prendre des photos, le lac Abraham est le paradis idéal», dit-elle.

Attachez vos tuques et partez faire un tour en traîneau à chiens

Vivez une expérience inoubliable sur les pistes, en forêt ou sur les lacs glacés de l’Alberta, à bord d’un traîneau à chiens. Bien sûr, vous y retrouverez les huskies, mais aussi d’autres races de chiens parfois surprenantes. Tout le monde aime les huskies et leur regard attendrissant, mais ils sont nés et élevés pour vivre l’aventure. 

Installez-vous donc au chaud dans le traîneau sous de nombreuses couvertures et laissez le musher, ce véritable pilote de Formule 1 sur glace, et ses chiens vous emmener dans les méandres glacés de l’Alberta. Et si vous avez envie de sensations fortes, pourquoi ne pas diriger la meute vous-mêmes!

Plusieurs endroits dans notre province offrent des excursions de traîneau à chiens tels que Canmore et Lake Louise. La connexion entre le musher et ses chiens est «magique».

Faites une promenade en motoneige!

Promenade rapide en motoneige. Crédit : Travel Alberta

Ce sport extrême vous donnera des palpitations à vous couper le souffle. Pour pouvoir profiter de cette activité, il faut toutefois détenir un permis de conduire de classe 5 (voiture). 

Lorsque vous voulez attaquer les pistes de neiges de l’Alberta, vous pouvez louer une motoneige pour la durée de votre choix. «Pour la motoneige, je sais qu’une des meilleures places, c’est le Iron Horse Trail. Le début du Trail commence à Heinsburg qui est à 45 minutes de Bonnyville dans le nord de l’Alberta.»

La motoneige est un sport physique et technique qui demande une petite formation avant de vous lancer. En effet, les exigences de conduite demandent un peu d’expérience, car malheureusement, chaque année, des accidents sont à déplorer. Passé le cap, les sensations sont incroyables! 

Canyoning dans un univers merveilleux de glace

Canyoning d’hiver, une promenade sur glace. Crédit : Travel Alberta/Mike Seehagel

Le canyoning est souvent cité comme une activité estivale. Mais la descente de cascades et de canyons glacés, c’est aussi possible en hiver! Pour faire du canyoning de glace, il faut des crampons aux bottes et être encadrés par des experts comme pour le canyoning d’été.

À lire aussi : 
Un Français lance son entreprise de canyoning au milieu des Rocheuses

En hiver, les chutes d’eau sont magiques. Habillées d’une robe translucide, elles créent un décor merveilleux. «En hiver, la paroi étant glacée, il faut porter des bottes avec des crampons adaptés pour faire ces randonnées et escalades.» Même s’il peut parfois y avoir quelques passages délicats, en restant bien aux chauds avec vos habits d’hiver – manteau, tuque, mitaines et bottes -, profitez d’une promenade sur glace dans le Canyon Johnston situé dans le parc national Banff. Le canyoning de glace s’avère plus facile physiquement et accessible aux amateurs de plein air hivernal.

Aussi précis et difficile que puisse être le ballet, Rachel Kundzins est tombée amoureuse de cette danse classique et authentique à l’âge de 3 ans. Sa passion grandissante l’incite à approfondir son apprentissage et à 13 ans, elle se lance à corps perdu en espérant un jour briller sur les scènes internationales. 

«Je m’entraîne tous les jours de 8h à 16h. Je me prépare pour un emploi professionnel dans une compagnie de ballet», explique la ballerine. Stagiaire à l’Alberta Ballet School, Rachel suit un programme d’entraînement spécialisé et adapté qui lui permettra en effet de faire partie d’une compagnie de ballet professionnelle. 

Rachel Kundzins exécute une arabesque. Crédit : Courtoisie

Avant de rejoindre l’école de ballet à Calgary, Rachel Kundzins, issue d’une famille francophile, vivait aux États-Unis, dans l’État du Connecticut. Pendant quatre années, elle aiguise ses pointes, affine son grand jeté, électrise sa pirouette au Nutmeg Ballet Conservatory, tout en poursuivant ses études secondaires en ligne.

Avec le recul, et quelques années d’entraînement plus tard, Rachel ne sait pas exactement ce qui l’a poussée à pratiquer cet art. «Je pense que quelque chose m’a attirée, mais je ne sais pas quoi. Il y avait une telle élégance dans le ballet que j’avais juste l’impression que je devais en faire partie», raconte-t-elle.

Les difficultés du ballet

Rachel n’en démord pas : le ballet est un art complexe. Bien qu’elle le pratique depuis toute petite, elle assure qu’il y a toujours quelque chose de «difficile» à exécuter. 

Pour une novice, le ballet demande des efforts surhumains. C’est extrêmement exigeant de s’adapter aux différentes positions de danse, et ce, même pour une artiste qui s’entraîne des heures et des heures chaque jour.

Rachel Kundzins en Fée Dragée. Crédit : Courtoisie

«Au fur et à mesure que tu progresses, il y a toujours un nouveau défi pour toi […]. Je pense que maintenant essayer de vraiment affiner tout ce que j’ai appris est un défi. Il faut rendre le mouvement sans effort et se concentrer sur tous les détails.» Comme Rachel le précise, ce n’est pas les mouvements en tant que tels qui sont les plus difficiles, mais plutôt savoir les rendre plus gracieux, plus fluides.

