Les demandeurs d’emploi sont venus nombreux à cette première foire de l’emploi bilingue. Photo : Arnaud Barbet
IJL – RÉSEAU.PRESSE – LE FRANCO
«Les francophones qui arrivent ont un énorme avantage, ils sont en général bilingues […] et hautement qualifiés.» Erwan Oger.
«Les francophones qui arrivent ont un énorme avantage, ils sont en général bilingues […] et hautement qualifiés», assure Erwan Oger, le directeur général par intérim du Centre d’accueil pour nouveaux arrivants (CANAF). Des qualifications qui, selon lui, prennent un peu plus de temps à être reconnues en Alberta.
Une situation qui n’est pas passée inaperçue pour Manel Bahri et Walid Affes arrivés de Tunisie, il y a quelques semaines, dans le cadre du programme Entrée express. Ingénieurs en génie civil en Tunisie, chacun d’eux possède plus de neuf ans d’expérience et, pourtant, «nous n’avons pas encore pu décrocher un entretien d’embauche», soupire Manel, quelque peu découragée. Et pourtant son expertise en structure lui a permis de travailler sur des projets en France.
«On est là pour le rêve canadien!», ajoute Walid, qui a œuvré de nombreuses années en tant que gestionnaire de projets. Mais ce rêve semble s’éloigner, «la transition est extrêmement difficile», avoue à l’unisson les parents de deux jeunes enfants.
Luis Banaj, directeur des ressources humaines chez GardaWorld, a tout mis en œuvre pour être présent et offrir des occasions d’emploi aux francophones, malgré une «invitation de dernière minute». Si la présence de son entreprise est importante, c’est aussi parce qu’il est conscient que cette communauté immigrante est de plus en plus importante en Alberta et va jouer un rôle essentiel sur le marché de l’emploi.
«C’est prêt de 10% des salariés de l’entreprise de sécurité qui sont totalement bilingues.» Luis Banaj.
«Les francophones sont généralement bilingues et nous avons aujourd’hui de plus en plus d’opportunité de postes» nécessitant cette expertise reconnue par de nombreux employeurs. «Nous sommes à la recherche d’agents de sécurité, mais aussi d’opérateurs dans les centres de contrôle et pour cela, nous avons besoin de gens complètement bilingues», confie-t-il. Il ajoute qu’à l’heure actuelle, «c’est prêt de 10% des salariés de l’entreprise de sécurité qui sont totalement bilingues». Des cibles qui vont encore augmenter dans les prochaines années.
Il reconnaît d’ailleurs qu’il est nécessaire d’aller au-devant de ces demandeurs d’emploi en personne, car «jusqu’à présent, il n’était pas si simple de trouver en Alberta de futurs employés capables de pourvoir ces postes bilingues». Lors de la foire, il a retenu une dizaine de candidatures potentielles. Il avoue néanmoins que la majeure partie de ces futurs employés devront acquérir la licence des travailleurs en sécurité de l’Alberta. Mais il assure que l’entreprise prend en charge l’obtention de celle-ci et les accompagne dans leur démarche.
Erwan Oger opine en ce sens. Cette foire de l’emploi en présentiel est essentielle pour les employeurs et les demandeurs d’emploi. Aujourd’hui, «les processus d’embauche ne se font plus en personne et les personnes qui prennent des décisions sont difficiles à contacter», alors si cet évènement en présentiel peut apporter une certaine crédibilité, il suppose que les employeurs seront encore plus nombreux la prochaine fois et «les bailleurs de fonds» plus conscients des besoins dans ce domaine.
Car même si l’on a pu remarquer de grands absents comme les compagnies aériennes ou les collectivités locales, il sait que le succès de cette première édition va «les inciter à frapper à la porte du CANAF». D’ailleurs, Erwan Oger est un optimiste dans l’âme et préfère s’attacher au succès de l’évènement. «On est parti de 0 à 19 entreprises présentes en très peu de temps» et le centre d’emploi a ouvert en août dernier, «c’est une start-up» qui ne demande qu’à prendre son essor.
Si certains organismes communautaires étaient présents, d’autres avaient passé le message aux agents du CANAF de récupérer des candidatures spontanées. Parmi les présents, le Conseil de développement économique de l’Alberta n’a pas désempli. Et c’est d’ailleurs là que Manel Bahri a trouvé un peu d’espoir. Puisqu’ici la qualification d’«ingénieur, c’est sacré» et qu’elle ne peut travailler en tant que telle, elle pense trouver une solution intermédiaire.
«Je dois payer les factures, alors si je dois travailler encore avec ma clientèle en France plutôt que d’être employé ici, pourquoi pas.» Manel Bahri.
La rencontre avec un membre du CDÉA «m’a permis de penser autrement». Aujourd’hui, elle souhaite peut-être créer son entreprise de conseils dans ce domaine de l’ingénierie où elle excelle. «Je dois payer les factures, alors si je dois travailler encore avec ma clientèle en France plutôt que d’être employé ici, pourquoi pas.» Une adaptation malheureusement impossible pour Walid qui est «un homme de terrain». Conscients qu’ils vont devoir être patients, ils sont malgré tout près à certains sacrifices. «Franchement, pour les prochains mois, on sera obligé de prendre un emploi « alimentaire »», conclut-elle sous le regard de Walid qui acquiesce.
Erwan Oger souligne d’ailleurs une certaine volonté d’aller de l’avant avec le CDÉA pour répondre aux besoins de celles et ceux qui vivent au sud de la province. Il a «hâte d’explorer les futures opportunités de collaboration avec le nouvel axe CDÉA – Accès Emploi». Il est aussi certain que l’évolution de l’économie albertaine vers les nouvelles technologies va ouvrir de nombreuses portes aux nouveaux immigrants bilingues.
