le Vendredi 26 avril 2024

Lors du Rendez-vous d’affaires du Conseil de développement économique de l’Alberta (CDÉA), la conférence de Vickie Joseph a marqué les esprits. Pendant 90 minutes, la cofondatrice et présidente de V Kosmetik International (VKI) a partagé avec passion son parcours et les difficultés rencontrées en tant que femme d’affaires noire. Une lueur d’espoir pour toutes celles qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat.

Chloé Liberge
IJL – Réseau.Presse – Le Franco

La Montréalaise l’affirme, «je dois toujours briser des plafonds de verre». Lorsque Vickie décide de créer sa ligne de vêtements en 2006, Nu.I by Vickie, elle sait que le chemin ne sera pas facile. «C’est un fardeau d’être une femme entrepreneuse, on a des challenges parce que c’est un monde masculin», se désole-t-elle.

«Je dois toujours briser des plafonds de verre.» Vickie Joseph

Pourtant, cette férue de mode ne s’est pas laissée abattre. Et cela a payé. Aujourd’hui, sa marque de cosmétiques conçue pour la diversité s’est développée partout dans le pays et à l’international.

En raison de la discrimination subie au début de sa carrière, Vickie veut partager l’entraide des femmes entre elles. Le sourire aux lèvres, elle assure, «plus on grandit ensemble, plus on va ouvrir les portes pour les autres».

L’importance de la solidarité dans la vie professionnelle

C’est avec ce concept de solidarité que beaucoup d’organismes ont décidé de créer des programmes par et pour les femmes. Mylène Letellier, directrice générale de la Société de Développement économique de la Colombie-Britannique (SDECB) depuis avril dernier, en fait partie.

Avec le réseau Femmes d’affaires en mouvement, elle a à cœur de réunir ses consœurs autour de différents services. Que ce soit des ateliers de perfectionnement axés sur la négociation en entreprise ou de l’accompagnement personnalisé, elles sont déjà 280 Britanno-Colombiennes à suivre ce programme.

En plus d’affiner leurs connaissances professionnelles, elles peuvent, dans le cadre de ces ateliers, échanger avec d’autres femmes qui vivent les mêmes expériences professionnelles. Mylène Letellier l’affirme, «c’est une réelle occasion de développer des liens entre elles, de s’entraider, mais aussi d’améliorer leurs compétences».

Olga Gordon, conseillère en développement économique et entrepreneuriat du CDÉA, a lancé le groupe Les Elles des Affaires l’année dernière avec sa collègue Carine Ouédraogo. Crédit : Courtoisie

Olga Gordon, conseillère en développement économique et entrepreneuriat du CDÉA, a lancé le groupe Les Elles des Affaires l’année dernière avec sa collègue Carine Ouédraogo. Crédit : Courtoisie

Ce concept de sororité entre entrepreneures a aussi vu le jour dans la francophonie albertaine. Initiative du CDÉA, Les Elles des Affaires s’adresse à toutes les femmes d’expression française qui souhaitent lancer leur entreprise ou qui l’ont déjà fait. Créé en mars 2021 par Olga Gordon, conseillère en développement économique et entrepreneuriat à Calgary, et son homologue d’Edmonton, Carine Ouédraogo, le groupe compte déjà 60 membres.

Ce projet permet aux entrepreneures d’élargir leur réseau d’affaires et d’avoir accès à des ateliers en français. De plus, grâce à une formation de cinq semaines sur le marketing pour les petites et moyennes entreprises (PME), ces femmes ont pu évoluer dans leurs stratégies d’entreprise. Olga se remémore, «on pouvait vraiment sentir l’énergie des femmes qui étaient motivées et se sentaient vraiment à l’aise de pouvoir s’exprimer».

Une peur de se lancer qui est propre aux femmes

«Le pire ennemi d’une femme entrepreneuse, c’est elle-même», déclare Mylène Letellier. En effet, beaucoup d’entre elles sont effrayées à l’idée de commencer une entreprise à partir de zéro. Pour la directrice générale de la SDECB, les hommes n’ont pas forcément cette prise de conscience. «Ils se posent moins de questions, se jugent moins», poursuit-elle.

Mais cette appréhension est, entre autres, le résultat d’une société patriarcale où on apprend assez tôt aux femmes à se faire plus discrète. Selon Mme Letellier, cela commence dès l’école. «En classe, on va parfois dire aux jeunes hommes de ne pas avoir peur de parler, alors que les jeunes filles, on va leur dire de faire attention.»

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Un sentiment également partagé par Vickie Joseph. «Je pense que cela vient de l’insécurité. C’est le manque de confiance en soi et la peur de perdre sa place», avoue la femme d’affaires.

Pour vaincre cette inquiétude, l’entrepreneure a quelques trucs infaillibles. Elle passe des heures à se renseigner sur ses plans d’action et à étudier son marché. «Il faut s’assurer que ton projet soit vraiment bien monté et fiable, car cela va diminuer la peur», affirme la cofondatrice de VKI. Elle persiste, «il faut toujours se demander à la fin si tu veux vivre avec des regrets toute ta vie ou si tu veux l’avoir essayé».

«il faut toujours se demander à la fin si tu veux vivre avec des regrets toute ta vie ou si tu veux l’avoir essayé.» Vickie Joseph

Transmettre aux générations futures

Chacune d’entre elles le témoigne, elles souhaitent montrer le changement pour demain. Femmes d’affaires en mouvement a d’ailleurs donné plusieurs ateliers dans les écoles, une activité dont Mylène Letellier est fière. «J’essaie de transmettre auprès de jeunes femmes dans les écoles afin qu’elles puissent avoir ces connaissances au tout début de leur carrière.»

Mais cela ne suffit pas. Pour lutter contre la discrimination envers les femmes et les entrepreneures, cela doit aussi commencer par revoir notre modèle de société. Pour Vickie Joseph, il faudrait «éduquer les gens parce que souvent le racisme et la discrimination viennent de l’ignorance». Elle prône la solidarité qui permettrait de «créer de l’innovation et surtout de l’avancement».