À lire aussi : Casse-Noisette, un immanquable du temps des Fêtes

La pandémie en toile de fond

La pandémie n’a d’ailleurs pas rendu les choses faciles pour Rachel et les autres danseurs de l’école. Avec la fermeture des écoles et les cours offerts en ligne, les danseurs ont dû pratiquer leurs mouvements chacun chez eux. Une situation que l’on peut facilement imaginer des plus compliquées, une scène étant plus grande qu’une pièce d’une maison.

«Beaucoup d’exercices ont été modifiés. Nous n’avions pas la place pour danser de la même manière qu’en studio», explique Rachel. Avec les routines modifiées en fonction de l’espace disponible à la maison, les sauts n’étaient bien sûr pas conseillés. Cabrioles, sauts de chat et autres mouvements aériens n’étaient donc pas possibles. 

Le retour au studio a été un autre défi, mais un moment très attendu par tous les jeunes passionnés de ballet. «Nous étions tellement excités de quitter nos canapés», s’exclame Rachel, et ce, malgré les restrictions imposées dans les locaux de l’Alberta Ballet School.

Rachel Kundzins interpréte la danse de la Fée Dragée. Crédit : Courtoisie

«Nous devions porter nos masques et danser avec le masque est très difficile pour nous. C’est juste difficile de respirer». Rachel indique que, d’un autre côté, leur endurance sera «excellente» quand les masques ne seront plus obligatoires lors des entraînements. 

Des prestations inoubliables

Lorsqu’elle étudiait au Nutmeg Ballet Conservatory, Rachel a eu la chance de danser dans de nombreux spectacles, dont celui qui est toujours à l’affiche pendant Noël, le fameux Casse-Noisette

«J’ai été dans beaucoup de spectacles. Je dirais quatre saisons de Casse-Noisette et sept spectacles par année. C’est tellement fantastique de partager cela avec le public et de créer quelque chose que les gens apprécient chaque année!» 

Comme plusieurs autres danseuses, Rachel a eu la chance d’incarner la Fée Dragée, l’un des rôles les plus importants du spectacle de Casse-Noisette. «Les rôles varient. J’ai travaillé avec le groupe, puis j’ai eu l’occasion de danser seule sur scène et d’avoir un solo. La meilleure partie de la performance est d’avoir l’opportunité de performer la Fée Dragée.» 

Même si cette année, Rachel et d’autres danseuses n’auront pas l’occasion de participer à un spectacle sur scène à cause des restrictions sanitaires et du nombre limité de personnages pouvant être sur scène en même temps, elle espère faire partie des heureuses élues qui contribueront, l’an prochain, à la beauté majestueuse du Casse-Noisette de Tchaïkovski.

Le temps des Fêtes est le moment privilégié pour (re)découvrir le célèbre ballet Casse-Noisette. Ce spectacle imaginaire nous transporte dans l’univers du compositeur russe, Piotr Ilitch Tchaïkovsky. Les Calgariens pourront découvrir cet univers majestueux grâce à Alberta Ballet

Ce ballet légendaire a été présenté pour la première fois le 18 décembre 1892 à Saint-Pétersbourg, en Russie. Comme toute féérie, il y a une jeune fille, Clara, qui reçoit en cadeau un casse-noisette en bois la veille de Noël. Celui-ci devient son meilleur ami et se transforme en prince après avoir combattu le Roi des souris. Et les voilà partis dans un royaume fantastique.

Spectacle de Casse-Noisette. Crédit : Paul McGrath

Edmund Stripe le sait, «pour l’Alberta et l’Amérique du Nord en général, c’est devenu une sorte de tradition de voir le ballet de Casse-Noisette et je sais que les gens seront ravis de finalement voir ce spectacle en personne».

Le danseur Alan Ma et la danseuse Luna Sasaki ont dansé lors du spectacle en 2017. Crédit : Paul McGrath

À lire aussi : Le Centre de santé Saint-Thomas transformé en galerie d’art

La danseuse Luna Sasaki joue le rôle de Clara dans le spectacle de Casse-Noisette. Crédit : Paul McGrath

Un véritable «puzzle» à mettre en scène

Avec la pandémie, le chorégraphe Edmund Stripe et son équipe ont eu quelques difficultés avec les répétitions, car le nombre de danseurs pouvant accéder aux salles de studio était limité. «Nous avons en quelque sorte assemblé la production comme un puzzle, un groupe de danseurs dans un studio et un autre groupe dans un autre, mais tous vont enfin se retrouver sur scène», assure-t-il. 

La danseuse Reilley McKinlay jouant le rôle de la Reine des Neiges. Crédit : Paul McGrath

«La  Valse des flocons de neige est probablement ma partie préférée, c’est magique. Elle réveille l’esprit de Noël», exprime Edmund Stripe. Il décrit d’ailleurs sa joie et celle de sa troupe de pouvoir enfin vibrer de nouveau devant public. 