Ce n’est donc pas par hasard que l’on remarque la présence de Callista Rothwell, chargée de compte et dédiée à l’engagement communautaire pour Npower Canada. En effet, cette organisation propose «des formations gratuites en technologie […], qui leur permettront de travailler ensuite pour Google, Microsoft et bien d’autres», explique-t-elle, dans un français timide, mais appliqué.
«Comme beaucoup d’individus qui arrivent, ils [les francophones] ont besoin de valider ou de perfectionner leurs compétences.» Callista Rothwell.
Elle est d’ailleurs très heureuse d’aller à la rencontre des nouveaux arrivants francophones. «Comme beaucoup d’individus qui arrivent, ils ont besoin de valider ou de perfectionner leurs compétences» et elle assure que les programmes de formation technique et les certifications proposées répondent aux besoins très demandés de l’industrie.
Et lorsque l’on parle de bilan de cette matinée studieuse, Erwan Oger semble satisfait. Il évoque le travail de son équipe et estime qu’ils «ont livré» ce que le CANAF a promis. Il insiste aussi sur le sérieux des entreprises et organisations présentes et souhaite affiner sa démarche. «Cette première édition va nous permettre de mieux définir les besoins des nouveaux arrivants» et d’adapter l’offre proposée.
Après 17 années, le Festival des sucres a laissé place à celui de l’hiver. Mais rassurez-vous les gourmandises étaient bien là.
C’est à la Cité des Rocheuses que Le Festival d’hiver franco Winterfest Calgary a accueilli toutes les communautés francophones de Calgary et ses alentours. Les enfants comme les adultes ont pu profiter de nombreux spectacles tout au long de ces deux jours de fête aux accents francophones du monde entier. Après trois ans d’absence due à la pandémie, l’ACFA régionale de Calgary et tous ses partenaires ont été très heureux de retrouver le public et vous donne rendez-vous l’année prochaine.
Retrouvez plus de photos sur lefranco.ab.ca
C’est sur l’invitation du ministre de la Culture, Jason Luan, qu’une quarantaine de jeunes élèves des écoles francophones d’Airdrie et de Calgary se sont déplacés, ce vendredi 3 mars, pour célébrer la francophonie albertaine devant l’édifice du centre McDougall, le bureau du gouvernement provincial.
De nombreuses personnalités de la francophonie albertaine y étaient présentes, dont Raphaël Oulai, le secrétaire du conseil d’administration de l’ACFA régionale de Calgary, mais aussi Jean-François Roberge, le ministre québécois responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne.
Les élèves des quatre établissements scolaires ont été acclamés par le public venu nombreux lors de leur performance choralistique, alors que le drapeau se hissait dans le ciel de Calgary.
Bravo aux élèves des écoles Sainte-Marguerite-Bourgeoys, Notre-Dame de la Paix, Notre-Dame des Vallées et l’école francophone d’Airdrie.
Pour plus d’image cliquer sur les photos ci-dessous :
C’est en substance ce qu’envoie Océanne Kahanyshyn-Fontaine comme message aux dirigeants de la planète lors de sa présence à la COP26 de Glasgow. À la veille de son dix-huitième anniversaire, elle participe avec six autres jeunes à ce que l’on appelle déjà «le rendez-vous de la dernière chance pour lutter contre les changements climatiques».
La jeune étudiante franco-albertaine a quitté Edmonton dans le cadre du projet #Decarbonize.
Pendant 10 jours, elle effectue avec six autres jeunes de tous les continents un réel marathon médiatique, pédagogique et informatif avec un objectif ultime : la présentation aux grands de ce monde d’un manifeste regroupant «la perspective de la jeunesse».
Océane insiste sur la présence en personne de son groupe à la COP26. «On ne peut pas être quelqu’un d’autre. Il faut que l’on soit nous-mêmes et non de petits adultes.» Car si ce manifeste ne comporte qu’une quinzaine de pages, il a le mérite de présenter clairement les demandes de milliers de jeunes qui y ont collaboré.
«On ne peut pas être quelqu’un d’autre. Il faut que l’on soit nous-mêmes et non de petits adultes.» Océane Kahanyshyn-Fontaine
Loquace et éloquente, Océanne interpelle les grands de ce monde avec virulence. Le message est clair : «vous devez passer à l’action et faire ce que l’on vous demande!»
Selon Terry Godwaldt, le directeur du Centre d’éducation globale et instigateur de ce projet, «c’est aujourd’hui le temps de faire entendre la voix des jeunes!» Ancien professeur, il parcourt depuis un certain nombre d’années ces sommets mondiaux avec son organisme et le soutien de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
«C’est aujourd’hui le temps de faire entendre la voix des jeunes!» Terry Godwaldt
«Pendant longtemps, les jeunes étaient très marginalisés dans ce genre d’évènement. Ce n’est que très récemment que la jeunesse a des choses à dire, qu’on leur donne la parole et qu’ils sont écoutés», affirme-t-il.
«Océanne représente la voix de ceux qui ont une aisance dans la vie, mais qui veut donner aux autres», explique l’initiateur du projet #Decarbonize. Océanne a été choisie, car c’est une jeune personne réfléchie, à l’aura incroyable. Elle a une grande facilité à communiquer ce qu’elle désire.
Océanne est bien consciente que son avenir sera douillet même si elle aussi vit une anxiété climatique remarquable. Elle écarte de la main ceux qui pensent que si l’on est privilégié, on ne doit rien faire. «C’est ma responsabilité! C’est n’est pas correcte d’oublier les autres, ceux qui sont moins nantis», dit-elle solennellement. «Ce n’est pas juste, c’est le jeu de la vie!» Elle nous persuade qu’il est essentiel d’aider les autres et de ne pas les laisser en arrière. Elle enfonce le clou, «on est au point de non-retour, c’est une crise mondiale. Il faut sauver l’humanité!»
