Le choix de Gabrielle Audet-Michaud, journaliste
Plus d’un an s’est écoulé depuis que la Cour suprême des États-Unis a invalidé l’arrêt Roe contre Wade, qui garantissait le droit à l’avortement dans le pays. Une décision qui continue de diviser nos voisins du Sud et d’alimenter les discussions ici même, en Alberta. Malheureusement, ces débats d’idées ont parfois tendance à négliger l’aspect humain qui se cache derrière… Ce papier signé par Chloé Liberge nous transporte dans l’intimité d’une jeune femme qui a eu recours à l’IVG. À travers ce témoignage empreint d’empathie, la journaliste nous rappelle que derrière chaque avortement se trouve, plus souvent qu’autrement, une femme qui souffre en silence. Une lecture à la fois informative et touchante.
(Article paru le 1er septembre 2022)
Lorsque Frances apprend qu’elle est enceinte pour la première fois, elle ne s’y attend pas. Après avoir fait un test de grossesse, elle se rend chez un médecin pour effectuer une échographie. Complètement perdue, l’Albertaine se remémore la réaction de celui-ci lorsqu’elle lui fait part de son envie d’avorter. «Il ne m’a pas dit qui appeler et où aller, il a juste supposé que je mènerais la grossesse à terme».
Dans la province albertaine, seulement trois cliniques offrent le service d’interruption volontaire de grossesse (IVG) : une à Edmonton et deux autres à Calgary. Lorsqu’elle appelle l’une d’elles, Frances doit créer un code afin de préserver la confidentialité de son dossier, mais aussi son anonymat, et pour faciliter les relations avec les professionnels de santé. D’ailleurs, même l’adresse de la clinique n’est communiquée qu’une fois la date du rendez-vous confirmée.
Un processus qui en dit long sur les moyens mis en œuvre pour offrir à ces femmes en difficulté un maximum d’intimité. «Vous savez, les avortements sont très stigmatisés, alors les cliniques veulent s’assurer que tout reste privé», signale-t-elle. C’est aussi à cause de cette stigmatisation que Frances garde l’anonymat lors de son entrevue avec la rédaction. Cette dernière a essayé de rejoindre ces cliniques pour obtenir des éclaircissements sur le processus médical, toutes ont refusé de commenter.
La Coalition pour le droit à l’avortement au Canada est un organisme national féministe qui milite pour assurer le droit et l’accès à l’avortement pour tous. Pour en savoir plus sur les procédures ou pour connaître les cliniques près de chez vous : arcc-cdac.ca
Après deux semaines d’attente, l’étudiante se rend finalement à la clinique accompagnée de son petit ami qui souhaite la soutenir dans cette épreuve. Dès son arrivée, on lui remet un questionnaire médical à remplir, puis elle rencontre une travailleuse sociale. Cette dernière vérifie si Frances est contrainte ou si elle a choisi l’IVG de son plein gré. Elle en profite pour lui donner de l’information sur les méthodes contraceptives et lui explique les différentes options pour l’intervention.
La première méthode est l’interruption volontaire de grossesse médicale. Un processus faisant appel à deux médicaments : l’un qui interrompt la grossesse, l’autre qui déclenche l’expulsion du contenu de l’utérus. Bien qu’elle avait fait ce choix, la jeune femme change finalement d’avis pour une IVG instrumentale, aussi appelée chirurgicale.
Elle révèle, «quand elle m’a décrit ce qui se passerait, c’est-à-dire que vous devez vous asseoir sur les toilettes, qu’il y aurait beaucoup de sang et qu’il pourrait y avoir des morceaux de fœtus qui sortiraient, j’ai eu très peur. J’ai demandé à ce qu’on fasse la chirurgie».
Frances passe alors une échographie pelvienne. Une sonde est introduite dans le vagin afin de déterminer le nombre de semaines de grossesse. Puis, on lui administre un traitement antidouleur et on lui propose un médicament contre l’anxiété, un test de dépistage pour les infections sexuellement transmissibles (IST).
Dans la salle d’opération, les drogues commencent à faire effet. «Elles me donnaient l’impression d’être étourdie, comme endormie, mais tu n’es pas officiellement mis sous anesthésie.» La procédure peut alors commencer. Le médecin insère un spéculum dans le vagin afin de mieux voir le col de l’utérus. Il le nettoie puis le «gèle», un autre terme pour décrire une anesthésie locale. Ensuite, le praticien dilate graduellement le col afin d’introduire un petit tube qui aspire ce qui se trouve dans l’utérus. Il vérifie que ce dernier est vide en faisant une dernière aspiration.
Cette opération qui dure pourtant une dizaine de minutes peut sembler une éternité. Allongée sur la table, Frances regarde le plafond. «Ils peignent les dalles du plafond au-dessus de vous pour que vous ayez quelque chose à regarder. En général, ce sont des fées, des fleurs ou le ciel», se remémore-t-elle.
Après l’opération, la jeune patiente doit rester assise dans une salle de repos pendant environ 30 minutes. L’infirmière prend sa température et sa fréquence cardiaque. Il faut qu’elle aille aux toilettes afin de vérifier que les saignements sont légers, sans hémorragie.
Une fois que sa santé est considérée hors de danger, la patiente peut sortir accompagnée. Car, comme pour chaque opération où l’on subit une anesthésie et on ingère des antidouleurs, la conduite est interdite. Frances est aussi invitée à partager son expérience afin de faciliter, peut-être, le deuil. Frances aurait aussi pu demander les restes de l’embryon et effectuer une cérémonie, un adieu avant de les enterrer, mais elle n’a pas voulu s’engager dans ces démarches. «Je pensais ne pas en avoir besoin, j’avais l’impression que personne n’était censé savoir», révèle-t-elle.