La danseuse Reilley McKinlay jouant le rôle de la Reine des Neiges. Crédit : Paul McGrath

«C’est une bénédiction! Ça fait du bien d’être de retour sur scène», conclut Edmund Stripe. Alors, si vous ne connaissez pas encore l’histoire, profitez d’une des représentations à Calgary pour voir Clara et son cher Casse-Noisette combattre le Roi des souris. 

Alberta Ballet présentera plusieurs représentations du ballet Casse-Noisette pendant le temps des Fêtes. Vous pouvez vous procurer des billets pour assister au spectacle à Calgary du 10 au 24 décembre.

Crédit : Paul McGrath

C’est le 8 novembre qu’est célébrée la Journée nationale des vétérans autochtones. Un jour en hommage aux milliers de soldats – et à leurs familles – qui ont participé à de nombreux conflits armés sans être reconnus. Un devoir de mémoire, mais aussi d’acceptation des différences vis-à-vis des personnes qui ont joué un rôle essentiel dans de nombreuses guerres mondiales.

Comme plusieurs Canadiens de souche, de nombreux autochtones ont porté l’uniforme pendant la Première Guerre mondiale, soit plus de 4 000 selon les archives du Musée canadien de la guerre basé à Ottawa. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce sont plus de 3 000 membres des Premières Nations, ainsi qu’un nombre inconnu de Métis, d’Inuits et d’autres Autochtones, qui avaient servi durant ce conflit.  Certains dans la Marine royale canadienne et d’autres dans l’Aviation royale canadienne ou dans l’Armée canadienne. 

Toujours selon les archives du Musée, ces soldats autochtones ont souffert de discrimination raciale, linguistique et culturelle durant leur service militaire. Ils ont été victimes de préjugés notamment à propos de leur culture, leur aspect physique et la couleur de leur peau, même si leurs compétences étaient «précieuses».

Rebecca Williams, la coordonnatrice principale de l’éducation pour The Military Museums Foundations (Fondation des musées militaires), ajoute que les soldats auraient pu être mieux traités par l’armée canadienne. «Le gouvernement canadien dans l’ensemble les a traités de manière OK», dit-elle avec réserve. 

Rebecca Williams, coordonnatrice principale de l’éducation pour la Fondation des musées militaires. Crédit : Courtoisie

Elle ajoute, «les militaires autochtones étaient traités très différemment comparés aux autres». La plupart n’avaient pas accès aux mêmes avantages que les vétérans canadiens de souche. De plus, ils perdaient même leur statut d’autochtone parce qu’ils vivaient trop longtemps hors de leur réserve.

Elle précise d’ailleurs que les autochtones n’étaient pas obligés de servir dans les forces armées canadiennes dans le cadre de la Loi sur les Indiens (1876). Plusieurs désiraient s’engager à cause du «goût de l’aventure, un salaire régulier et trois repas par jour». 

Malgré les préjugés et les contraintes, une cinquantaine de soldats autochtones ont notamment été décorés pour leur bravoure après avoir été tireurs d’élite et éclaireurs pendant la Première Guerre mondiale, selon les archives d’Anciens combattants Canada.

Photoreportage : Journée nationale des vétérans autochtones au Musée militaire de Calgary

Des souvenirs mémorables 

Encore adolescent, le sergent vétéran Alan Clause a dû demander une permission parentale pour pouvoir rejoindre les Forces armées canadiennes. Il raconte que l’école n’était pas faite pour lui et qu’il voulait faire autre chose de sa vie. 

«Je n’avais que 17 ans quand je me suis engagé dans les Forces canadiennes et ça m’a vraiment ouvert les yeux. C’était mieux que n’importe quelle éducation secondaire ou universitaire que j’aurais pu obtenir.  Cela m’a montré ce qu’était le monde et comment notre peuple interagissait avec les autres», raconte-t-il. 

Le sergent vétéran Alan Clause prend la parole lors de la cérémonie de la Journée nationale des vétérans autochtones au Musée militaire de Calgary. Crédit : Emmanuella Kondo

Vivant sur la réserve des Six Nations située près de Brantford, en Ontario, le sergent vétéran Alan Clause a fait partie de l’armée canadienne pendant trois ans avant de rejoindre le Corps des Marines des États-Unis pendant six ans. Durant son service militaire, il a été déployé au Vietnam. Ingénieur de combat, son travail consistait alors à réparer les routes et les pistes. Chaque matin, avec l’escouade anti-bombe, il cherchait aussi des pièges routiers et des mines. «Je dois dire que c’était toute une expérience, mais dans l’ensemble je le referais probablement.»

À lire aussi : Histoires de famille dans les Forces armées canadiennes

Une reconnaissance bien méritée 

Le sergent vétéran Alan Clause n’était pas le seul de sa réserve natale à servir lors de la guerre du Vietnam. Ils étaient à l’époque plus d’une vingtaine. Selon lui, les noms de six d’entre eux figurent aujourd’hui sur le mur commémoratif du Parc des anciens combattants à Ohsweken, en Ontario, aux côtés de ceux des victimes des deux grandes guerres, sans oublier celle de Corée.