«C’est ma responsabilité! C’est n’est pas correcte d’oublier les autres, ceux qui sont moins nantis.» Océane Kahanyshyn-Fontaine
«Sans vouloir offusquer», Océanne dénonce pêle-mêle le manque d’éducation environnementale dans les écoles, la jeune génération beaucoup plus proche des écrans que de l’humain ainsi que la société nombriliste. Elle termine finalement par un constat alarmant qu’elle comprend. «Tant qu’une catastrophe ne nous touche pas directement, il est difficile de réaliser la problématique en amont.» Elle invite donc la jeunesse à croire en leurs forces, à sortir pour rencontrer les autres et finalement lutter pour leurs idéaux.
Alors que la «Journée de l’énergie» a eu lieu le 4 novembre à Glasgow afin de trouver des solutions notamment pour endiguer la consommation d’énergie fossile, Océane fulmine. «Jason Kenney investit 7 milliards de dollars dans le pétrole alors que tout le monde sur la planète sait que les énergies fossiles et notamment celles de l’Alberta sont en fin de vie et hyperpolluantes!»
Déçue et à la fois tristement amusée par ces incohérences, elle espère un changement. Une situation ubuesque lorsque l’on sait qu’aucun membre du gouvernement provincial ne s’est déplacé à la COP26.
Dans le même registre, elle insiste sur l’impossibilité pour la province de mettre en place une réelle politique pour une réduction des émissions de gaz à effets de serre. Elle souligne son incompréhension face aux chiffres de 2019 qui indiquent que les émissions combinées de l’Alberta et de l’Ontario représentaient 60 % (38 % et 22 % respectivement) du total national selon le site du gouvernement du Canada. «En Ontario, je peux me l’expliquer par la grande population, mais pas ici!»
Océanne espère encore rencontrer la première ministre de Nouvelle-Zélande, Jacinda Arden, qui a notamment proclamé «un état d’urgence climatique» juste après sa réélection à la tête de ce pays en 2020. Elle note notamment la mise en avant de sa politique environnementale et de santé pour sa population. «J’aimerais tellement savoir comment ça marche dans sa tête», dit-elle en mimant cette explosion d’idées visionnaires.
Plus proche de nous, Rachel Notley l’inspire énormément. Elle estime qu’à l’époque où elle était première ministre de l’Alberta, «elle a au moins essayé des choses». Elle sait aussi combien ses décisions ont été impopulaires. Néanmoins, la mise en place de la taxe carbone à la pompe et l’augmentation du prix de la tonne d’émission de gaz à effet de serre (GES) pour les grands pollueurs étaient, selon elle, de bonnes initiatives.
Même si les conservateurs sont là depuis des décennies, elle insiste sur le fait que Rachel Notley a eu le courage d’assumer ses idées. «Elle n’a jamais laissé quelqu’un lui dire quoi faire.» Une qualité qu’elle ne tarit pas d’éloges et qu’elle adopte sans faux-semblant. «Ici ou ailleurs, je ne suis pas une marionnette et je ne le serais jamais!» Une belle façon de répondre à tous ces adultes qui ne laissent pas la chance à la jeune génération face au combat du réchauffement climatique.
Concernant le programme #Decarbonize, elle n’a pas le choix de parler en anglais, «c’est la langue de tout le monde aujourd’hui». Une tendance à l’unilinguisme qui semble lui faire un petit pincement au cœur. Néanmoins, elle affirme que dès qu’elle en a l’occasion, «je parle « fièrement » en français!»
Le sommet de la COP26 est bientôt terminé, mais elle ne se décourage pas de pouvoir discuter en français avec des chefs d’État francophones si elle en a l’occasion.
D’ailleurs, s’il y en a un qu’elle voudrait interpeller, c’est bien le premier ministre du Québec. «J’aurais tellement de plaisir à dire à monsieur Legault qu’il ne faut pas qu’il oublie que la communauté francophone existe aussi en dehors du Québec.» Une missive qui trouve peut-être sa source dans l’obligation pour Océanne de rejoindre un cursus universitaire en anglais faute de programme identique en français au Campus Saint-Jean.
Le projet #Decarbonize en quelques chiffres
35 000 jeunes de 12 à 18 ans
Originaires de 35 pays sur 5 continents
Des milliers d’heures d’échanges et de réflexions
Une synthèse élaborée par 120 jeunes en 72h non-stop de visioconférence
Un manifeste de 15 pages
7 jeunes au sommet de la COP26
Un quart de la population mondiale a moins de 18 ans
#Decarbonize, la plus grande délégation de jeunes (7) sur 5000 participants.
Kazir Coulibaly le répète, «amour, inclusion et diversité». Les trois mots qui le font avancer dans la vie et qui lui permettent d’offrir à la population albertaine ce moment exceptionnel. S’il a choisi Mama Afrique comme nom à cette soirée de lancement, c’est d’abord pour nous rappeler que l’Afrique est le berceau de l’humanité.
Malgré un horaire chargé, tous ont pris le temps de s’installer confortablement après un passage obligé vers le buffet. La culture se vit bien mieux les papilles en émoi, semble-t-il. Au menu, des spécialités éthiopiennes, égyptiennes et ivoiriennes. Il y en avait pour tous les goûts.