Cependant, pour l’étudiante, l’expérience ne s’est pas arrêtée là. Comme la travailleuse sociale le lui avait recommandé, elle décide de se faire poser un dispositif intra-utérin (DIU). En forme de T, ce petit stérilet en plastique est inséré dans l’utérus afin d’agir comme contraceptif. Il a donc été placé juste à la fin de l’intervention, ce qui est une pratique courante à la suite d’une IVG.
Toutefois, pour Frances, le processus de guérison a été très douloureux et long. Pendant plusieurs mois, elle a souffert de douleurs pelviennes. Ces crampes au niveau des ovaires l’empêchent de marcher et de se rendre à l’université. Elle se désole, «comment dire à ses professeurs et à son travail que l’on est malade parce qu’on a avorté? Tu ne peux pas, alors soit tu endures, soit tu inventes quelque chose».
L’étudiante se répète alors qu’il s’agit seulement de simples douleurs menstruelles et souffre pendant de nombreuses semaines, en silence. Au bout de quatre mois, Frances est totalement guérie. Pourtant, elle se rend rapidement compte que le stérilet n’a pas joué son rôle de contraceptif, car elle tombe à nouveau enceinte.
Au total, 74 155 avortements se sont déroulés au Canada en 2020. Le Québec et l’Ontario font partie des provinces où il y a eu le plus grand nombre d’interruptions de grossesse, soit environ 21 000 chacune. L’Alberta et la Colombie-Britannique les suivent. Des chiffres qui peuvent s’expliquer en raison de la grande population de ces provinces.
Cette seconde fois, la jeune femme connaît le processus et décide de prendre directement rendez-vous à la clinique de Calgary. Tout se déroule de la même façon et le docteur lui retire également son DIU pour lui en poser un nouveau. «J’étais moins paniquée, j’avais moins peur, mais je me sentais juste très honteuse, car mon partenaire et moi, on a tout fait correctement, on a pris les bons contraceptifs», confesse-t-elle.
Frances a apprécié le soutien qu’elle a reçu au cours de ces deux interventions. Que ce soit de la part de son compagnon, mais aussi du personnel soignant, elle ne s’attendait pas à cette gentillesse. Elle reconnaît, «on a tous nos idées sur la façon dont l’avortement est supposé se dérouler, mais dans l’ensemble, les gens étaient extrêmement gentils».
Cette gentillesse est accompagnée d’une solidarité qu’elle a également remarquée dans l’établissement de santé. L’étudiante avoue avoir aussi été interloquée par la diversité des patients. «Il y avait des adolescentes, des quadragénaires, des gens de toutes les ethnies, certains portaient même des vêtements religieux, je ne sais pas pourquoi cela m’a surprise», affirme-t-elle.
Par contre, dans la salle d’attente dédiée à la chirurgie, les patientes se retrouvent seules, sans leurs proches. Certaines langues se délient, partagent leurs histoires. D’autres sont silencieuses. Frances se souvient, «la première fois que j’y suis allée, j’étais vraiment heureuse que quelqu’un me parle pour me distraire et me faire sentir moins seule». Elle conclut, «je pense qu’il y a comme une connexion que tout le monde ressent parce que nous sommes tous ici dans la même position».
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Vous pouvez appeler au 1 800 567-9699 7 jours sur 7, 24 h sur 24. Cette ligne d’écoute empathique de est une collaboration entre TAO Tel-Aide et le Réseau santé Alberta appuyée financièrement par Santé Canada par l’entremise de la Société Santé en français.
C’est à Noël qu’elle a eu le plaisir de recevoir un kit pour apprendre à faire des bijoux en perles. Autodidacte, elle crée ses premiers porte-clés avec minutie et enthousiasme. Elle enfile ces petites sphères colorées jusqu’à devenir une experte, alors elle imagine de nouvelles pièces comme des bracelets ou encore des sacs à main.
Consciente du plaisir qu’elle en retire, sa mère lui donne alors l’idée de les vendre. Très rapidement, tout se concrétise et elle crée Hany’s Beads. Elle exporte ses bijoux et accessoires en Alberta, au Québec, où la famille a vécu pendant de nombreuses années, et aux États-Unis. «Pour l’encourager, je lui ai dit que pour chaque bijou qu’elle vendra, je doublerai le prix», s’amuse Alassane Ouedraogo, son papa.
Un jour, la jeune élève originaire de la Côte d’Ivoire décide d’en apporter dans sa classe. Elle attire alors l’attention de son enseignant. «Elle les a apportés à l’école et l’un des instituteurs a estimé que cela pouvait aider les enfants ayant un TDAH à se concentrer», explique fièrement son père. Bien qu’elle ne soit pas atteinte de ce trouble, Haniya a tout de suite accepté de partager cet art avec ses camarades.
Malgré son appellation, le TDAH n’est pas, pour Connie Leclair, un problème d’attention, mais plutôt de concentration. La psychologue se justifie, «c’est être capable de choisir la chose sur laquelle on va mettre notre focalisation».
Cette Québécoise installée en Alberta depuis de nombreuses années veut aussi briser le cliché du «jeune garçon hyperactif qui n’aime pas l’école et qui a de mauvaises notes». Oui, il y a des jeunes comme ça, mais l’hyperactivité n’est pas la seule forme du TDAH.