Les Elles des Affaires est un programme gratuit proposé par le CDÉA à toutes les entrepreneures francophones et francophiles de l’Alberta. Si vous souhaitez vous inscrire, contactez Olga Gordon à olga@lecdea.ca.

Fondé en 1929, le Wilder Institute Calgary Zoo est la plus ancienne organisation caritative de l’Alberta et, depuis 30 ans, il œuvre pour la conservation de la faune sauvage au Canada, mais aussi à l’étranger.

L’une de ses missions est, entre autres, de faciliter la reproduction d’espèces qui, aujourd’hui, éprouvent des difficultés dans leur milieu naturel. C’est le cas de la chevêche des terriers. Cette chouette, plus petite qu’un pigeon, vit dans les prairies de la Saskatchewan et de l’Alberta où elle est menacée.

Alison Archambault, directrice de la marque et de l’engagement du zoo, certifie, «nous les aidons à se reproduire, nous les nourrissons, puis nous les relâchons lorsqu’ils sont plus grands afin qu’ils évitent la prédation».

Elle met également en avant le programme américain pour les espèces menacées conçu par l’Association des zoos et aquariums américains (AZA) dont le zoo est membre. Ce plan assure donc la conservation d’animaux en voie d’extinction. Pour le parc animalier, cela concerne 46 espèces : pingouins, lions, lémuriens et gorilles des plaines de l’Ouest.

Un dépaysement assuré pour ces primates qui vivent originellement dans les forêts équatoriales du Cameroun, de la République démocratique du Congo, de la République centrafricaine, du Gabon, de la Guinée équatoriale et de l’Angola.

Voyager vers cinq destinations au même endroit

Avec une superficie de plus de 500 000 mètres carrés, ce parc animalier offre aux visiteurs trois grandes zones géographiques. Un parcours simple et efficace, le long du Chemin de la découverte (Discovery Trail).

À l’entrée ouest du zoo, vous pourrez découvrir l’attendrissant panda rouge, le flamboyant tigre de Sibérie ou encore l’imposant dragon de Komodo dans une ambiance aux couleurs de l’Asie.

Plus loin, sur votre gauche, une passerelle vous emmène à l’ère préhistorique. Un voyage dans le temps et dans les plaines albertaines, célèbres pour leur faune d’une autre époque. Tricératops et autres dinosaures sont aux aguets, immobiles et presque réels.

1. Les Ontariens Aaron et Christine Gross aiment l’originalité du zoo, notamment la section dédiée à la préhistoire. 2. Catherine et Julie Bourgault, originaires du Québec, profitent régulièrement de leur temps libre pour se rendre au refuge animalier. 3. Avec des tricératops plus vrais que nature, les enfants sont heureux de retourner à l’ère préhistorique. Crédit : Chloé Liberge

1. Les Ontariens Aaron et Christine Gross aiment l’originalité du zoo, notamment la section dédiée à la préhistoire. 2. Catherine et Julie Bourgault, originaires du Québec, profitent régulièrement de leur temps libre pour se rendre au refuge animalier. 3. Avec des tricératops plus vrais que nature, les enfants sont heureux de retourner à l’ère préhistorique. Crédit : Chloé Liberge

Vous poursuivrez votre visite entre les Rocheuses et les Prairies canadiennes. L’élan, le caribou, l’ours noir et le grizzli sont à l’honneur. En retrouvant le Chemin de la découverte, vers le sud, vous entrez dans la végétation luxuriante du continent africain, à la rencontre de ces fameux gorilles au dos argenté et autres girafes, zèbres et bien évidemment, «le roi des animaux», le lion.

Et si vous êtes plutôt passionné des végétaux et des insectes, vous ne serez pas en reste. Les jardins botaniques du zoo vous attendent. Vous pourrez vous détendre au milieu d’orchidées et d’autres fleurs au parfum subtil. En levant les yeux, vous pourriez apercevoir de nombreux papillons à la tâche, la pollinisation s’effectuant dans cette douce atmosphère.

Ces différents environnements plaisent beaucoup aux visiteurs. Aaron et Christine Gross, originaires de l’Ontario, ne diront pas le contraire. «Nous aimons le fait que chaque zone a sa propre formation géologique. Nous n’avions jamais vu ça dans un zoo avant», se réjouissent-ils.

«Nous aimons le fait que chaque zone a sa propre formation géologique. Nous n’avions jamais vu ça dans un zoo avant.» Aaron et Christine Gross

Un financement porté par une communauté de zoophiles

Pourtant, ces dernières années n’ont pas été de tout repos pour le centre animalier. Comme beaucoup d’organisations, la pandémie a affecté les dons et la programmation d’évènements qui aident au financement de l’établissement.

Malgré la crise, Alison Archambault reste positive. «Nous avons eu beaucoup de chance d’avoir le soutien de notre communauté et nous sommes reconnaissants envers les personnes qui ont pu nous aider à traverser cette épreuve.»

«Nous avons eu beaucoup de chance d’avoir le soutien de notre communauté.» Alison Archambault

Le parc zoologique a ainsi dû se renouveler pour récolter des fonds. Grâce au programme ZooCare: Adopt a Species, les passionnés peuvent débourser 25$ en échange d’un certificat d’adoption. Alison indique que «cela peut répondre à un besoin de cadeau pour une fête d’anniversaire ou pour une personne spéciale, mais ça a surtout l’avantage de soutenir le zoo».

Créer des liens avec les visiteurs

Avec des cafés, des aires de jeux pour les enfants, des boutiques de souvenirs, il y a de quoi s’occuper. C’est pour cette raison que certaines familles choisissent de se procurer un abonnement annuel. Catherine Bourgault est ravie de celui-ci, «c’est génial, car on peut venir se promener dans un endroit sécuritaire avec les animaux. Donc, c’est un bel endroit pour passer quelques heures avec ses enfants».