De l’injera, galette traditionnelle accompagnée d’un ragoût de bœuf, de lentilles, de légumes et d’épices, aux falafels, boulettes de pois chiche relevées, étaient accompagnés, entre autres, de hawawshi, un pita garni de viande hachée et d’un mélange d’épices et d’oignon, et finalement de l’attiéké, semoule de manioc accompagnée de bananes plantains, de poulet et de cette fameuse sauce tomate pimentée… très pimentée.
Les langues se délient, les sourires aussi, et le groupe d’Ibrahima Diallo & MALALA Production lance les festivités. S’ensuit un programme bouillonnant de musique, de danse, interrompu parfois par certains invités, dont Salamane Yameogo bien connu, notamment à Edmonton, pour mettre de l’avant les compétences des entrepreneurs.
Salamane Yameogo est ici pour «célébrer l’Afrique ensemble et la diversité au Canada. Ici, il y a des personnes fabuleuses qui nous ouvrent des portes et c’est l’opportunité d’apprendre des autres». Il reconnaît aussi que la diversité, ce n’est pas seulement une histoire de couleur de peau ou de race. Si le thème de son allocution concerne l’Afrique au-delà de la négativité des médias, il apporte un message d’espoir, mais aussi réaliste, sur son peuple. «Les messages des médias sont tellement profonds que les Africains ne croient plus en eux-mêmes.» Difficile alors de semer la confiance autour de soi.
«C’est plus facile de montrer du doigt l’autre côté. Il faut aujourd’hui que les Africains travaillent pour eux-mêmes et créer un changement de paradigme sur leur propre perception.» Il admet néanmoins que le peuple africain est résilient : un grand nombre d’hommes et de femmes «se tiennent debout». Malheureusement, il évoque aussi ceux qui acceptent leur situation de passivité, invoquant la responsabilité des autres, et qui «oublient qu’ils peuvent être des acteurs du changement».
C’est peut-être pour cela aussi que Kazir Coulibaly tient à déployer toutes ses forces dans le partage des connaissances avec les adultes, mais aussi les jeunes. «J’espère offrir, grâce à des ateliers, des conférences, mais aussi à des moments de partage autour d’un café, la possibilité aux non-Africains, aux Africains, mais aussi aux jeunes, originaires du continent, nés Canadiens, d’en connaître plus sur leur culture, leurs racines et d’en être fiers.» Il insiste sur ces nombreuses futures occasions de débattre, de partager des ressentis, d’apprendre des autres pour mieux se comprendre ensemble.
Pour une première, autant dire que la bonne humeur était sur toutes les lèvres. Tout au long de la soirée, le djembé de Ibrahima Diallo a résonné, accompagnant les nombreuses communautés présentes sur la piste de danse.
Du Congo, de la Guinée, du Burundi, du Cameroun, du Togo, de la Tanzanie, du Burkina Faso, d’Algérie, du Kenya, de Mauritanie, d’Érythrée, de Jamaïque, mais aussi du Québec ou de France, tous ont pu rivaliser d’habileté et d’élégance. Car l’Afrique, c’est aussi des costumes traditionnels, faits d’étoffes colorées, de matière noble comme le coton ou la soie, de chapeaux, d’accessoires et de bijoux.
Alors lorsque l’Égyptienne Radwa entame le shamadan, appelé aussi la danse du chandelier, dans son habit aux mille reflets, la salle exulte. Il est évident qu’en plus d’être harmonieuse, cette danse demande une grande concentration pour préserver sur le haut de la tête un chandelier imposant.
Mais elle n’est pas la seule à avoir fait preuve de dextérité. Sonia Thibault, de son nom de scène, originaire du Québec et vivant en Alberta depuis quelques années, a fait elle aussi forte impression lors de ses démonstrations solos de danses mandingue et ndombolo.
C’est finalement Naxx Bitota, la chanteuse du Congo-Kinshasa installée à Montréal, qui a réuni tout le monde sur la scène pour une rumba et un mutuashi endiablé. Ce dernier est un rythme et une danse de l’ancien royaume de Luba, dont la traduction littérale est «mettez-le à l’épreuve». Autrefois invoquant les esprits maléfiques, il est aujourd’hui un symbole de séduction par ses déhanchements subjectifs. Et autant dire que l’amour n’est jamais loin.
À lire aussi :
• Les entrepreneures noires de Calgary comptent sur BCW in Action!
• Une francophonie marocaine inclusive
Naxx n’en revient pas. «Sincèrement, je ne m’attendais pas à cela! Tant d’Africains et autant de costumes traditionnels, quelle surprise!» Elle insiste d’ailleurs sur l’accueil chaleureux qu’elle a reçu de la part des Africains, mais aussi des Albertains de souche et des Québécois. Elle avoue, avec le sourire, que c’est plutôt le genre de soirée que l’on retrouve à Montréal.
Alors, elle en est convaincue, «ce genre d’évènement va aider à l’inclusion». Elle a senti dans le public un besoin, une envie de découvrir la grandeur de l’Afrique. «On n’a pas les mêmes coutumes, les mêmes langues, les mêmes accoutrements, l’Afrique est très riche!»
Une affirmation que l’entrepreneur Salamane Yameogo ne peut que confirmer. Il indique d’ailleurs qu’ici comme en Afrique, le peuple africain a besoin de cette inclusion. «Nos différences intellectuelles, linguistiques, nos origines géographiques et historiques» forment, comme il le dit, cette «diversité invisible» qui devrait les unir.
Et si l’on ne doit retenir qu’un instant de cette soirée, c’est certainement celui où la jeune ivoirienne Scheckina a pris la parole. Arrivée en Alberta à l’âge de trois ans, elle impose, du haut de ses neuf ans et de sa petite voix timide, un silence religieux à toute l’assemblée lors de la récitation du poème de David Mandessi Diop, Afrique mon Afrique. Un hommage à ce continent si attachant et à son peuple résilient, même dans les pires moments de son histoire.