L’inattention est moins connue, mais c’est aussi un symptôme du TDAH. Tandis que l’enfant hyperactif ne réussira pas à tenir en place et cherchera constamment à bouger, le distrait aura tendance à être constamment dans la lune et à l’écart des autres, décrypte-t-elle.
C’est donc pour éviter ces difficultés à ses camarades que Haniya a animé des ateliers de création de bijoux à son école primaire Grant MacEwan située à Calgary. Pendant une heure, elle rassemblait huit autres élèves de 2e et 3e années pour leur apprendre la technique de perlage. «Cela les aidait à se calmer et à se concentrer», fait savoir la jeune fille.
Parfois, il n’est pas simple de repérer les jeunes inattentifs qui sont plus discrets que les hyperactifs. «À l’école, ils sont souvent assez intelligents pour ne pas avoir de problème académique alors il n’y a personne qui remarque», se désole la psychologue. Ils passent alors à travers les mailles et ne profitent pas de ce genre d’atelier.
Un manque de diagnostic qui peut se faire ressentir même à l’âge adulte.
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C’est à 45 ans que Connie Leclair a appris qu’elle allait devoir, elle aussi, vivre avec son TDAH. «J’ai fait toutes mes études sans que cela paraisse, mais j’ai aussi un quotient intellectuel d’à peu près 145, alors j’étais capable de compenser», relativise-t-elle. Ce quotient intellectuel supérieur à la moyenne, qui se situe entre 90 et 110, facilite ce genre de situation.
Et elle n’est pas la seule. Alors que beaucoup pensent qu’il s’agit d’un trouble touchant seulement la population plus jeune, la psychologue rappelle que ce n’est pas le cas. «En santé mentale, il y a des gens qui vont dire que lorsque l’on devient adulte, l’hyperactivité va baisser» et ainsi le TDAH ne sera plus évident. Elle poursuit, «mais ce n’est pas vrai, c’est juste qu’ils ont absorbé les mœurs sociales».
Ainsi, ce trouble peut se manifester de manières différentes, notamment au niveau de la mémoire, «des difficultés au niveau de la capacité de garder l’information dans le cerveau assez longtemps» pour savoir l’analyser et l’utiliser. Il s’agit de la mémoire de travail. Par exemple, si vous devez aller chercher un objet dans la cuisine, mais que sur votre chemin, vous vous arrêtez pour éteindre la télé ou sortir les poubelles, vous risquez d’oublier complètement la raison pour laquelle vous vous dirigiez vers la cuisine et donc ledit objet. Cette mémoire à court terme permet à la fois un maintien temporaire, mais aussi la manipulation de l’information maintenue.
D’autres difficultés peuvent survenir dans la vie des personnes atteintes de TDAH. L’une de celles-ci est la relation avec le temps et/ou les émotions. «C’est difficile pour nous de juger combien de temps cela prend pour faire les choses et on est aussi très sensible aux interactions sociales», confie Connie Leclair.
Pourtant, vivre avec un TDAH n’a pas que de mauvais côtés. La psychologue souhaite souligner les atouts des personnes diagnostiquées. «Ils connectent des bouts d’informations ensemble que d’autres ne connectent pas.»
Un autre atout, c’est leur aptitude à la créativité. Bien souvent, elles ont une âme artistique.
Voilà pourquoi les enfants de l’école primaire Grant MacEwan adorent les activités de perlage proposées par Haniya. La jeune fille garde un bon souvenir de l’activité où elle les a aidés à confectionner des bijoux et des porte-clés pour la fête des Pères et des Mères. «Ils étaient très contents.» Elle suppose, avec envie, qu’elle pourra recommencer cette année.
La diversité désigne avant tout ce qui est varié et différent. Cependant, depuis quelques années maintenant, ce mot est utilisé pour accentuer les dissemblances entre chaque individu. L’âge, le genre, les origines culturelles, la religion, ou encore l’orientation sexuelle, toutes ces disparités sont amenées à se retrouver au sein d’un même environnement professionnel.
C’est le cas au Portail de l’Immigrant Association (PIA) où plusieurs groupes ethniques et culturels travaillent ensemble. Depuis 2008, cet organisme francophone contribue aussi à faciliter l’intégration des nouveaux arrivants francophones dans le sud de l’Alberta.
Avec une dizaine d’employés d’origines variées, du continent africain ou bien d’Europe, il est alors nécessaire au PIA de reconnaître ces multiples identités culturelles qui composent la communauté franco-albertaine. «On en est très fiers, on prône la diversité interculturelle et cela commence à l’interne», stipule Zinha Muabi, chargée des opérations.
Cet accroissement de la diversification dans le monde du travail remonte à plusieurs années. Pour Sid Ahmed Soussi, professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), tout a commencé dans les années 1990 lorsque la mondialisation s’est mise en place.
Cette période a vu de nombreuses entreprises nord-américaines ou européennes délocaliser leurs activités vers des pays émergents, tels que la Chine ou le Vietnam, afin d’employer une main-d’œuvre moins onéreuse.
Le sociologue relate, «les entreprises se sont aperçues qu’avec cette mutation de la diversité culturelle, elles se sont beaucoup enrichies». Que ce soit du côté de la production, avec une augmentation de la qualité et de l’efficacité, mais aussi du côté humain où la créativité au travail s’est accrue. Une progression qu’on observe encore de nos jours.