Pour lui, le 8 novembre est une journée très importante à souligner partout au pays. Plusieurs de ces oncles ont porté l’uniforme pendant la Seconde Guerre mondiale et «cette journée est pour eux». Un moment qui est parfois dur à vivre. «C’est difficile de mettre des mots, mais il est temps que nous soyons reconnus», déclare-t-il. 

Cette reconnaissance est sans aucun doute «bien méritée» selon Rebecca Williams, fière de cet évènement qui rapproche les peuples et souligne les différences. «Cet évènement a été organisé pour reconnaître et se rappeler de leur service sous les drapeaux, souvent oublié par le public», précise-t-elle. 

La coordonnatrice souligne que la cérémonie qui a eu lieu au Musée militaire de Calgary le 8 novembre dernier, comme chaque année depuis 2019, est très symbolique. Cet évènement souligne aussi le désir de réconciliation avec les peuples autochtones longtemps maltraités. «Nous voulions vraiment que le grand public sache qu’ils ont servi, que l’on peut découvrir leurs histoires, tout cela dans le cadre d’un effort de réconciliation.» 

Le sergent vétéran Alan Clause termine en précisant l’importance de la Journée nationale des vétérans autochtones, mais aussi de la relation que l’on doit créer avec ces anciens combattants au sein de notre société. «Il est important de se souvenir et de parler aux vétérans pas seulement aujourd’hui, mais à chaque jour.» 

Pour plus d’information : 

Musée canadien de la guerre – Les soldats amérindiens : https://bit.ly/3qyHlPP

Gouvernement du Canada – À propos des anciens combattants autochtones : https://bit.ly/3os2uID

L’Encyclopédie canadienne – Loi sur les Indiens : https://bit.ly/3qR39GD 

 

Depuis 2019, le Musée militaire de Calgary célèbre la Journée nationale des vétérans autochtones le 8 novembre. Organisée par The Military Museums Foundation (Fondation des musées militaires), la célébration publique rend hommage à tous les autochtones qui ont servi sous le drapeau canadien. C’est aussi l’occasion parfaite de visiter le Musée militaire de Calgary et de mieux comprendre le rôle joué par les autochtones canadiens lors des grands conflits armés.

Le public, des membres de l’armée canadienne et, bien sûr, des vétérans autochtones se sont déplacés en grand nombre pour assister à cet évènement. Crédit : Emmanuella Kondo

 

Le musée Glenbow à Calgary est un des partenaires de l’évènement et propose notamment au public de découvrir des outils traditionnels autochtones et de faire une visite du Musée militaire. Crédit : The Military Museums Foundation

 

Le directeur du Musée militaire, Dave Peabody, souhaite la bienvenue aux personnes qui se sont déplacées. Au revers de sa veste, il porte un coquelicot fait de perles traditionnelles autochtones. Crédit : Emmanuella Kondo

 

Le sergent vétéran Alan Clause porte un béret orné de la roue médicinale qui symbolise la santé et la guérison. Elle représente aussi l’alignement et l’interaction continue des aspects physique, émotionnel, mental et spirituel des membres des Premières Nations. Crédit : Emmanuella Kondo

 

Le vétéran Clarence Wolfleg Sr a participé à des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Il a pris la parole lors des célébrations entourant la Journée nationale des vétérans autochtones au Musée militaire. Crédit : Emmanuella Kondo

 

Clarence Wolfleg Jr joue des percussions traditionnelles sous le regard fasciné des participants.
Crédit : Emmanuella Kondo

 

Visite de la salle d’exposition Lord Strathcona’s Horse (Royal Canadians) guidée par les membres de la Fondation des musées militaires. Crédit : The Military Museums Foundation

 

Chants traditionnels interprétés par Chantal Chagnon et Cheryle Chagnon-Greyeyes pendant la cérémonie de clôture. Crédit : The Military Museums Foundation

S’intégrer dans une nouvelle société, dans un nouveau pays, ce n’est jamais facile. Alors quand cela inclut des changements de températures inattendus et difficiles, il vaut mieux être préparé. Certains immigrants ont déjà vécu ces changements saisonniers sans réelles difficultés, alors que d’autres restent sous le choc année après année. Se préparer à l’hiver en se nourrissant et en s’habillant adéquatement permet une meilleure intégration hivernale.

«Je suis arrivée en octobre à Edmonton. D’où je venais, à Montréal, c’est l’automne. Personne ne m’avait dit qu’ici à cette époque, il pourrait y avoir des surprises», dit Priscille Poeri, travailleuse en établissement du Portail de l’Immigrant Association (PIA) œuvrant dans les écoles du Conseil scolaire FrancoSud. 

Priscille Poeri, travailleuse en établissement dans les écoles. Crédit : Courtoisie

Une semaine après son arrivée en 2017, Priscille est sous le choc un matin. De sa fenêtre, elle voit la neige. «Je me lève et tout est blanc», s’exclame-telle. Habituée à l’hiver montréalais, elle pensait que «l’hiver du Canada» était là et que les températures saisonnières étaient pareilles dans chaque province. C’était mal connaitre la météo albertaine et ses variations climatiques.