«C’est un bel endroit pour passer quelques heures avec ses enfants.» Catherine Bourgault

Originaire du Québec, Catherine vit à Calgary depuis trois ans et reçoit souvent la visite de sa mère, Julie. Étant fan du refuge animalier également, elle lui a offert un forfait, pour son plus grand bonheur. «C’est la troisième fois que je viens en trois semaines. Ma petite-fille adore et moi aussi», s’enchante la grand-mère.

Une proximité qu’apprécie énormément la responsable du marketing. Elle considère le zoo comme «une chance pour les gens de voir les animaux qui sont dans leur environnement afin de leur rappeler pourquoi il est important de les protéger».

Profitez d’un moment de tranquillité au milieu des plantes dans les jardins botaniques du Zoo de Calgary. Crédit : Chloé Liberge

Profitez d’un moment de tranquillité au milieu des plantes dans les jardins botaniques du Zoo de Calgary. Crédit : Chloé Liberge

De plus, de nouvelles créatures devraient prendre leurs quartiers au zoo au cours de l’été. «Nous avons des bébés lémuriens et des bébés pandas rouges qui sont attendus et puis je suis sûre que nous aurons plein d’autres surprises», promet Alison.

Gardez donc l’œil ouvert lors de votre prochaine visite au Zoo de Calgary.

Pour prendre un abonnement ou rester au courant des dernières nouvelles du refuge animalier : calgaryzoo.com
Le Wilder Institute est l’organisme de conservation qui possède le Zoo de Calgary. Sa mission est d’effectuer des recherches qui visent à protéger la faune et la flore. Pour en savoir plus : wilderinstitute.org
Organisme sans but lucratif, l’Association des zoos et aquariums américains aide ses membres en leur fournissant des services qui améliorent le bien-être de leurs animaux. Si vous souhaitez en apprendre davantage sur leurs programmes ou voir la liste de ses membres : aza.org

D’après Parcs Canada, excepté en 2020, les parcs albertains Banff et Jasper, ainsi que ceux de Yoho et de Kootenay en Colombie-Britannique accueillent en moyenne plus de 5 millions de visiteurs chaque année.

François Masse, directeur de l’unité de gestion du secteur de Lake Louise et des deux parcs britanno-colombiens, est fier de cette renommée. Il met en avant le mandat de l’agence gouvernementale, «être capable de promouvoir de bonnes coexistences entre les humains et la vie sauvage».

Une mission également partagée par Kathleen Johnson, cofondatrice et directrice des programmes de la Calgary Urban Species Response Team (équipe d’intervention sur les espèces urbaines de Calgary). Lancée en 2019, l’organisme mène des enquêtes à travers le centre-ville pour réduire le risque de heurts de volatiles avec les fenêtres des bâtiments.

Kathleen Johnson, cofondatrice et directrice des programmes de la Calgary Urban Species Response Team. Crédit : Calgary Urban Species Response Team

Kathleen Johnson, cofondatrice et directrice des programmes de la Calgary Urban Species Response Team. Crédit : Calgary Urban Species Response Team

De plus, cette ornithologue travaille avec Nature Canada dans le cadre du projet Bird Friendly Calgary afin d’aider la ville à obtenir la certification Ville amie des oiseaux. De cette façon, Kathleen Johnson espère «protéger les oiseaux qui viennent et vivent ici, ainsi que les habitats qu’ils considèrent comme leur foyer».

Tous deux souhaitent partager plusieurs recommandations qui permettront aux habitants et aux visiteurs de la province de protéger cet équilibre fragile entre la faune sauvage et l’être humain.

Des gestes simples à adopter

La beauté des panoramas albertains à perte de vue n’est pas la seule attraction touristique. Nombreux sont ceux qui, au détour d’un chemin, d’une route, apprécient la magnificence des mammifères qui y habitent. Mais attention à ne pas trop s’approcher!

François Masse sait combien «c’est fantastique que les gens puissent voir les animaux sauvages, mais il est important de leur laisser de l’espace pour ne pas se mettre en danger». Il est donc recommandé de garder 30 mètres de distance avec les herbivores, tels que les chèvres et les wapitis. Quant aux carnivores, comme les loups, les ours ou les cougars, il faut rester à plus de 100 mètres de distance.

François Masse, directeur de l’unité de gestion du secteur de Lake Louise et des parcs nationaux de Banff, Yoho et Kootenay, souhaite que chaque visiteur se sente en sécurité dans ces lieux. Crédit : Parcs Canada

François Masse, directeur de l’unité de gestion du secteur de Lake Louise et des parcs nationaux de Banff, Yoho et Kootenay, souhaite que chaque visiteur se sente en sécurité dans ces lieux. Crédit : Parcs Canada

Il souligne aussi la nécessité de garder le contrôle de ses déchets et rappelle que de nombreuses poubelles extérieures sont mises à disposition afin de ne pas jeter ses détritus dans la nature. Une évidence qu’il défend afin que la faune et la flore soient protégées.

«Des animaux qui sont exposés aux déchets des humains et qui s’habituent à les consommer vont, à terme, finir par mourir», démontre le directeur de l’unité de gestion. Cette recommandation vaut également pour les oiseaux.

«Des animaux qui sont exposés aux déchets des humains et qui s’habituent à les consommer vont, à terme, finir par mourir.» François Masse

Parmi les constats accablants, Kathleen Johnson évoque les nombreuses personnes indisciplinées qui jettent leurs masques médicaux par terre. Un geste qui peut avoir des conséquences dramatiques sur les oiseaux. En effet, l’élastique peut rester accroché à leurs pattes ou leurs ailes et les clouer au sol.

La cofondatrice de l’équipe d’intervention sur les espèces urbaines de Calgary ajoute, «nous devons nous assurer que tout ce que nous faisons n’a pas d’impact sur la flore et la nature proche de nous». En continuant avec l’exemple de l’oiseau, si celui-ci ne se déplace plus, il ne pollinise plus. Or, cette pollinisation joue un rôle fondamental dans notre écosystème.