Cet Algérien installé à Montréal depuis de nombreuses années évoque l’évidence. «C’est quelque chose qui va de soi : une entreprise aujourd’hui qui n’a pas un tissu humain culturellement diversifié est une entreprise qui n’est pas dans le coup, qui se recroqueville sur elle-même.»
En Alberta, le PIA mise également sur cette multiculturalité au sein de son équipe. Zinha Muabi en témoigne, «cela amène à une ouverture d’esprit et à une ouverture au monde, car on a tous des préjugés, qu’on le veuille ou non».
Cette Canadienne d’origine congolaise a vécu une grande partie de sa vie à Montréal. Depuis 14 ans, elle habite l’Alberta où elle a travaillé avec de nombreux organismes francophones. Cependant, Zinha Muabi n’oublie pas ses origines et souhaite que chacun «apporte sa culture ici sans forcément perdre son identité».
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Pourtant, bénéficier d’une équipe composée de diverses nationalités peut amener certaines difficultés. Selon Sid Ahmed Soussi, la plus grande est celle de la gestion du conflit dont les méthodes varient selon les continents.
Pour résoudre un désaccord, le gestionnaire nord-américain s’adressera directement aux personnes concernées tandis qu’en Asie, la gestion du conflit sera moins directe et passera éventuellement par un médiateur. «Le fait qu’il y ait une diversification culturelle dans le milieu du travail entraîne forcément une modification de la gestion de ces rapports», signale le professeur.
C’est pourquoi, au PIA, lorsqu’un différend survient, on préfère miser sur l’échange. «Il faut continuer à communiquer pour être sûr que le message qu’on voulait passer n’a pas été compris d’une autre façon», soutient Zinha Muabi. Elle poursuit, «s’il n’y a pas de communication, alors on se bloque et on continue à avoir des préjugés».
Des idées reçues que la chargée des opérations souhaite briser. «Comme on travaille dans un environnement avec diverses origines, beaucoup pensent qu’on ne se comprend pas», s’attriste-t-elle. Mais cette ancienne Montréalaise veut prouver le contraire. «On est tous des êtres humains, on a tous nos peurs, nos craintes, nos ambitions et je ne pense pas que l’ambition de quelqu’un qui vient d’Algérie soit différente de celle de quelqu’un qui vient de France», conclut-elle.
«Regrouper, réseauter les parents et orienter.» Mireille Péloquin
«Cela te permet d’être ton propre boss, personne ne te dit quoi faire et j’aime ça.» Lise Foster
L’Accord entre le Canada et l’Alberta sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants a été conclu dans le respect de la Early Learning and Child Care Act (loi sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants) et du Early Learning and Child Care Regulation (règlement sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants). Pour en savoir plus : canada.ca/fr
L’étude de la FPFA propose une solution pour remédier à la pénurie de places dans les garderies albertaines francophones. Pour lire le rapport : fpfa.ab.ca
La Petite Abeille a ouvert ses portes il y a plus de 30 ans et Lise Foster a toujours gardé sa passion de travailler avec les enfants. Pour découvrir sa garderie : ssgalberta.ca
Cuillères, fourchettes, sacs, bâtonnets à mélanger, tous ces articles en plastique destinés à un usage éphémère sont censés quitter bientôt les étagères des magasins, mais aussi des restaurants et autres établissements qui les utilisent.
L’entrée en vigueur de cette réglementation fédérale est fixée au 20 décembre 2022 pour la fabrication et l’importation destinée à la vente au Canada. Quant aux marchands, ils devront arrêter la vente de ces produits un an plus tard.
Une nouvelle qui réjouit le Recycling Council of Alberta (RCA). Instauré en 1987, le RCA tente de réduire les déchets de la province en promouvant une économie circulaire. Un credo qui a besoin d’appui. La Franco-Albertaine Tessa Hill, coordonnatrice de projets du RCA, appuie le RIPUU. «C’est une bonne chose, car les produits comme ça ne devraient pas avoir été créés dès le départ.»
L’Alberta était la seule province, d’après les chiffres de 2016 de Statistique Canada, à produire plus d’une tonne de déchets par an et par habitant. Cette année-là, elle comptait environ quatre millions d’habitants. Un chiffre similaire à sa voisine, la Colombie-Britannique, sauf que ces habitants ont produit moitié moins de déchets.
Au total, en 2016, sur les 25 millions de tonnes de déchets éliminés au Canada, chiffre vertigineux, quatre millions étaient produits par la population albertaine. Un chiffre impressionnant lorsqu’on le compare à ceux du Québec (8 millions d’habitants pour 5 millions de tonnes de déchets) et de l’Ontario (14 millions d’habitants pour 9 millions de tonnes de déchets).
Parmi les statistiques pour l’Alberta, 24% de ces déchets sont des déchets résidentiels. Le reste est surtout dû aux entreprises. C’est pourquoi le RCA travaille avec de nombreux organismes industriels. Tessa Brie Hill informe, «on a des webinaires et de nombreux projets pour aider les organisations à réduire les déchets dans leur travail ou dans leur municipalité».
En opposition à l’économie linéaire où les matériaux sont produits et jetés à la poubelle lorsqu’ils n’ont plus d’utilité, l’économie circulaire garde les ressources en circulation.
Prenons l’exemple d’un sac d’emplettes. Si celui-ci est composé de plastique, il ne sera utilisé que quelques fois et finira généralement dans les ordures ou dans la nature avec les effets indésirables que l’on connait pour la faune et la flore.