Une préparation mentale et de la solidarité pour vaincre le froid  

Après cette expérience étrange de la neige, Priscille s’est rendue à l’évidence : il fallait se préparer mentalement pour faire face aux différents changements de température tout au long de l’année. «J’ai appris qu’ici en Alberta, en une journée, tu peux avoir toutes les saisons», dit-elle. Elle ajoute, «quand j’ai appris ça, je me suis dit, il faut vraiment se préparer mentalement et savoir qu’ici, c’est vraiment différent». 

Regarder la météo chaque matin avant de commencer sa journée fait partie des habitudes quotidiennes qu’elle a adoptées pour mieux s’adapter à l’hiver. Priscille a dû aussi faire face à plusieurs situations hivernales difficiles. Victime d’une collision avec un autre véhicule sur une route glissante, elle a encore peur aujourd’hui de prendre le volant en hiver. Elle se donne alors du courage en partageant ses expériences avec les nouveaux arrivants qu’elle rencontre au travail. 

Jacques Joseph se dit prêt à affronter l’hiver albertain. Crédit : Courtoisie

Jacques Joseph est l’un de ces nouveaux arrivants. Calgarien depuis mai dernier, il reçoit des conseils et aussi de l’aide alimentaire. «Priscille est ma conseillère. Elle m’a fourni de la nourriture, m’a aussi offert beaucoup de support», explique-t-il. 

Il n’est d’ailleurs pas la seule personne qui bénéficie des ressources offertes par Priscille et le PIA. Le 26 octobre dernier, le PIA a animé, en collaboration avec la Fédération des parents francophones de l’Alberta (FPFA), un atelier sur la façon de s’habiller en hiver. Les participants ont alors appris de petites astuces vestimentaires pour ne pas souffrir du froid. 

Au programme, quels sont les tissus et matériaux à privilégier par grand froid? Les habits en laine sont à prioriser pour leur qualité thermique. Porter trois couches de vêtements vous protégera mieux contre l’hiver. «Honnêtement, tous ces petits détails étaient vraiment appréciés. L’atelier était pour les nouveaux arrivants, mais c’était vraiment bénéfique pour tout le monde», explique Priscille. 

À lire aussi : Des garderies à 10$ par jour d’ici 2026 en Alberta

La famille et une alimentation saine et réconfortante  

Un des aspects qui a beaucoup d’impact sur la vie de Jacques Joseph est l’alimentation. Étant prédiabétique, il doit se restreindre à une certaine diète alimentaire. Pendant l’hiver, Jacques explique que son corps ne se réchauffe pas aussi rapidement que d’habitude, ce qui le pousse à boire moins d’eau, mais plus de boisson chaude comme du thé. Il est amené à manger aussi moins de viande rouge. «Je ne mange pas trop de viande. Je suis un petit peu végétarien donc je mange souvent que des légumes et parfois du poisson», dit-il. 

Céline Bossé, diététiste en santé publique basée à Calgary, explique que l’alimentation en hiver doit être très différente de celle que l’on consomme en été. «En hiver, il fait froid. Il faut manger plus de calories […], faire des repas tout-en-un, avec une base de viande et des légumes en sauce. Des repas réconfortants.» Selon la diététiste, un repas réconfortant peut être riche en calories, mais il doit varier selon les habitudes et les conditions de santé de la personne qui le prend. 

Céline Bossé, diététiste en santé publique depuis 35 ans. Crédit : Courtoisie

Elle estime que pour accompagner une alimentation riche en protéines, il faut bouger. La diététiste indique qu’il est essentiel de passer du temps dehors pendant l’hiver. «On s’entend qu’en hiver, il faut aussi aller dehors. Si vous restez trop souvent à l’intérieur et que vous mangez très riche, vous risquez de prendre du poids», explique-t-elle. 

Elle ajoute d’ailleurs qu’un repas réconfortant n’est pas forcément synonyme d’une grande quantité de calories, il peut être aussi très équilibré et raisonnable. Un classique, «une soupe au poulet avec des nouilles et des légumes». 

Céline Bossé conclut en ajoutant qu’en hiver, il est toujours mieux de manger en famille et de rester près de ses proches. «Essayez de manger les repas ensemble. Ne divisez pas la famille, l’un mange à telle heure et l’autre mange après. Mangez en famille ou entre amies.» 

 

Né et élevé à Libreville, la capitale du Gabon, un pays situé en Afrique centrale, Antoine Boussombo, un ancien athlète olympique sur piste, continue d’évoquer sa passion pour le sport, mais cette fois-ci au sein de la francophonie albertaine. Il a d’ailleurs reçu le prix Pierre-Bergeron (jeunesse) décerné par l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) en février et a été honoré lors du dernier Congrès annuel de la francophonie.  

Grandissant dans une famille modeste, Antoine Boussombo a toujours eu une très grande passion pour le sport et la littérature. Il aurait voulu être journaliste ou avocat. Malheureusement, cela n’a pas été possible à cause d’un manque de moyens financiers. Cette situation le pousse alors à faire des études de littérature française afin de devenir enseignant. 