«Les invités, les conseillers scolaires, les membres du personnel, les élèves et le conseil d’école étaient rassemblés pour partager leur joie et leur anticipation pour la réalisation de ce projet tant attendu […]», peut-on lire dans le communiqué de presse du Conseil scolaire du Nord-Ouest (CSNO).
Cette cérémonie apporte un vent d’espoir pour toute la communauté francophone de la région et particulièrement pour tous les élèves de la prématernelle à la 12e année qui auront dès l’année scolaire 2023-2024 «un environnement scolaire approprié à leurs niveaux pour appuyer leur apprentissage».
Sylvianne Maisonneuve, présidente du CSNO, insiste sur l’importance de la mobilisation. «Depuis le début, la communauté scolaire a su réclamer ses droits à une école et à des programmes et services équivalents à la majorité et cette nouvelle école nous amène beaucoup plus près de ce but […].»
Elle n’oublie pas de féliciter les nombreux acteurs qui ont participé de près ou de loin à cette «belle réalisation». Elle assure que cette école «moderne et visionnaire» sera à la hauteur des besoins de tous les élèves, mais aussi «un espace pour l’épanouissement de tous les membres de la communauté scolaire francophone».
COVID-19, puis les variants Alpha, Bêta, Gamma, Delta et, plus récemment, Omicron. Il y a de quoi devenir un spécialiste de la Grèce antique. Mais pour les professionnels de la petite enfance et les parents qui leur font confiance, la volonté est ailleurs. Entre absentéisme, craintes et mesures sanitaires, la logistique se complexifie et l’anxiété perdure.
Arnaud Barbet
IJL – Réseau.Presse – Le Franco
«Je ne veux pas que mes filles se ramassent à l’hôpital», s’exclame Isabelle Déchène Guay. Un message qui interprète facilement l’angoisse de cette maman de deux petites filles, Daphné et Rosalie. Elle le dit elle-même, son anxiété a été exacerbée par la pandémie.
«Je ne veux pas que mes filles se ramassent à l’hôpital.» Isabelle Déchène Guay
Un état de fait qui résonne chez de nombreux parents, semble acquiescer Valérie Deschênes, directrice adjointe pour la gestion de services de garde à la Fédération des parents francophones de l’Alberta (FPFA). Responsable de la mise en place de programmes éducatifs et d’accompagnement à la gestion des centres de petite enfance (CPE) dans la province, elle assure que tout est mis en œuvre pour diminuer les risques de propagation de la maladie.
«C’est beaucoup de gestion, mais depuis deux ans, nous n’avons jamais réduit nos protocoles, même l’été dernier!» Car même si la population albertaine a pu respirer pendant la période estivale selon les directives du gouvernement provincial, Valérie Deschênes assure que conserver le port du masque à cette période a été salutaire.
«On a toujours gardé des protocoles très stricts possibles, cela a évité la frustration de nos employés et de notre clientèle. Car quand on décide d’enlever le masque, c’est facile et bien agréable, mais quand quelques semaines plus tard, il faut le remettre, ce n’est pas la même chose.»
Et ce n’est pas Isabelle Déchène Guay qui va contredire la directrice adjointe de la FPFA.
Très critique, elle a bien l’impression que les autorités vivent à «Lalaland», en référence à cette comédie musicale très légère, «car franchement pour avoir cru que c’était fini!»
«On suit les protocoles de la province, mais ces protocoles évoluent très souvent. On se tient au courant, on les change, on prévient les parents au fur à mesure. C’est beaucoup de logistique», enchérit Valérie Deschênes.
Cela ne l’empêche pas de voir des parents fâchés ou frustrés à l’entrée des garderies. Compréhensive pour la gestion que cela demande à tous, elle l’assure, «on essaie d’être diplomates et on fait notre possible pour que les parents récalcitrants comprennent qu’on ne créait pas les règles gouvernementales!»
Malgré sa bonne humeur, Mme Déchène Guay ne cache pas ses incompréhensions. «Ce qui est tannant surtout avec Daphné, 4 ans, c’est qu’on ne peut pas la faire vacciner, alors on fait encore plus attention à la garderie.»
Cela n’empêche pas certains parents d’envoyer leurs enfants avec «le nez qui coule» ou d’autres prémices symptomatiques à la garderie. «Si ton enfant devient un cas contact, c’est toute la famille qui est hypothéquée!» Fini la prématernelle ou les activités extrascolaires, bonjour le confinement pour tous.
Ce cri du cœur est très vite rattrapé par la raison, «je ne blâme pas les parents, je suis sûre qu’un grand nombre n’ont malheureusement pas le choix que d’aller travailler à l’extérieur». Sa profession lui permet de gérer les aléas de ses filles à domicile, mais «ce n’est pas facile tous les jours!»
«Daphné est dans sa bulle de petite fille, mais se rend bien compte qu’elle ne va plus à la prématernelle, car les enfants y sont trop nombreux.» Rosalie, l’aînée de 7 ans, semble plus affectée et sensible aux ressentis de sa maman. «La semaine passée, j’étais très nerveuse qu’elle retourne à l’école, elle l’a senti et s’est mise à pleurer.»
Depuis la rentrée de janvier, la directrice adjointe de la FPFA semble percevoir une baisse de la propagation du virus. Elle espère timidement que cela a un lien avec la hausse des vaccinations. Par contre, «on a eu des cas dans la majorité de nos centres et la plus grosse difficulté, c’est le remplacement des effectifs».