Il mettra des centaines d’années à se décomposer, laissant des microparticules de plastique dans l’atmosphère, mais aussi dans les nappes phréatiques. Si celui-ci est en tissu, il sera réutilisable à volonté et sera conçu d’une matière souvent recyclable.
Ainsi, ce dernier modèle devrait avoir un énorme impact sur notre façon de consommer si les gouvernements provinciaux emboîtent le pas des nouvelles directives fédérales. En attendant, de nombreux organismes mettent des projets en place.
Dans le cadre de son projet Circular Communities (communautés circulaires), le RCA collabore avec plusieurs villes albertaines, telles que Lethbridge, Calgary, Banff, Edmonton et le comté de Strathcona. Leur ambition est simple : développer l’économie circulaire par le biais de nombreuses initiatives.
Cela commence par la ville de Banff. Alors que beaucoup d’habitants ne sont que de passage pour travailler que quelques mois, la municipalité s’est associée à sa bibliothèque pour créer un programme de prêt de matériel.
Avec cette Library of Things, de nombreux articles très peu utilisés sont mis à disposition des habitants de Banff et de Lake Louise. Tessa Hill révèle, «beaucoup de personnes achetaient des choses, les utilisaient puis quand elles partaient, cela créait beaucoup de déchets». Ainsi, grâce à cette initiative, chacun peut emprunter du matériel quand il le souhaite et le redonner lors de son départ.
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C’est justement en partie pour combattre ce gaspillage que le RIPUU entrera sous peu en vigueur. Pourtant, certaines boutiques albertaines n’ont pas attendu ce nouveau règlement pour mettre en place des solutions concrètes.
À La French Taste, pâtisserie située à Edmonton, les papiers en plastique commencent à disparaître petit à petit. Anthony Cucchiara, copropriétaire, témoigne, «on utilise que du papier kraft pour emballer nos produits, on met un tampon dessus avec le logo et le numéro de la société pour personnaliser le paquet et on donne aux clients». Fabriqué à base de bois, ce matériau est biodégradable et nécessite moins de ressources qu’un papier traditionnel.
Pourtant, lors d’évènements ou de marchés, la pâtisserie présente ses viennoiseries dans des sacs en plastique fins. Ce Français installé en Alberta depuis plusieurs années aimerait changer cette façon de faire. «On a pour idée d’acheter des boîtes transparentes assez larges qui permettent de mettre nos produits à l’intérieur afin que le client puisse les voir.»
Bien entendu, ce nouvel investissement représente un coût supplémentaire pour l’entreprise. Mais cela ne fait pas peur à Anthony Cucchiara. Comparés aux sacs plastiques qu’il faut racheter plusieurs fois, ces bacs transparents pour la présentation de ses pâtisseries ne seront qu’à payer qu’une seule fois.
Fini l’économie linéaire! L’entrepreneur certifie, «dans la boutique, on essaie de tout faire en matières recyclées, car pour moi, s’il y a trop de plastique, cela n’a pas de sens».
Pour Anthony Cucchiara, il est nécessaire de préserver la planète. Et cela passe par ces petits gestes, comme la fin du plastique à usage unique. Pour l’entrepreneur, cette mesure ne lui fait pas peur puisqu’il ne propose déjà aucun couvert ou paille en plastique. «C’est le moins que l’on puisse faire étant donné qu’on la [planète] pollue déjà assez», confesse-t-il.
Une philosophie que partage également Tessa Hill. À 25 ans, elle souhaite s’investir, «je pense que le réchauffement climatique va avoir un impact sur notre génération et je veux aider en faisant quelque chose pour la société».
Face à ce nouveau règlement, la coordonnatrice de projets du RCA se dit favorable à l’arrêt de la production des articles en plastique à usage unique. «On devrait réfléchir à ce qu’on achète, car si tu n’achètes pas ces choses, elles ne seront pas produites», soutient-elle.
La résidente de Sherwood Park se confie, «c’est en faisant des voyages que la photo a pris de la place dans ma vie. On est tellement entouré de beauté, que ce soit des personnes, des paysages, des édifices, il y a toujours quelque chose qui m’intéresse».
C’est en 2012 que Marie-Pierre a la révélation de sa vie. Avec la naissance de ses enfants, tout bascule. «J’étais contente, car cela m’a donné un coup de pouce pour pratiquer avec des personnes autres que mon conjoint et mes amis», se réjouit la maman. Elle se lance et immortalise ces nouveau-nés et bien d’autres.
«J’ai un grand faible pour les enfants, je trouve qu’ils sont tellement candides et vrais», avoue l’artiste. Elle décide alors d’organiser des séances photos pour les familles en studio ou de façon lifestyle. Un genre photographique qui met en scène les protagonistes dans des moments de la vie quotidienne. Les enfants et leurs parents sourient à l’objectif lors de promenades dans le parc, de moments ludiques, etc.
Néanmoins, cette façon de faire ne satisfait pas entièrement Marie-Pierre. Elle décide de changer sa façon de travailler et de passer un jour complet au sein d’une famille, en totale immersion. La photographe s’immisce alors dans la vie du foyer pour capturer ces moments intimes. «J’aime voir les vraies interactions, toutes les émotions possibles dans une journée d’une famille», ajoute cette passionnée.
Afin de mettre à l’aise les enfants et les parents devant la caméra, l’artiste prend le temps de les rencontrer avant la séance. Elle essaie alors d’en savoir un peu plus sur leur vie et les questionne. Qu’est-ce qui est le plus important dans leur vie? Quels souvenirs souhaitent-ils se remémorer? Comment interagissent-ils?