Après avoir quitté le Gabon en 2001, il s’installe à Edmonton. En arrivant, l’intégration au niveau culturel et linguistique n’a pas été facile. Bien qu’il était diplômé de l’École Normale Supérieure de Libreville, Antoine a dû reprendre ses études à l’Université de l’Alberta pendant cinq ans. Il faisait aussi partie de l’équipe d’athlétisme. Une fois diplômé, il est embauché par l’école Alexandre-Taché où il enseigne le français et l’éducation physique aux élèves du secondaire.

«Le fait de décider de faire ma vie ici, il fallait vraiment s’intégrer, au niveau de la langue, reprendre les études. Même au niveau du sport, les méthodes d’entraînement étaient différentes. Et il fallait accepter tous ces changements pour s’intégrer dans la société», explique Antoine. 

Dès son arrivée à Edmonton, Antoine s’implique activement dans la francophonie albertaine en faisant du bénévolat pour plusieurs organismes tels que l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) et la Fédération du sport francophone de l’Alberta (FSFA). «Le jour après mon arrivée, j’ai demandé s’il y avait une communauté francophone ici. J’ai été conduit à La Cité francophone et c’est comme ça que j’ai commencé à militer pour la francophonie.»

Antoine Boussombo s’implique alors comme entraîneur en athlétisme pour les Jeux de l’Alberta et, par la suite, devient un des entraîneurs officiels de l’équipe albertaine lors des Jeux de la francophonie canadienne depuis 2011. Son implication auprès des jeunes est, pour lui, la place où il peut faire une «différence».

C’est cet engagement auprès de la jeunesse francophone qui lui a valu de recevoir le prix Pierre-Bergeron (jeunesse) en février dernier. «Une grande surprise!» 

C’est sa fiancée qui, ayant constaté son travail acharné avec les jeunes et leurs apprentissages, a décidé de soumettre sa candidature pour ce prix. «Elle ne m’a même pas dévoilé ça. Je pensais que c’était une blague. Et c’est au moment où j’ai commencé à recevoir les courriels que j’ai vraiment su que c’était du sérieux», s’exclame-t-il.  

À lire aussi : Histoires de famille dans les Forces armées canadiennes

Une passion olympique devenue réalité 

Dès son plus jeune âge, Antoine se démarque au niveau sportif. Pendant son secondaire à Libreville, il décide d’intégrer une équipe de soccer dans laquelle il est gardien de but. Mais après quelques défaites et le manque de soutien au sein de son équipe, il décide de changer de sport. Il commence l’athlétisme. 

«Quand il y avait une défaite, c’était toujours la faute de quelqu’un, on s’accusait mutuellement, dit-il en riant. Et là, je me rencontre que non, au lieu de me faire accuser, je préfère aller faire un sport où je suis responsable que je performe bien ou mal. Alors, c’est comme ça que j’ai fait la transition vers l’athlétisme.»

Après avoir changé de sport, son parcours n’a pas été facile. La passion pour l’athlétisme n’était pas aussi présente dans la vie d’Antoine. Mais à l’âge de 23 ans, tout a changé lorsqu’il rencontre l’entraîneur national du Gabon, Roger Oyembo. «Quand il m’a vu, il m’a dit: “Tu sais, tu as beaucoup de talent. Aimerais-tu vraiment continuer?”» 

Mais au début, Antoine n’était pas «convaincu» de son propre talent.

Après que Roger l’ait pris sous son aile, Antoine se passionne et se dévoue à ce sport individuel. Il met toute sa force et sa concentration. Ses spécialités sont les épreuves de courte piste, soit le 100 mètres, le 200 mètres et le 400 mètres sprint. C’est ainsi qu’il a pu participer à plusieurs reprises à des compétitions nationales et internationales. Il a couru lors des Jeux olympiques de 1996 à Atlanta et ceux de 2000 à Sydney. 

Jusqu’à ce jour, il détient le record national du Gabon pour le 100 mètres et le 400 mètres sprint.

Finalement, l’ancien athlète olympique espère continuer de vivre cette vie pleine de rebondissements et ne désire nullement changer ce qu’il fait maintenant comme enseignant et entraîneur. «Je veux que ma vie soit une aventure […] je me mets sur un chemin et je découvre les choses. Parce que c’est quand tu es prêt à découvrir les choses que ta vie a du sens. Si c’est trop planifié, ça devient plate!»

Cette année encore, le Centre d’appui familial s’est associé à l’ACFA régionale de Calgary (ACFA) et au Portail de l’immigrant Association (PIA) pour offrir aux jeunes une fête familiale et terrifiante. Un succès qui ne se dément pas pour les organisateurs. En effet, c’est plus de 70 familles qui se sont déplacées pour avoir des sueurs froides.

Lors de la nuit sinistre de l’Halloween, les sorcières et leur balai magique se déplacent et rôdent autour des enfants. Des cris de monstres et des rires machiavéliques montent vers les cieux, alors que les jambes faiblissent devant ce nombre incroyable de créatures mystérieuses qui se déplacent en cette nuit si particulière. Les pirates sanguinaires bousculent les princes et les princesses, les superhéros rivalisent d’ingéniosité pour, eux aussi, parcourir ce dédale de surprises. 