«On a eu des cas dans la majorité de nos centres et la plus grosse difficulté, c’est le remplacement des effectifs.». Valérie Deschênes
«De nombreuses personnes bénéficient des aides gouvernementales et n’ont pas forcément envie de se mettre à risque. D’autres ont peur de remplacer des gens malades et d’autres sont certainement déjà malades», énumèrent-elles sans jugement.
Alors lorsque dans un même centre, «vous avez 5 à 6 personnes malades la même journée, cela devient très compliqué». Elle ajoute que les CPE de régions sont les plus mal lotis. «À Edmonton ou Calgary, on a des gens à peu près disponibles; mais à Brooks, on a juste 1 employé; à Canmore, ils ne sont que 4 et les remplaçants sur appels ne sont pas forcément disponibles.»
À lire aussi :
Si l’Association des éducateurs de la petite enfance de l’Alberta constate une baisse d’environ 20% de ses éducatrices à la petite enfance agréées au cours de la première année de la pandémie (mars 2020 à mars 2021), Valérie Deschênes lance l’alerte. «Les réglementations n’ont pas changé pour embaucher des professionnels de la petite enfance et nous devons trouver des francophones». Une double peine qui risque d’être préjudiciable à la rentrée de septembre.
En effet, «avec la mise en place des garderies à 10$, on risque d’avoir un afflux de nouveaux enfants». Des enfants qui, selon la directrice adjointe, vont avoir besoin de plus d’attention et d’écoute. «Les enfants de la COVID-19 ont moins socialisé dans leurs premiers mois. Ils n’ont pu aller au parc, jouer avec d’autres enfants. Les bébés ont eu leurs parents sans cesse, ils auront sûrement des besoins différents, peut-être des signes d’anxiété…»
Optimiste et positive, Valérie Deschênes rend hommage à la profession, «les éducatrices sont toujours au front. Elles viennent le matin parfois avec la peur, mais la passion prend toujours le dessus». Elle espère très vite offrir une vie normale à tous ces jeunes et ses équipes. Quant à la maman de Rosalie et Daphné, elle est bien consciente qu’il va falloir apprendre à vivre avec le virus, «je dois lâcher prise!».
«Les éducatrices sont toujours au front. Elles viennent le matin parfois avec la peur, mais la passion prend toujours le dessus.» Valérie Deschênes
Nicolas Baudouin a pris ses fonctions de consul général de France à Vancouver le 1er septembre 2021. Depuis, il part à la découverte de sa circonscription, un territoire qui comprend la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest. À Calgary pour deux jours au début décembre, il nous fait part de ses premières impressions.
Alors que le territoire dont il a la charge fait sept fois et demie celui de la France, ce qui frappe le diplomate,
«c’est la diversité et la variété de cette circonscription».
Du nord au sud, de l’est à l’ouest, ses équipes consulaires sont disponibles pour les 10 200 personnes inscrites au registre des Français établis hors de France.
Il invite d’ailleurs les nouveaux arrivants à effectuer cette formalité qui facilite ensuite les démarches administratives, surtout à la veille des élections présidentielles et législatives. Car si le chiffre qu’il annonce est officiel, il estime «au doigt mouillé» qu’ils sont le double à vivre dans sa circonscription et qu’il est témoin d’une hausse significative depuis les cinq dernières années.
Nicolas Baudouin a grandi en banlieue parisienne. Sensible à la diversité culturelle, notamment la culture asiatique, il entreprend l’apprentissage du mandarin dès l’adolescence. Par la suite, il effectue des études supérieures à l’Institut d’études politiques de Lille et obtient une maîtrise en économie internationale à l’Université Gustave Eiffel (Paris) ainsi qu’une licence en mandarin à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Paris).
Après ses études, il quitte la France et vit sa première expérience dans le réseau diplomatique et consulaire français en tant que volontaire international au sein du service de coopération et d’action culturelle de Hanoï (Vietnam) de 2001 à 2002. De retour à Paris, c’est au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et à la Direction générale de la coopération internationale et du développement qu’il continue sa carrière.
Après un détour à Taipei (Taiwan, 2009-2012) au sein du service européen d’action extérieur mis en place par le Bureau économique et commercial européen, il rejoint le service diplomatique et consulaire français à l’ambassade de France à Phnom Penh (Cambodge) comme premier secrétaire et porte-parole jusqu’en 2016.
Finalement, il intègre la direction des Nations unies et des organisations internationales comme rédacteur puis chef du pôle des affaires économiques et des enjeux globaux. Il devient ensuite chargé de mission (2017-2021) auprès du secrétaire général du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, François Delattre.
«En tant qu’ancien ambassadeur de France au Canada, il m’a, par son amour pour ce pays, donné le goût d’y venir.»
La suite, «c’est le hasard des postes qui se libère chaque année» et la volonté de diversifier ses expériences après un parcours «étoffé en Asie». Il avoue, à demi-mot, qu’il va pouvoir jouer sa carte asiatique dans cet Ouest canadien, plus particulièrement à Vancouver qui est «très marquée par la diaspora chinoise».
Très heureux de prendre le pouls de la ville et de connaître la vitalité du fait français, il a pu rencontrer à la mairesse Jyoti Gondek et lui présenter «le dynamisme du Lycée français, l’Alliance française en croissance, le partenariat avec l’incubateur Platform Calgary et le National Music Centre et le dynamisme de la cinquantaine de filiales françaises installées en Alberta». Une belle manière de profiter de cette étape protocolaire pour rappeler le «cœur de son mandat».