De cette façon, lors du reportage, l’ambiance est plus détendue et Marie-Pierre sait ce qu’elle doit capturer. Le mot d’ordre est simple : l’authenticité. Pendant de nombreuses heures, le déclencheur frétille afin d’obtenir le cliché parfait, vrai et spontané. Elle revendique, «les gens essaient d’embellir souvent la réalité sur Instagram ou les réseaux sociaux. Moi, je veux montrer qu’il y a de la beauté dans cette réalité».
Son travail a porté ses fruits puisqu’en décembre dernier, elle remporte le premier prix Birth and Beyond dans la catégorie «Family». Une compétition internationale qui met en avant des clichés sur la thématique de la famille, de la naissance à l’enfance, en passant par la maternité.
Son portrait d’une maman qui enlace son fils après que celui-ci ait été victime d’une piqûre de guêpe a fait mouche aux yeux du jury. Marie-Pierre est très fière de cette récompense et espère familiariser le public à ce style photographique, entre portrait et journalisme.
«Quand les gens cherchent à avoir une photo de famille, cela va être plus traditionnel, ils posent bien habillés», explique l’artiste. Elle poursuit, «alors que peu savent que des professionnels peuvent photographier la vraie vie».
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L’artiste ne compte pas s’arrêter là. Elle travaille actuellement sur un projet qui met en lumière la routine matinale des femmes au cours des âges. «Je photographie 12 modèles féminins, de la naissance jusqu’à presque 100 ans», indique Marie-Pierre. Elle capture alors leur matinée, du lever au petit déjeuner et jusqu’à leur toilette.
Avec cette collection, l’artiste souhaite observer «comment la vie évolue et voir les ressemblances et différences entre les différentes tranches d’âge». L’une de ses photographies, intitulée Réunion matinale, a déjà été exposée à Arles, dans le sud de la France, et retransmise en ligne, cet été, lors des Rencontres de la photographie.
Ce cliché d’une jeune femme se coiffant tout en assistant à une visioconférence représente ce que Marie-Pierre aime mettre en avant : la beauté de la vie réelle. Elle espère, grâce à ce festival international de photographie annuel dans le sud de la France, faire connaître son travail hors des frontières canadiennes.
Marie-Pierre a aujourd’hui hâte de présenter l’intégralité de son projet de routines matinales au Centre d’arts visuels de l’Alberta (CAVA), situé à Edmonton. Le rendez-vous est pris pour 2023!
«C’est une institution essentielle pour les francophones et francophiles puisqu’elle ouvre des portes à toutes sortes de carrières.» Me Roy Klassen
«Le défi est constant.» Me Henri Pallard
Fondée en 1990, l’AJEFA vise à accroitre et à améliorer l’accès à la justice en français pour les Albertains. Pour en savoir plus : ajefa.ca
Depuis 1999, la Fondation Baxter & Alma Ricard a permis à 373 Canadiens français de bénéficier d’une bourse d’études dans différents domaines. Parmi les boursiers 2022-2023, on retrouve quatre Franco-Albertains : Ali Ahmed (médecine), Sophie Collins (médecine de réadaptation), Charlène Goldsteyn (affaires) et Martin Kreiner (droit). Pour en apprendre davantage : fondationricard.com
La common law est basée sur les décisions des tribunaux, la doctrine (écrits de juristes experts et professeurs traitant de ces décisions) et sur les usages et coutumes. Pour mieux connaitre le système juridique canadien : justice.gc.ca
Vous étudiez le droit en français en Alberta, vous désirez nous partager votre expérience, contactez-nous : redaction@lefranco.ab.ca
«La musique, particulièrement, aide à nous rassembler, à raconter nos histoires et à vivre plus agréablement sur cette terre.» Andrew Mosker
Pour connaitre les tarifs ou les spectacles organisés par le Studio Bell : studiobell.ca/fr
Le credo de Village Brewery, situé au sud-est de la Calgary, est simple : s’engager pour la communauté. La brasserie artisanale collabore avec de nombreux artistes calgariens pour l’habillage de leurs canettes, mais également pour l’espace de vente et de dégustation, actuellement en rénovation. «C’est un espace d’art public, on choisit un artiste à présenter et on l’utilise comme une galerie d’art gratuite pour eux», explique Jeremy McLaughlin, directeur des opérations.
Lors du processus de fabrication de la bière, il n’est pas rare que tout ne se passe pas comme prévu. Défaut de la mousse, mauvais goût dû aux arômes. Il peut parfois y avoir de la perte lorsque la bière ne correspond pas à 100% à ce que le producteur veut. Il collabore alors avec des entrepreneurs locaux. «On s’est demandé ce qu’on pouvait faire avec, on peut le jeter à la poubelle, mais c’est une grande perte de temps et d’argent pour tout le monde», témoigne ce natif de Colombie-Britannique.
La brasserie a alors décidé de collaborer avec Bridgeland Distillery, un fabricant de whisky et de brandy (cognac). Jeremy McLaughlin explique, «en distillant la bière, ils ont capturé tout l’alcool qui avait été produit à partir de la bière». Il sera ensuite utilisé par la brasserie comme base pour produire leur seltzer, une eau pétillante alcoolisée.