«Nous devons nous assurer que tout ce que nous faisons n’a pas d’impact sur la flore et la nature proche de nous.» Kathleen Johnson

Savoir se protéger en cas de mauvaises rencontres

Il ne s’agit pas seulement de prendre des précautions pour l’environnement, mais aussi pour nous-mêmes. Il n’est pas rare de faire de surprenantes rencontres dans les parcs nationaux.

Soyez en groupe, faites du bruit pour signaler votre présence et respectez les sentiers, alors tout devrait bien se passer! Et si malgré ces mesures, vous tombez nez à nez avec un animal sauvage, un seul mot d’ordre : restez calme.

«On n’est pas menaçants, on ne cherche pas à faire peur à l’animal et on s’éloigne doucement en gardant le contact visuel avec l’animal», avertit François Masse. Et surtout, on n’oublie pas la protection indispensable : le gaz poivré.

À l’exception de 2020, le jardin de Banff accueille en moyenne 3,78 millions de touristes chaque année depuis 2018. Crédit : Parcs Canada

À l’exception de 2020, le jardin de Banff accueille en moyenne 3,78 millions de touristes chaque année depuis 2018. Crédit : Parcs Canada

Comme Parcs Canada le mentionne sur son site, celui-ci déstabilise l’intrus en lui procurant des symptômes désagréables tels que des picotements et des difficultés à respirer. Mais rassurez-vous, il s’agit seulement d’effets éphémères. Aucun dommage permanent n’est causé à l’animal.

Une fois que vous êtes sortis de cette situation, il ne reste qu’une seule chose à effectuer : composez le 403 762-1470 pour joindre la centrale de répartition. Des spécialistes seront à votre écoute et seront déployés rapidement sur les lieux pour évaluer la situation et sécuriser la zone.

Finalement, il ne faut pas oublier le rôle de nos animaux de compagnie. Un chien en liberté peut générer un comportement hostile s’il croise par hasard un prédateur. Celui-ci peut créer un stress chez l’animal et cela pourrait avoir des conséquences catastrophiques.

Il est donc nécessaire de les garder en laisse lors des promenades. Quant à nos amis félins, il est préférable de les garder à l’intérieur de la maison. L’ornithologue le rappelle, «lorsque nous laissons les chats errer, ils finissent par chasser les oiseaux et en tuent un certain nombre».

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Éviter des accidents qui fragilisent notre écosystème

D’après les recherches de Scott Lovell, professeur adjoint de biologie à l’Université Saint Mary’s et responsable de la recherche et de l’ornithologie à Calgary Urban Species Response Team, 25 millions d’oiseaux meurent chaque année au Canada en heurtant des bâtiments.

Un chiffre accablant qui pourrait certainement diminuer si les gouvernements optaient pour une loi restreignant la pollution lumineuse nocturne de nos centres urbains. En effet, la lumière artificielle peut «désorienter les oiseaux qui essaient de voler en fonction des étoiles», révèle Kathleen Johnson. À cause d’une luminosité excessive, les migrateurs perdent leur chemin, ou pire, se heurtent aux fenêtres des édifices.

Des décès que l’on rencontre également chez les mammifères, mais pour d’autres raisons. L’une des plus remarquables est le risque de collision avec un véhicule. La Transcanadienne, porte d’entrée aux parcs nationaux des Rocheuses, est aussi très fréquentée puisqu’elle est l’un des trois accès à la Colombie-Britannique.

Des corridors fauniques ont été construits au-dessus et en dessous de la Transcanadienne afin de relier les parcelles d’habitat entre elles. Crédit : Parcs Canada

Des corridors fauniques ont été construits au-dessus et en dessous de la Transcanadienne afin de relier les parcelles d’habitat entre elles. Crédit : Parcs Canada

La sécurisation de cette autoroute pour la faune est devenue, au fil des années, l’un des enjeux essentiels de Parcs Canada. Des corridors fauniques ont d’ailleurs été construits pour limiter ces collisions. Ces bandes de terre placées au-dessus ou en dessous de la route permettent aux animaux sauvages de se rendre d’une parcelle d’habitat à une autre sans croiser les automobilistes.

Une initiative qui a fait ses preuves selon François Masse. «Le taux de mortalité animale sur l’autoroute a incroyablement diminué grâce au travail fait ces dernières décennies pour créer des structures de protection.»

Il tient aussi à rappeler que les touristes jouent également un rôle essentiel dans la conservation de notre biocénose. «On a besoin que les visiteurs nous aident à garder cet environnement sécuritaire et de qualité pour les animaux», alerte-t-il.

Alors si vous aimez la faune et la flore albertaines, n’oubliez pas d’en prendre soin!

Au total, Parcs Canada assure la gestion de 46 parcs nationaux et près de 1000 lieux historiques. Pour en savoir plus sur les différents endroits à explorer ou sur leurs initiatives pour protéger l’environnement : pc.gc.ca/fr/index.
En cas d’impact d’oiseau sur votre fenêtre, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de Calgary Migratory Species Response Team. Ses bénévoles sauront vous assister. Pour découvrir comment marquer vos vitres afin d’empêcher de telles collisions : calgarymigration.com/index.html.
En devenant une ville amie des oiseaux, Calgary pourra mieux les protéger ainsi que leurs habitats. Pour en savoir plus : birdfriendlycalgary.ca.

Association des juristes d’expression française de l’Alberta (AJEFA)

«Cela fait des années qu’on veut offrir des services sur place à Calgary», confie Denise Lavallée, directrice générale de l’AJEFA. Et c’est maintenant chose faite! En février 2022, l’AJEFA a ouvert un bureau satellite grâce à un partage de locaux avec le Centre d’accueil pour nouveaux arrivants francophones (CANAF). Florentine Ngarambe, agente juridique, y est présente pour répondre aux besoins des clients.