«Nous sommes là pour mettre à disposition de nos compatriotes des services consulaires efficaces», assure-t-il. Mais il ne faut pas oublier les autres objectifs de son mandat : la promotion des relations économiques, commerciales et touristiques entre la France et le Canada, la promotion et le développement de partenariats de coopération dans les domaines de la recherche, de l’enseignement supérieur, de l’innovation et de la culture et, bien évidemment, la connaissance et l’amour du français, dans toutes les provinces et territoires de sa circonscription.
À lire aussi :
Il s’est aussi entretenu avec Brad Perry, le président de la Chambre de développement économique de Calgary, avec l’équipe de l’Alliance française, le proviseur et les élèves du lycée Pasteur ainsi que d’autres acteurs de la communauté française de Calgary. Il en profite aussi pour remercier Roy Klassen, le consul honoraire de France à Calgary, et son rôle essentiel pour la communauté. «C’est un grand facilitateur pour de nombreuses démarches.»
Il ne s’engage toutefois pas sur une présence diplomatique plus importante en Alberta, mais évoque les tournées consulaires qui ont pu reprendre dès que cela a été possible.
«C’est un bonheur pour nos agents lorsqu’ils peuvent entre deux vagues pandémiques retrouver leur public.»
Elles représentent à ses yeux l’essentiel du métier, «un travail de terrain proche de nos compatriotes».
Lorsqu’est évoquée la transition énergétique et industrielle albertaine, le consul général souligne les efforts des industries fossile et agricole pour innover. Il émet l’idée de voir des entreprises françaises rejoindre le marché albertain, notamment dans la production d’hydrogène.
Dans cette même logique, il espère réunir des acteurs économiques français déjà bien implantés dans l’est du pays pour les inciter à regarder vers l’ouest, notamment dans les domaines de la transition énergétique, de l’innovation et de la transition numérique.
Et même si Décathlon ne fait pas partie de ces secteurs d’activité, il en souligne son développement à Calgary après avoir conquis les provinces de l’Est. C’est «un bel exemple qui permet d’offrir aux Canadiens, mais aussi aux Français qui connaissent bien la marque, des articles de sport et de plein air de qualité à prix raisonnable».
Car M. Baudouin est aussi conscient de l’augmentation du coût de la vie dans sa circonscription. Il préfère néanmoins relativiser, signalant la souveraineté canadienne en matière de politique économique même si «l’inflation due à la crise et aux problèmes d’approvisionnement est un problème global».
Empathique, il évoque les aides COVID qui ont permis à «nos compatriotes, notamment dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, de souffler un peu». Il rappelle aussi le dispositif de bourses scolaires, sous conditions de ressources, pour les étudiants français scolarisés dans les établissements affiliés à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (ex. : le lycée Pasteur de Calgary).
Humblement, il avoue «ne pas avoir encore eu connaissance de la complexité de la situation francophone en milieu minoritaire». Interrogé sur la problématique du Campus Saint-Jean, il en comprend les défis et les implications, notamment pour des élèves issus du lycée Pasteur qui désireraient faire leurs études postsecondaires en français.
À lire aussi :
«Cela fait partie des messages et des sujets que l’on aborde : l’éducation, la promotion et le soutien du système francophone», dit-il en prévision de sa visite à Edmonton dans les prochains mois. Il continuera à porter la francophonie, notamment grâce aux alliances françaises et à leur mandat culturel et linguistique, et à assurer une grande présence lors du Mois de la francophonie.
Concernant les problématiques plus spécifiques des Français installés en Alberta, il n’a pas «d’idées très claires sur le sujet, faute de retour». Il suppose que «c’est bon signe» et mise sur le milieu associatif déjà très présent tout en espérant pour lui et son équipe de belles interactions avec ses compatriotes.
Originaire du Québec, où elle a été diplômée à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), Marie-Hélène Rathé a depuis parcouru le pays et déposé une nouvelle fois ses valises, avec sa famille, en Alberta. Nouvelle gestionnaire du développement touristique au Centre de développement économique de l’Alberta (CDÉA) depuis l’automne, elle nous partage quelques tranches de vie.
Passionnée de «bouffe», Marie-Hélène Rathé a d’abord évolué en cuisine pour devenir maître d’hôtel et première cuisinière au Québec. «Ça remonte à loin», sourit-elle. Ensuite, elle a travaillé pour différents groupes hôteliers, occupant divers postes avec toujours la même constante : bien servir le client.
À Winnipeg, elle s’est essayée à l’évènementiel en tant que gestionnaire pour Canada Life. «Nous partions à Paris, en Espagne. Que du fun!» Directrice des opérations chez Windigo Aventure, puis directrice à la clientèle lors de l’ouverture de l’hôtel Solara à Canmore, Marie-Hélène n’a vraiment pas les deux pieds dans le même sabot.
Plus récemment, elle a aussi travaillé pour la Cochrane Tourism Association afin d’y développer des relations avec des entrepreneurs, mais aussi des agriculteurs qui proposent des produits touristiques locaux.
«Nous, la fin de semaine, ce n’est pas qu’est-ce qu’on fait, mais qu’est-ce qu’on mange?»
Avec son mari, Éric Beaupré, chef exécutif au Marriott Airport et au Delta Airport, ils se concoctent régulièrement des escapades gustatives. En famille, ils n’ont pas peur de faire de 90 à 120 minutes de route pour «rencontrer un agriculteur local et ses produits d’exception, manger dans un restaurant spécifique ou aller dans une épicerie italienne».
«Au Québec, avec les enfants lorsqu’ils étaient plus jeunes, on se faisait des journées gourmandes», se remémore-t-elle. Chaque membre de la famille choisissait un lieu où il voulait dîner et «du brunch au souper» : c’était passion et dégustation. Aujourd’hui encore, malgré la COVID-19, ils essaient de profiter des festivals gourmands de la région et de leurs mets.