C’est lors d’un cours de distillation pour futurs entrepreneurs que Jacques Tremblay, fondateur de Bridgeland Distillerie, située dans le nord-est de Calgary, a découvert sa passion : la production de spiritueux. C’est là aussi qu’il a rencontré son partenaire professionnel, Daniel Plenzik.
Ce Québécois se remémore, «tous les deux, on a pris le cours pour les mêmes raisons : voir si on pouvait faire d’un passe-temps notre business à temps plein et se renseigner sur l’offre et la demande du marché». Un pari réussi puisqu’ils ont remporté le prix de distillerie de l’année 2021 en Alberta, seulement deux ans après l’ouverture de leur établissement.
Ce travail acharné, les employés de Village Brewery le connaissent bien puisque la brasserie a célébré l’année dernière ses 10 ans. Et au cours de cette décennie, de nombreuses choses ont changé. «Il y a environ cinq ans, il y a vraiment eu le grand boom de l’ouverture de brasseries en Alberta et à Calgary», fait savoir son directeur des opérations, Jeremy McLaughlin.
La raison : l’abrogation des règlements par Alberta Gaming, Liquor and Cannabis Commission (AGLC), en décembre 2013, qui limitaient la capacité minimale d’une brasserie à 250 000 litres, soit 2 100 barils de bière. Un compromis pour les propriétaires qui devaient investir de l’argent dans de gros équipements afin de produire autant de boissons. «Maintenant, c’est devenu plus accessible pour les gens qui veulent juste rester plus petits», révèle Jeremy.
Avec la suppression de cette réglementation, de nombreuses microbrasseries et distilleries artisanales ont pu ouvrir leurs portes dans la province. De cette façon, ils peuvent créer leurs propres produits depuis leur atelier. Mais avant d’entamer le processus, le choix des composants est crucial.
C’est pour cela que Bridgeland Distillery opte majoritairement pour des ingrédients issus de l’Alberta ou de sa voisine, la Colombie-Britannique, dont il distille le raisin pour faire du brandy. En ce qui concerne la production de whisky, le distillateur achète du maïs, du blé ou de l’orge maltée provenant de l’Alberta.
Une vision locale partagée par Jeremy McLaughlin puisque les ingrédients qu’il utilise viennent majoritairement du Canada, en plus de l’eau des montagnes et de 90% de leur orge cultivée en Alberta. Le directeur des opérations ajoute, «nous accordons une grande importance à la qualité, nous voulons utiliser les meilleurs ingrédients tout en étant rentables». Car être entrepreneur, c’est aussi respecter les budgets.
Pour fabriquer de la bière, il suffit de quatre matières premières : l’eau, le malt (céréale germée), le houblon (plante herbacée) et les levures. Une fois le choix des ingrédients locaux fait, le processus de fabrication peut débuter.
La première étape est la mouture où les grains de malt sont réduits en farine afin d’être mélangés à de l’eau. Cette pâte est ensuite chauffée afin que les enzymes extraient l’amidon des graines pour les convertir en sucre. Cette texture, appelée moût, est portée à ébullition dans une cuve afin d’être stérilisée. Pour donner du goût et de l’amertume, le brasseur ajoute du houblon et des ingrédients additionnels, comme des épices ou du miel, selon la recette.
Puis, après le brassage, c’est la fermentation. Une étape importante où l’on y ajoute la levure afin de transformer le sucre du moût en alcool. Cependant, il en existe plusieurs sortes dont le temps de fermentation varie. En général, cela dure deux semaines.
Ensuite viennent la maturation et le filtrage. La bière est mise dans une cuve afin de retirer les résidus de levure qui pourraient rester. Elle devient ensuite clarifiée et est prête pour la dernière étape : le conditionnement. La bière est stockée dans des cuves froides où l’on procède à la carbonatation, c’est-à-dire qu’on y ajoute du gaz carbonique (CO2), afin qu’elle puisse garder sa mousse et sa pression. Finalement, la boisson peut être mise en cannette!
Quant au whisky, le processus est plutôt similaire. Tout change après la fermentation où l’on procède à la distillation. Le wash, terme utilisé pour désigner le mélange issu de la fermentation, sera ensuite distillé. Pour se faire, il est placé dans des alambics en cuivre qui chauffent et refroidissent le produit, et ce, deux fois au minimum. Il sera ensuite mis dans un fût de bois pour une durée de trois ans.
Après avoir commencé la production en 2019, c’est maintenant le temps pour Bridgeland Distillery de sortir leur premier véritable whisky. Le whisky Glenbow, clin d’œil au quartier de Calgary, a en effet été mis en vente à la mi-juillet. Une fierté pour Jacques Tremblay, «quand tu commences le business tu te dis que c’est dans tellement longtemps puis tout passe vite». Ce whisky est un single malt, fait de 100% d’orge maltée et de 45% d’alcool. Par définition, celui-ci est issu d’une seule et unique distillerie.
C’est aussi pour partager sa passion auprès des touristes que ce Québécois souhaite transformer sa distillerie en économusée. En collaboration avec le Conseil de développement économique de l’Alberta (CDÉA), il veut développer l’infrastructure nécessaire pour avoir des panneaux et vidéos explicatifs dans les deux langues, ainsi qu’un salon de dégustation pour que les visiteurs en sachent plus sur ce métier passionnant.
En attendant, ce passionné et son partenaire professionnel proposent des portes ouvertes tous les dimanches après-midi. Il veut ainsi créer un lien avec sa clientèle. «Les gens peuvent venir siroter un cocktail puis faire le tour de l’atelier pour voir comment le spiritueux se fait.» Il conclut, «on veut augmenter l’offre de ce côté-là».