Parents et enfants en train de prendre leur sac d’Halloween effrayant, mais amusant. Crédit : Emmanuella Kondo

En cette nuit, toutes les créatures mystiques se sont donc retrouvées à la Cité des Rocheuses. Le froid, le vent et la neige fondue n’ont pas découragé les petits gourmands et leurs parents. Julio Garcia et son petit monde sont des habitués de cette fête. Ils étaient déjà là l’année dernière. Il aime la cueillette de bonbons et la trouve encore très amusante. Mais ce qu’il aime par-dessus tout, c’est cette «participation en famille, l’aspect rassemblement des communautés avec les enfants».   

Mouna Gasmi, la directrice générale du Centre d’appui familial, son équipe et les nombreux bénévoles ont non seulement voulu faire plaisir aux familles francophones, mais aussi promouvoir le bien-être des familles. «On essaie de faire du mieux qu’on peut pour leur faire plaisir, pour aider leur résilience tout en respectant aussi les restrictions», explique-t-elle. 

Parents et enfants en train de prendre leur sac d’Halloween effrayant, mais amusant. Crédit : Emmanuella Kondo

«Cette année, la célébration était plus animée pour que les familles puissent interagir entre elles. On sait que les familles ont besoin de ce contact humain et on sait aussi que c’est très pénible de faire tout en mode virtuel. C’est de là qu’est venue l’idée de faire cela en personne», mentionne la directrice du Centre.

Tout le monde a respecté la distanciation physique et porté un masque même si la majorité de l’évènement s’est passé à l’extérieur. Les enfants ont ainsi pu être protégés et «gardés en bonne santé». 

Julio Garcia précise, «cela fait un an qu’on est en pandémie. Les enfants se sont adaptés et les familles aussi» expliquant ainsi que la pandémie ne lui cause pas autant de problèmes et ne l’empêche surtout pas de participer à cette soirée en famille. 

À lire aussi : La francophonie de Fred Pellerin par les contes

Une organisation bien ficelée

À la nuit tombée, les familles comme celle de Julio ont, durant le temps qui leur était imparti, circulé de station en station, munies d’une carte de chasse au trésor et d’un petit sac pour que les enfants puissent amasser des bonbons. Frissons et rires étaient au rendez-vous. Les sourires se sont aussi déliés, les familles pouvant circuler à pied, alors que l’année dernière ils avaient dû demeurer dans leur voiture. Une organisation bien rodée, un circuit clair et des créneaux horaires pour chaque famille afin de limiter le nombre de personnes sur le site.

Jonglage interactif lumineux lors de la fête familiale d’Halloween. Crédit : Arnaud Barbet

De station à station, les petits monstres ont trouvé des objets et reçu des bonbons cachés pour ensuite les cocher sur leur carte au trésor pleine de mystères. Michelle Mendez Holmes, pirate d’un soir et agente communautaire préscolaire/coordonnatrice des programmes après école du Centre d’appui familial le jour, était très contente que le thème des pirates ait été choisi cette année. «La station pirate est ma préférée!»

Animation colorée de cerceau magique lors de la fête familiale d’Halloween. Crédit : Emmanuella Kondo

Parmi les nombreuses stations, une était entourée de squelettes terrifiants, puis, plus loin, on trouvait un cimetière lugubre. Dans le hall d’entrée de la Cité des Rocheuses, les familles pouvaient grimacer pour une photo souvenir. À la toute fin, les parents et les enfants ressortaient de la Cité des Rocheuses avec une trousse d’activités de l’Halloween.

Un travail d’équipe réussi

C’est Michelle Mendez Holmes qui était responsable de l’organisation de l’évènement avec l’aide de bénévoles. «C’était beaucoup de travail», tant au niveau de la planification que de l’installation, mais avec l’aide des 16 bénévoles et de l’équipe, la soirée a été une réussite effroyable.  

Soirée d’Halloween présentée par le Centre d’appui familial, l’ACFA régionale de Calgary et le PIA et tenue à la Cité des Rocheuses. Crédit : Emmanuella Kondo

«Tout le monde est venu. (…) Ce n’est pas juste moi qui ai mis ça en place, c’était vraiment un travail d’équipe», explique-t-elle. Pour l’année prochaine, Michelle espère encore plus. Un thème festif aussi épeurant que celui des Pirates, de nouvelles activités et plein de jeux pour toute la famille. 

«On a déjà de nombreuses idées pour les années suivantes.» Le rendez-vous est pris pour l’année prochaine! 

Pour le capitaine Naomi-Nisha Charette et pour le lieutenant Marissa Hsu, être infirmière militaire est un rêve de jeune fille devenu réalité. Mais, pour y parvenir, cela a exigé du travail et de la détermination. Pourtant, ce n’est que le début d’un nouveau chapitre de leur vie militaire, car les deux jeunes femmes espèrent un jour être déployées à l’étranger.

Depuis toute petite, le lieutenant Marissa Hsu a toujours eu une grande admiration pour l’armée canadienne. Elle en rêvait jour et nuit, se disant qu’un jour elle en ferait partie, sans même savoir ce que faisait exactement un soldat. Elle raconte qu’à la maternelle, la plupart de ses enseignantes avaient des proches qui étaient parties en Afghanistan et c’est en écoutant leurs histoires que le désir était né. 