Au travail, comme dans sa vie personnelle, Marie-Hélène aime aller à la rencontre de ceux qui font le patrimoine d’une région. «À Cochrane, j’étais proche des gens.» Une condition essentielle pour développer des produits touristiques intéressants, loin des grands centres urbains ou touristiques.
Sur la route des Rocheuses, elle souligne la difficulté de faire connaître Cochrane malgré la multitude de produits touristiques proposés. «Il faut aimer rencontrer les petits entrepreneurs, les accompagner, les aider dans leurs démarches.» Un rôle qui lui tient aussi à cœur aujourd’hui en tant que gestionnaire du développement touristique au CDÉA.
À lire aussi :
Mais les Rocheuses, c’est aussi son terrain de jeu. «Avec mes amies de filles qui me sont très chères, on fait beaucoup de randonnée, de canot-camping dans l’arrière-pays en été et du ski de fond en hiver». Enthousiaste, elle évoque facilement l’importance des relations humaines, et ce, peu importe l’environnement.
«Nos aventures se résument souvent à se coucher sous la tente dans la misère!» Elle se caractérise, avec un humour contagieux, comme les fameuses barres de céréales à deux faces. Un «Mini-Wheats avec son côté sucré et santé», une manière très imagée de caractériser son bonheur, les pieds dans la boue ou à la table d’un chef étoilé.
Marie-Hélène a beaucoup de respect pour sa prédécesseure au CDÉA, Julie Fafard. «Je suis arrivée très humblement à ce poste pour continuer le travail qui avait été mis en place par Julie.»
Elle qui connait bien les accomplissements de Julie souligne les longs moments passés avec elle au téléphone. «On planifiait une heure et au bout de trois, c’était un remue-méninges improvisé», raconte-t-elle, amusée.
Lorsqu’on évoque ses prochains mandats, c’est avec un rire contagieux qu’elle espère «en garder un petit peu caché». Néanmoins, elle assure que le guide touristique renaîtra cette année après deux ans d’absence en raison de la pandémie.
«Je travaille à temps plein sur le guide. On va l’imprimer à plus petite échelle et il sera offert au format digital et non plus PDF». Une différence qui permettra aux lecteurs d’aller cliquer directement sur les liens des entreprises proposées et de visiter leur site web instantanément.
Elle souligne aussi l’aspect saisonnier et interactif du prochain guide. «On va pouvoir offrir, chaque saison, de nouveaux reportages, de nouvelles histoires.» Il restera donc un outil très intéressant pour la clientèle, mais aussi un enjeu promotionnel de l’Alberta dans les salons professionnels.
À lire aussi :
Dans la continuité du succès des routes touristiques bilingues du nord de l’Alberta, Marie-Hélène espère développer le même concept sur tout le territoire et rejoindre dans sa globalité un millier d’entreprises touristiques, tout en continuant la création d’écomusées.
Elle souligne d’ailleurs la nécessité de voir l’Alberta «autrement». Lorsqu’elle suit et interpelle un blogueur sur les réseaux sociaux, ce n’est pas Jasper ou Lake Louise qu’elle veut voir, mais plutôt «les joyaux cachés au fin fond de l’Alberta».
En complémentarité à tous ces projets, elle indique que le site web de Tourisme Alberta fera peau neuve. «Il fallait lui donner une pleine identité.» Une démarche qui débutera par le changement du logo, bien trop proche de celui du gouvernement de l’Alberta.
Pouvoir travailler en français en Alberta et en tourisme est une occasion qu’elle a déjà vécue, mais aujourd’hui celle-ci a un goût différent. Elle est persuadée que depuis l’apparition de la COVID-19, le marché franco-canadien est devenu énorme.
«Depuis deux ans, ils sont là, ils ont été présents, ils ont aidé à la relance. On se doit de leur offrir des services en français!» Un pas d’ailleurs déjà effectué par Tourism Calgary qui a publié, cette année, un guide en français.
À lire aussi :
Une démarche qu’elle espère voir se développer dans toute la province. Elle est elle-même en contact avec de nombreuses entités pour faire connaître le travail du CDÉA dans le secteur touristique afin de lui offrir une nouvelle visibilité et de nouveaux partenariats. «Les professionnels du tourisme sont passionnés. Il est donc facile de les aborder et les voir partager leurs belles ambitions et leurs produits», relate-t-elle.
Elle espère une ouverture au bilinguisme pour les entreprises anglophones afin de multiplier les expériences. «Celles-ci croient en la valeur ajoutée de la francophonie, des francophones et du bilinguisme pour le développement touristique en région.» Elle souligne aussi leur objectif commun : le développement touristique pour les entrepreneurs albertains dans nos régions.
Perplexe face à la cinquième vague de COVID-19, elle évoque avec empathie les inondations en Colombie-Britannique qui joueront sûrement un rôle dans la hausse d’achalandage des stations de ski en Alberta. «Whistler et Golden ne seront pas forcément accessibles cet hiver.»
Une situation qui résume tristement le vieil adage «le malheur des uns fait le bonheur des autres». Elle est persuadée qu’avec les chutes de neige annoncées, la saison sera très bonne en ski, mais aussi pour toutes les activités hivernales.
Finalement, Marie-Hélène encourage la population à visiter localement «une fois par semaine, une nouvelle ville, une nouvelle communauté pour s’imprégner de ce que l’Alberta a à offrir en tourisme».
Elle en profite pour promouvoir son petit paradis, Bragg Creek. «J’aime cet endroit pour le vélo de montagne et le ski de fond, mais aussi pour l’architecture western et les petits restaurants sans prétention. J’adore!»