Pour la nouvelle année financière, l’AJEFA a plein de projets en tête, tant pour les aînés que pour les jeunes. En effet, l’association envisage une tournée provinciale et souhaite, entre autres, organiser des ateliers et des sessions d’information destinés à un public plus âgé afin de les sensibiliser contre la fraude et l’escroquerie en ligne.

Puis, en février 2023, le Sommet des débats sera de retour pour une quatrième édition. La directrice générale témoigne, «c’est l’unique chance pour les jeunes, qu’ils soient à l’école francophone ou en immersion française, de participer à une structure formelle du débat». En équipe de deux, les élèves du secondaire débattront autour de questions sociales, juridiques et politiques. Organisé en partenariat avec Francophonie jeunesse de l’Alberta (FJA), cet événement se déroulera au Campus Saint-Jean.

La directrice générale l’affirme, «on veut continuer tous nos efforts pour la reconnaissance des droits linguistiques dans le système juridique».

Quant au conseil d’administration, Me Elsy Gagné, avocate chez Calgary Family Law Associates, poursuit son mandat de présidente alors que trois nouveaux administrateurs ont été élus : Chantal Larocque et Grâce-Chloé Lumbala, deux étudiantes en droit, ainsi que Me Louis Corriveau, avocat à Red Deer. Pour en apprendre davantage : ajefa.ca

Société cInéMAGINE de l’Alberta

«Redémarrer à plein régime pour pouvoir offrir un maximum d’activités et de films à nos membres», voilà l’ambition de Jérémy Lebon, directeur général de l’organisme qui appuie la promotion de la culture francophone cinématographique. Pendant la pandémie, cInéMAGINE avait dû freiner ses activités en raison de la longue fermeture des salles de cinéma et des restrictions sanitaires dans les établissements scolaires.

Ainsi, cette reprise commencera dès le mois d’août avec des projections de longs métrages familiaux en extérieur à travers la province. Puis, l’automne marquera le grand retour de la Tournée Jeunesse après deux ans d’absence. En collaboration avec de nombreux cinémas basés à Calgary, Edmonton, Saint-Paul et Grande Prairie, cette activité permet aux écoles francophones et d’immersion française de faire venir leurs écoliers dans les salles obscures spécialement réservées pour l’occasion. Jérémy Lebon affirme, «cela montre aux élèves qu’il n’y a pas que des films anglophones au cinéma».

Le mot d’ordre de cette assemblée générale annuelle est simple : garder espoir. Avec l’élection d’un nouveau président, Jean-Philippe Chemin, professeur au Lycée international de Calgary, Jérémy Lebon reste optimiste. «Je pense que cette année va être positive, à moins d’un nouveau variant», ironise le directeur général.

cInéMAGINE propose de multiples activités au cours de l’année afin de soutenir et partager la culture cinématographique francophone en Alberta. Pour découvrir l’organisme : cinemagine.net

Francophonie Albertaine Plurielle (FRAP)

Pour l’organisme sans but lucratif qui accueille les nouveaux arrivants francophones, l’année 2021 a été très occupée. Avec un budget doublé et des effectifs passant d’une vingtaine à une cinquantaine d’employés, le directeur général de la FRAP est fier. «Nos activités gagnent en ampleur et cette année va être tout aussi occupée que les années précédentes», promet Alphonse Ahola.

En janvier dernier, un nouveau bureau a ouvert ses portes dans le nord d’Edmonton et ce n’est pas le seul! Le directeur général évoque l’inauguration d’un quatrième bureau à Red Deer en septembre et l’agrandissement de celui situé à Fort McMurray en août. Ces derniers offrent les mêmes services.

Autre souhait du directeur général, «étendre notre travail du côté de l’inclusion, la diversité et le multiculturalisme». Grâce au financement de Patrimoine canadien, le programme Portail d’Accueil et Services d’Établissement (PASE), qui informe et guide les nouveaux arrivants francophones, va s’étendre. Celui-ci pourra aider les étudiants internationaux, les Néo-Canadiens et les détenteurs de permis de travail.

De plus, avec l’appui du gouvernement provincial, les jeunes francophones pourront être aidés grâce au programme des travailleurs en établissement dans les écoles (TÉÉ) qui répond aux besoins des familles. Du secondaire à l’université, Alphonse Ahola souhaite, «accompagner les jeunes pour les informer ou les aider à trouver des emplois qu’ils pourront garder après leur formation».

L’organisme a donc du pain sur la planche pour cette nouvelle année. «Je pense que la FRAP se porte mieux que jamais et nous croisons les doigts pour qu’elle continue à bien se porter», conclut Alphonse Ahola.

Cette réunion a également vu du changement au sein du conseil d’administration. Trois membres ont quitté, laissant la place à trois nouveaux : Appolinaire Atangana, Khady Kone Abrahams et Filsan Ahmed Youssouf. Pour en savoir plus : frap.ca

Regroupement artistique francophone de l’Alberta (RAFA)

2022, synonyme du grand retour des artistes sur les scènes albertaines et canadiennes. Et ce n’est pas l’organisme porte-parole de la communauté artistique et culturelle francophone de l’Alberta qui dira le contraire.

Lors de son forum annuel des arts et de la culture, cette fois-ci sous le thème Célébrer le passé, se projeter vers l’avenir, le RAFA a rassemblé ses partenaires et le public pour discuter du renouvellement de son plan stratégique. La directrice générale, Sylvie Thériault, ne veut pas se laisser abattre par la pandémie. «Moi, je dis qu’on en a grandi», assure-t-elle.

