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le Jeudi 25 août 2022 9:00 Portrait PR

Stephanie Kusie, la francophonie par la diplomatie

Stephanie Kusie, la francophonie par la diplomatie
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Cet article fait partie d’une série de portraits intitulée «Mon siège de député·e». Elle est proposée par Franco.Presse et met en avant des député·e·s francophones, francophiles, francocurieux et francocurieuses du Canada. Ces élu·e·s ont accepté de se prêter au jeu et de s’ouvrir sur des enjeux qui leur tiennent à cœur, qu’il s’agisse de la place du français à la Chambre des communes ou de tout autre sujet d’importance dans la société canadienne.

Députée conservatrice de Calgary Midnapore depuis 2017, Stephanie Kusie a appris le français alors qu’elle était diplomate sous le gouvernement Harper. L’Albertaine d’origine québécoise défend l’idée que cette langue n’est pas l’apanage d’un seul groupe, mais qu’elle appartient à toute la population.

Francopresse – Inès Lombardo

Stephanie Kusie a commencé à s’initier à la langue française lors de ses visites dans la famille de sa mère au Québec. «Je n’ai pas grandi dans cette langue, mais les mots m’étaient familiers et ils revenaient dès que j’arrivais chez ma grand-mère», se rappelle la députée.

«Je n’ai pas grandi dans cette langue, mais les mots m’étaient familiers.» Stephanie Kusie

Au fil de ses missions diplomatiques, elle commence peu à peu à utiliser le français. Dès 2006, Stephanie Kusie est envoyée en Argentine par le ministre des Affaires étrangères d’alors, Peter Kent. Elle est ensuite affectée au Salvador comme chargée d’affaires puis comme consul du Canada de 2006 à 2008, avant d’être dépêchée à Dallas de 2010 à 2013.

«Quand on est membre des Affaires étrangères, on doit parler les deux langues officielles, précise-t-elle. C’est une obligation. J’ai surtout pratiqué le français au Salvador, entre autres, parce qu’une grande communauté de Salvadoriens a immigré à Montréal.»

Après un échec aux élections municipales de Calgary en 2013, Stephanie Kusie est élue députée fédérale en 2017. Elle dit utiliser le français le plus souvent possible en Chambre, avec ses collègues députés et dans son comté, particulièrement lorsqu’elle visite des écoles d’immersion française.

«Je pense avoir le respect de mes collègues francophones parce que je fais l’effort de parler le français, même si ce n’est pas ma langue maternelle», croit-elle.

Des efforts pour parler français chez les conservateurs

Parmi les députés conservateurs, «beaucoup viennent de l’Ouest et malheureusement, ils n’ont pas eu l’occasion d’apprendre le français ou d’être dans un environnement immersif», souligne la députée.

Mais pour Stephanie Kusie, ce sont les efforts fournis qui importent. «Depuis que je suis élue sur la Colline, j’ai vu beaucoup de mes collègues apprendre le français une fois élus, comme Jason Kenney [ex-premier ministre de l’Alberta]. Ils suivent des cours lorsqu’ils sont à Ottawa», fait-elle valoir.

Stephanie Kusie dans sa circonscription de Calgary Midnapore, en Alberta. Crédit : Courtoisie

Stephanie Kusie dans sa circonscription de Calgary Midnapore, en Alberta. Crédit : Courtoisie

Elle cite aussi certains députés francophones qui poussent leurs collègues à apprendre le français. C’est le cas du député québécois Bernard Généreux qui met ses collègues désireux d’apprendre la langue en relation avec une école de son comté (Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup).

«Cet été, il va y avoir une petite réunion pour les députés qui sont au Québec pour apprendre le français. La volonté d’apprendre la langue existe, mais c’est vrai que c’est assez récent. Il y a beaucoup plus d’enfants en immersion maintenant, comparé à mon époque», remarque-t-elle.

«Mais au Canada, aucun groupe n’est propriétaire de la langue française au Canada, souligne Stephanie Kusie. Cette langue est pour tous les Canadiennes et Canadiens. Et si c’est vraiment une priorité pour le gouvernement fédéral, ce dernier doit donner l’appui où c’est nécessaire.»

Parler français pour se sentir «plus comme une citoyenne complète»

Stephanie Kusie assure que son passage dans le monde diplomatique l’aide à bien des égards dans son rôle de députée.

«Lorsque vous êtes diplomate, on vous apprend que vous n’êtes qu’une personne qui a pour mission de servir le Canada et faire passer des messages pour le compte du pays. Je pense avoir cette capacité pour ma circonscription. Mais il y avait un député avant moi, il y en aura un autre après! J’essaie juste d’agir maintenant, pas plus, pas moins», explique-t-elle.

«Le français est la priorité. Moi, je suis vraiment fière de parler français.» Stephanie Kusie

Stephanie Kusie espère que son fils de 11 ans, Edward, intégrera l’école d’immersion française en 7e année, à ses 13 ans. «Avec mon mari, qui est bilingue aussi, nous souhaitons qu’il parle au moins une autre langue. Le français est la priorité. Moi, je suis vraiment fière de parler français. Je me sens plus comme une citoyenne complète, j’espère que ce sera pareil pour mon fils.»