«Je me rappelle pendant le temps de l’ouragan Katrina, les chaînes de télévision racontaient comment l’armée avait envoyé des docteurs et infirmières pour venir en aide aux citoyens touchés par la catastrophe. Je me suis dit, c’est ça que je veux faire, je veux aider les gens en situation dépourvue», s’exclame le lieutenant Hsu.

Le capitaine Naomi-Nisha Charette durant le vol de familiarisation avec l’escadron 408 en février 2019. Crédit : Courtoisie

«Pour moi, c’était un peu différent», précise le capitaine Naomi-Nisha Charette. Son père étant militaire, elle lui a toujours montré une grande admiration, sans être sûre de vouloir suivre ses pas. 

Pendant ses études universitaires au Québec, avant de joindre l’armée, le capitaine Charette a travaillé comme infirmière dans un hôpital. Elle éprouvait néanmoins un désir non accompli. Pour elle, il y avait toujours un manque, sans réellement pouvoir l’identifier. Ayant servi son pays pendant 30 ans, son père l’a toujours encouragée à s’engager dans l’armée.

«Mon père n’arrêtait pas de m’embêter. Il voyait que je n’étais pas heureuse. Il me disait juste : “Essaie, postule, on verra ce qui se passera”. J’ai mis du temps à me décider, mais mon père avait toujours de belles histoires à propos de l’armée, alors je me suis dit pourquoi pas.»

À lire aussi : Trois soldats nous parlent du jour du Souvenir

«Je n’ai pas rejoint l’armée pour l’éducation gratuite»

L’Armée canadienne est reconnue pour donner l’occasion aux jeunes Canadiens de poursuivre leurs études universitaires tout en recevant une compensation financière. Ainsi, le Programme de formation des officiers de la Force régulière (PFOR) développe des jeunes hommes et femmes pour en faire des officiers des Forces armées canadiennes aux parcours professionnels diversifiés. 

Le lieutenant Hsu et le capitaine Charrette ont participé à ce programme. Le lieutenant Hsu en a fait partie dès sa première année universitaire, ce qui lui a permis d’avoir ces trois dernières années d’études financées par l’Armée. Pour le capitaine Charette, cela a été plus court.

Le capitaine Naomi-Nisha Charette et son père. Son premier souvenir des célébrations du 11 novembre 2000. Crédit : Courtoisie

«Je n’ai pas rejoint l’armée pour l’éducation gratuite. Je l’aurais fait quoi qu’il arrive; il n’a jamais été question d’argent. Il s’agissait toujours de vouloir servir», précise le lieutenant Marissa Hsu. Le capitaine Charette ajoute que même si l’armée n’avait pas accepté qu’elle entre dans le PFOR, elle aurait quand même postulé à la fin de son diplôme d’infirmière.

Maintenant diplômées d’un baccalauréat en sciences infirmières, le capitaine Charette et le lieutenant Hsu travaillent dans des hôpitaux et des cliniques telles que le Centre des services de santé des Forces armées canadiennes à Edmonton. 

Bien que leurs études universitaires soient terminées, leur formation ne l’est pas. En effet, les infirmières doivent suivre des cours et des programmes d’apprentissages d’une durée variable, en fonction de leur expérience. Essentiels, ces cours particuliers leur permettent d’acquérir les compétences nécessaires pour travailler dans un contexte de soin actif militaire. Elles pourront ensuite devenir des infirmières militaires certifiées. 

Dans l’attente, avec impatience, d’un déploiement militaire 

Entrer dans l’armée exige des soldats qu’ils soient toujours disponibles et prêts à partir en mission. Pour les deux professionnelles de la santé, c’est un but à atteindre. «Je pense que c’est un objectif de carrière pour presque tous ceux qui rejoignent l’armée», précise le capitaine Naomi-Nisha Charette. 

De son côté, le lieutenant Hsu a eu une petite expérience personnelle sur les situations de déplacement dans l’armée. La hausse des demandes pour des infirmières est tellement élevée depuis le début de la pandémie que tout de suite après avoir reçu son diplôme, elle a reçu des avis de déploiement.

Le capitaine Naomi-Nisha Charette, sa mère et son père lors de la cérémonie d’enrôlement en 2017 à Chicoutimi sur une frégate. Crédit : Courtoisie

«Après ma graduation, avant même d’être infirmière militaire certifiée, je recevais des courriels sur le déploiement d’infirmières dans des foyers de soins en Ontario et au Québec. Ils indiquaient que nous pourrions être déployées dans les prochaines 48 heures», raconte-t-elle.

En attendant ce jour, le capitaine Charette et le lieutenant Hsu continuent de soutenir les citoyens canadiens du mieux qu’elles le peuvent à Edmonton. 

«Bien sûr, je veux être déployée! Je veux avoir cette expérience de servir mon pays, c’est pourquoi j’ai rejoint l’armée, afin que je puisse aider. Même si j’aide ici à l’arrière-plan, j’aimerais être là quelque part où ils ont besoin de nous», conclut le capitaine Naomi-Nisha Charette.