Le RAFA, qui fête ses 20 ans d’existence, a réussi à adapter toutes ses activités depuis la COVID-19. «On a réussi à maintenir notre programme en création artistique, donc c’était notre premier gros événement en présentiel», se réjouit Sylvie Thériault. Ce séminaire biennal, Entr’ARTS, offre du perfectionnement aux artistes professionnels et émergents de l’Alberta, du Nouveau-Brunswick, de l’Ouest et du Nord canadien. Des retrouvailles qui ont fait chaud au cœur d’après la directrice générale. «Cela s’est très bien passé, les gens avaient hâte de travailler ensemble.»

L’assemblée générale annuelle du RAFA a également été l’occasion d’élire un nouveau président, Marcel Préville, et d’accueillir de nouveaux administrateurs, tous des artistes ou des travailleurs du monde de la culture. Sylvie Thériault en est ravie, «n’importe quelle personne ayant déposé sa candidature avait un beau bagage à apporter à notre organisme».

Cela fait maintenant 20 ans que le RAFA est le porte-parole officiel des arts et de la culture francophone en Alberta. Voici la liste des nouvelles personnes siégeant à son conseil d’administration : Pénélope Gaultier, Fabienne Mamane-Virani, Sophie Gareau-Brennan, Gisèle Villeneuve, Robert Suraki Watum, Josée Thibeault et Julianna Damer. Pour plus d’information : rafa-alberta.ca

Centre d’appui familial du Sud de l’Alberta

Enfants ou parents, au Centre d’appui familial, on valorise la famille entière. Avec plus de 8 000 participants aux évènements de l’année dernière, Mouna Gasmi, la directrice générale, est ravie de ce bilan. «On a pu présenter une variété très riche de programmes.»

Parmi eux, beaucoup ont mis en valeur la jeunesse. Afin de les préparer à la vie d’adulte, des ateliers d’entrepreneuriat, de gestion d’argent ou pour faire une bonne entrevue ont été proposés aux 12 à 18 ans. Les plus petits n’ont pas été mis de côté pour autant. Création d’un camp d’été, ateliers de bricolage ou de cuisine, le but est simple : «soutenir la construction identitaire francophone de l’enfant».

Le Centre d’appui familial continue aussi à prendre soin du bien-être des petits comme des adultes. Avec des cours prénataux qui appuient les parents avant l’arrivée de bébé ou des sessions de marche-écoute pour briser l’isolement, Mouna Gasmi souhaite assurer le confort de chaque membre de la communauté. C’est aussi pour cette raison que le Centre continuera à offrir ses activités en présentiel et en virtuel. Ainsi, même les personnes du sud de la province auront accès aux ressources du Centre.

Avec l’élection d’un nouveau président, Habib Griri, ancien trésorier du conseil d’administration, la directrice générale tient à remercier son «équipe motivée, compétente et efficace grâce à qui ce travail a été fait». Elle conclut, «c’est une année de succès pour notre centre et on espère le voir continuer à rayonner dans la francophonie albertaine».

Une nouvelle administratrice a également été élue au sein du conseil d’administration, Tulin Dinger. Pour en savoir plus : centredappuifamilial.ca

Conseil de développement économique de l’Alberta (CDÉA)

Entre l’inauguration de deux nouveaux économusées, l’accueil de nouveaux membres à l’Association bilingue des municipalités de l’Alberta ou la prestation d’ateliers sur la littératie financière dans les écoles, l’agenda du CDÉA a été rempli cette année.

Mais Étienne Alary, son directeur général, ne perd pas de vue sa mission : «continuer de bien aiguiller, épauler et soutenir nos entrepreneurs francophones qui veulent se lancer en affaires ou qui veulent prendre de l’expansion».

Parmi les nombreux projets, on retrouve celui du Réseau touristique bilingue du nord de l’Alberta. Grâce à l’investissement fédéral, ces routes bilingues pourront s’étendre au sud de la province. Cinq cents nouveaux attraits seront proposés. Musées, brasseries artisanales ou restaurants seront mis à l’honneur.

Le CDÉA prévoit également de poursuivre le projet pilote de panneaux d’affichage bilingues à Lac La Biche et à Plamondon. Dans le rapport à la communauté, le Conseil témoigne l’engagement des deux municipalités «à ce qu’une bannière sur deux soit bilingue sur les rues principales». Une promesse que le directeur général apprécie. «On sent une volonté au niveau municipal alors on veut continuer à travailler cet aspect du bilinguisme.»

Avec des changements au sein du conseil d’administration, le CDÉA sera occupé. Étienne Alary s’enchante, «on dirait que les années se suivent et se ressemblent».

Le CDÉA est fier d’accueillir cinq nouveaux administrateurs pour leur premier mandat : Mélina Bégin, Marie Lanquetin, Isabelle Leblond, Alèthe Kaboré et Louise Ménard. Pour plus de renseignements : lecdea.ca

Réseau santé Alberta (RSA)

Pour continuer à offrir un accès à la santé en français, le RSA se mobilise davantage grâce à un nouveau plan stratégique triennal, une vision et une mission renouvelée.

Depuis mars 2021, un groupe de travail ministériel a été formé à la demande du ministre de la Santé. Il s’est réuni à trois reprises au cours des derniers mois. Cela permet, d’après le rapport annuel de l’organisme, de «mettre en œuvre le plan d’action du ministère en lien avec la Politique en matière de francophonie du gouvernement de l’Alberta».

Et puisqu’en Alberta, aucune loi provinciale n’oblige l’offre active de services de santé en français, son directeur général, Paul Denis, atteste que «si la province le fait, c’est parce que la communauté a réussi à la convaincre de rencontrer ses besoins».

Il souligne également l’importance de ces réunions. «Il faut investir beaucoup de temps et d’énergie pour faire le réseautage afin de leur faire comprendre l’importance de la langue pour les services de santé.»

Une participation qui a porté ses fruits puisque deux recommandations faites par le RSA ont été prises en compte dans ce plan d’action 2020-2023 du ministère de la Santé. La première est de créer et de faire connaître à la communauté francophone la liste des services en français existant dans la province et la seconde, de recenser les professionnels de santé bilingues et francophones.