Après des recherches approfondies menées dans les Smoking Hills (collines fumantes en français), situées à l’extrême nord des Territoires du Nord-Ouest, de nombreuses similitudes avec Mars ont été constatées dans cet environnement.
Composées de falaises et de petits lacs, cette région est un endroit unique en son genre, entre autres, par la présence de mudstones (pierre de boue). Ces roches composées d’argile ou de boue brûlent naturellement et laissent échapper une fumée distinctive. À cause de cette combustion, des vapeurs d’acide sulfurique chimiques et corrosives apparaissent.
Au contact de la roche avec l’eau, l’étang devient acide. Pourtant, les recherches entamées par Ressources naturelles Canada indiquent que ce site n’a pas toujours été ainsi. Il y a plusieurs siècles, c’était un milieu marin sain à pH neutre et plein de vie.
Les surprises ne s’arrêtent pas là. Les scientifiques ont également découvert des couches riches en jarosite, une espèce minérale brun-jaunâtre qui se forme naturellement par oxydation des sulfures de fer. Manuel Bringué, un des co-auteurs de l’article, la définit comme «un minéral qui est relativement rare sur Terre et, en général, pas très stable».
Cet érudit poursuit, «jusqu’à maintenant, la présence de jarosite sur Mars nous faisait croire que les environnements aquatiques étaient probablement trop acides et pas très propices à l’évolution de la vie». Une opinion qui risque d’évoluer puisque dans les Smokings Hills, ce minéral s’est formé dans des conditions marines normales.
Attention, Manuel Bringué le rappelle, «quand on parle de la vie sur Mars, on parle de la vie très primitive, c’est-à-dire les premiers organismes qu’on peut qualifier de vivants». Oubliez donc les extraterrestres verts à grosses têtes et pensez plutôt à une multitude de bactéries.
Rappelons que sur notre planète, il a fallu attendre près de trois milliards d’années avant l’apparition des mammifères. Une précision que souhaite apporter Daniele Luigi Pinti, professeur au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’Université du Québec à Montréal. «Selon moi et la majorité des spécialistes, si on trouve des formes de vie, elles seront bactériennes. Mars n’a pas eu l’occasion de développer des formes plus complexes», souligne-t-il.
Daniele Luigi Pinti développe cette réflexion, «la surface de la planète a été balayée par le vent solaire, donc toute forme de vie qui pouvait être présente a été détruite». Ce dernier, produit par le Soleil, est composé de particules électriquement chargées principalement d’électrons, de protons et de noyaux d’hélium.
Un champ magnétique présent autour de la planète bleue nous protège de ce vent solaire en agissant comme un bouclier. Si ce n’était pas le cas, les particules générées pourraient avoir des conséquences désastreuses sur l’être humain. En effet, celle-ci sont capables de traverser l’enveloppe corporelle, de briser l’ADN et de causer des maladies mortelles. Et si aujourd’hui, la surface de Mars est totalement calcifiée, c’est qu’elle était, elle aussi, protégée par un champs magnétique qui a mystérieusement disparu, il y a plusieurs milliards d’années.
Ainsi, s’il existe une forme d’existence, cela ne peut être que dans les fractures internes, dans la roche au niveau de la croûte martienne. Il justifie, «sur Terre, on a des bactéries qui peuvent vivre dans des fractures jusqu’à des kilomètres de profondeur et dans des conditions extrêmes».
Daniele Luigi Pinti, le directeur du Geotop, centre de recherche sur la géoscience au Québec, ne ferme pas totalement l’idée d’une potentielle vie ailleurs dans l’univers. «Aujourd’hui, on sait qu’il y a plein de planètes similaires, alors rien n’exclut que certaines puissent abriter de la vie, mais après est-ce qu’ils sont capables de venir nous visiter avec une capsule spatiale, ça, c’est plus une croyance qu’autre chose», s’amuse le professeur.
Pourtant, François Bourbeau, ufologue, aime émettre cette hypothèse, «il n’est pas impossible que nous, terriens, soyons d’anciens habitants de Mars». Ce spécialiste des ovnis (objets volants non identifiés) nous livre son analogie en s’appuyant sur le feu de camp. Dès que le bois s’enflamme, une chaleur intense en émane. Puis, le feu diminue et nous nous en approchons pour profiter de sa douce température.
Ce Québécois évoque donc la possibilité que nos racines ne soient pas celles que l’on croit. «Au fur et à mesure que le soleil s’est contracté et a diminué dans sa puissance de rayonnement sur Mars, la civilisation l’a quitté pour s’installer sur Terre». Une hypothèse qui lui semble plausible puisque la Terre est plus près du soleil que la planète rouge.
Il suppose que cette délocalisation aurait eu lieu grâce à la présence de l’atmosphère et de l’eau, tous deux capables de soutenir la vie. «Et peut-être qu’un jour, lorsque la vie ne sera plus possible sur notre planète, on terminera notre voyage sur Vénus, en s’approchant du feu», envisage cet ufologue.
Pourtant, bien que cette découverte ne démontre pas une forme de vie humaine à l’extérieur du globe, elle représente une énorme avancée scientifique. Manuel Bringué garde espoir de trouver des traces de vie antérieure sur l’habitat martien. «C’est une mécanique de formation de la jarosite qui est complètement différente de ce qu’on avait observé à présent, alors c’est très prometteur», se réjouit-il.