Le directeur général reste réaliste, «on n’arrivera jamais à tout faire en 100 ans, mais on a des objectifs et on va continuer à les suivre».

Il n’y a eu aucun changement au conseil d’administration du RSA puisque les personnes dont le mandat venait à échéance ont toutes accepté de reprendre leurs rôles. Pour plus d’information : rsa-ab.ca

Petit retour en arrière. C’est dans les années 1860 au Colorado (États-Unis) que John B. Stetson a eu l’idée de génie d’inventer un chapeau de qualité en feutre de fourrure pour les cowboys après un voyage dans l’ouest du pays.

Ce matériau composé de fibres naturelles, telles que le coton, la laine de mouton ou les poils d’animaux, reliées entre elles, assure une solidité à toute épreuve au chapeau. Bien sûr, aujourd’hui, il en existe aussi en fibres synthétiques, moins onéreux.

Le bloc de bois solide, placé au milieu de la machine de blocage, permettra de mouler la forme du chapeau. La calotte du chapeau est à nouveau bloquée dans une presse hydraulique afin d’en façonner les bords. Et voilà! La forme de la couronne et des bords est bien modelée; il ne reste plus qu’à effectuer les derniers ajustements. Crédits : Chloé Liberge

Le bloc de bois solide, placé au milieu de la machine de blocage, permettra de mouler la forme du chapeau. La calotte du chapeau est à nouveau bloquée dans une presse hydraulique afin d’en façonner les bords. Et voilà! La forme de la couronne et des bords est bien modelée; il ne reste plus qu’à effectuer les derniers ajustements. Crédits : Chloé Liberge

Avec une couronne haute pour couvrir le haut du crâne et un large bord rigide pour protéger le visage, le cou et les épaules des rayons du soleil, son créateur ne pensait pas qu’il allait révolutionner toute une culture avec ce couvre-chef.

Vendu en millions d’exemplaires dans le monde entier, le Boss of the Plains (le patron des plaines), aujourd’hui Stetson en hommage à son créateur, est LE chapeau de cowboy par excellence.

Un chapeau de cowboy blanc pour Calgary

La ville de Calgary a, elle aussi, son propre modèle : le fameux chapeau de cowboy blanc. C’est en 1946 que Morris Schumiatcher, rebaptisé Smith, a l’idée de ce fameux «White Hat». Variation de l’original Stetson, il ne connaîtra le succès que l’année suivante lorsque la famille du pétrolier William Stewart Herron le revêt avec fierté à l’occasion du Stampede.

«J’ai grandi dans un ranch en portant des chapeaux, alors c’est vraiment devenu une passion.» Brian Hanson

Rob Lennard, historien bilingue spécialisé dans la période western albertaine du Ranch historique de la vallée de la Bow, prend plaisir à narrer cette histoire. «Et devinez quoi, la famille a gagné le prix de la meilleure tenue lors de la parade!», relate le directeur de l’éducation et de la sensibilisation au Ranch historique de la vallée de Bow.

Cette année, Rob Lennard, historien et directeur de l’éducation et de la sensibilisation au Ranch historique de la vallée de la Bow, participera pour la 50e fois au Stampede de Calgary. Crédit : Courtoisie

Cette année, Rob Lennard, historien et directeur de l’éducation et de la sensibilisation au Ranch historique de la vallée de la Bow, participera pour la 50e fois au Stampede de Calgary. Crédit : Courtoisie

À la suite de cet événement, l’équipe de football de Calgary, les Stampeders, participe à la finale de la Coupe Grey, championnat de la Ligue canadienne de football (LCF), en 1948. Afin d’assister à l’événement se déroulant à Toronto, des centaines de fans font le voyage, le chapeau de cowboy blanc sur la tête. Un choix vestimentaire qui a permis à ce couvre-chef d’atteindre une certaine renommée.

Aujourd’hui, bien que de nouveaux propriétaires aient repris les rênes de la boutique Smithbilt Hats, située à Calgary, sa réputation est restée intacte.

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Un chapeau créé sur mesure

C’est avec le sourire, un café à la main, que Brian Hanson commence la journée dans l’atelier de Smithbilt Hats. Au milieu des différentes machines, il aime son métier. «J’ai grandi dans un ranch en portant des chapeaux, alors c’est vraiment devenu une passion», explique le maître-chapelier.

Ici, tout est fabriqué sur mesure. Du choix de la taille à la couleur du textile, noir, marron, rose : il y en a pour tous les goûts. Une fois la calotte en feutre choisie, elle est placée dans une machine de moulage. Ensuite, un bloc en bois dur va définir la forme de la couronne grâce à la vapeur de l’appareil.

Chapeau en feutre l’hiver ou en paille l’été, le cowboy Pascal Isabelle en a toujours un sur la tête. Crédit : Courtoisie

Chapeau en feutre l’hiver ou en paille l’été, le cowboy Pascal Isabelle en a toujours un sur la tête. Crédit : Courtoisie

La deuxième étape consiste à presser la calotte, préalablement sablé pour obtenir une finition lisse, dans une presse hydraulique. À l’aide d’une matrice, moule ayant une forme spécifique, et d’une selle, semblable à celle d’un cheval, placée au-dessus, les bords du chapeau vont être façonnés. Selon les exigences du client, certains sont confectionnés à la main.

Il ne reste plus qu’à personnaliser l’accessoire. Ceinture, doublure et bourdalou, tous sont cousus manuellement. Un savoir-faire dont Brian Hanson est fier. «Chaque client peut avoir son propre chapeau.»

Plus qu’un couvre-chef, un réel symbole

C’est aussi cette singularité entre chaque accessoire qui attire de nombreux curieux. Les passionnés de western, les policiers de la ville et même le cinéma, tous réclament l’expertise de Smithbilt Hats.

Comme le Stetson l’a été, le White Hat a été porté par de nombreux acteurs. Kevin Costner dans Open Range ou Brad Pitt dans Légendes d’automne en ont été de fiers ambassadeurs.

Qui aurait pu penser qu’un simple accessoire deviendrait le symbole de toute une culture western? Pour Rob Lennard, il ne s’agit pas d’un simple chapeau, c’est une réelle symbolique.

Ce chanteur et compositeur de musique country n’a jamais la tête nue. Lors de ses concerts, il l’expose comme un trophée. «Le chapeau de cowboy signifie beaucoup pour moi et puis, avec, nos cheveux ne connaissent jamais de mauvais jours», dit en riant celui qu’on surnomme History Wrangler.

«Le chapeau de cowboy signifie beaucoup pour moi.» Rob Lennard

Et ce n’est pas Pascal Isabelle qui dira le contraire! Pour ce professionnel de rodéo, impossible de monter à cheval sans cet accessoire essentiel à la tenue. «Je ne peux pas mettre de chemise et de jean sans chapeau de cowboy», s’amuse ce Québécois installé aujourd’hui en Alberta.

«Je ne peux pas mettre de chemise et de jean sans chapeau de cowboy.» Pascal Isabelle

Toutes les fins de semaine, il l’enfile aussi avant de partir en compétition. «C’est un peu une partie de mon équipement et de moi aussi», ajoute celui qui attend une invitation pour participer au Stampede 2022.

Rendez-vous donc le 8 juillet prochain pour arborer ce symbole de la culture western lors de l’emblématique festival ouest-canadien.

Considéré comme le père de l’industrie pétrolière de l’Alberta, William Stewart Herron a découvert un liquide de gaz naturel provenant des bords de la rivière Sheep. Ce suintement se révéla être du pétrole, ce qui permit à William de fonder son entreprise Calgary Petroleum Products. Pour découvrir sa biographie : biographi.ca/fr.
Pour en savoir plus sur l’entreprise Smithbilt Hats et son histoire : smithbilthats.com.

Madeleine Langley et Kalika Thibodeau, les deux jeunes guides francophiles, se sont habillées en costumes d’époques pour l’occasion. Anciennes élèves de l’immersion française à Lethbridge, elles sont ravies de retrouver la langue de Molière le temps d’une visite.

En 1873 par la création de la Police à cheval du Nord-Ouest (PCN-O). De l’Alberta à la Saskatchewan, en passant par le Manitoba et le Nunavut, son but était de faire respecter l’ordre et la loi.

Jusqu’en 1920, début de la prohibition aux États-Unis, la PCN-O contribue à l’arrestation de nombreux marchands de whisky américains. Un trafic de contrebande, source de violences et de conflits avec les Autochtones, notamment les nations Tsuu T’ina et Siksika de la Confédération des Pieds-Noirs.

L’exposition va alors mettre en avant le développement de la police au cours de plus d’un siècle d’existence. Ancienne appellation de la Gendarmerie royale du Canada, la PCN-O a acquis une reconnaissance mondiale pour ses différentes actions. Sandi Davis, directrice du musée, considère cette exposition comme «une expérience d’apprendre l’histoire de l’Ouest canadien».

«Une expérience d’apprendre l’histoire de l’Ouest canadien.» Sandi Davis

Retracer l’historique du fort Macleod

Tout commence en 1874 lorsque le chef de la PCN-O, le colonel James Farquharson Macleod, né en Écosse en 1836, construit le premier fort en son nom. Situé sur l’île homonyme, à environ 150 kilomètres au sud-est de Calgary, il s’agit du quartier général de la police. Cependant, neuf ans plus tard, la rivière Oldman déborde, obligeant le fort à être déplacé vers un terrain plus élevé.

Ce poste avancé a permis, entre autres, de réprimer le commerce du whisky florissant à l’époque puisque «l’eau-de-feu» était utilisée comme monnaie d’échange dans la traite des fourrures entre les autochtones et les colons européens d’Amérique du Nord.

La suspension de ce commerce par James Macleod lui permet d’entretenir des relations amicales avec les Premières Nations et avec Crowfoot (Pied-de-Corbeau en français), chef de la nation Siksika de la Confédération des Pieds-Noirs. Il a été reconnu comme l’instigateur «du climat de patience, de raison et de diplomatie qui caractérisa les rapports de la Police à cheval du Nord-Ouest et de la population autochtone jusque dans les années 1890».

Crowfoot (Pied-de-corbeau en français) était le chef de de la nation siksika de la confédération des Pieds-Noirs. Il a notamment participé aux négociations et à la signature du Traité no 7. Crédit : Chloé Liberge

Crowfoot (Pied-de-corbeau en français) était le chef de de la nation siksika de la confédération des Pieds-Noirs. Il a notamment participé aux négociations et à la signature du Traité no 7. Crédit : Chloé Liberge

Au musée, la maquette du fort Macleod est exposée pour comprendre l’architecture et la vie militaire de ce lieu. Ce dernier n’a pas été construit pour les batailles ni les guerres, mais pour permettre aux officiers de suivre une formation de trois ans.

Petite anecdote : durant cette période, les officiers n’étaient pas autorisés à se marier. Et s’ils l’étaient déjà, leur famille n’était pas autorisée à venir. Seule exception à la règle : la femme et la fille du chef de la PCN-O. Cependant, cette règle changea lors de la construction du deuxième site où les familles étaient alors les bienvenues.

Dans ce petit village fortifié se trouvaient également une bibliothèque, une salle de billard et même une piste de bowling!

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De multiples artefacts pour mieux comprendre l’histoire

Afin de mieux se plonger dans la vie de ces officiers, une chambre a été totalement reconstituée. Installées dans plusieurs comtés du Nord-Ouest, ces cabanes hébergeaient chacune un policier et son cheval afin de contrôler la zone. Une cellule de prison, avec un lit, une table et une chaise, était également présente pour arrêter les coupables.

Les galeries comprennent de nombreux objets, notamment le premier uniforme des gendarmes de la PCN-O. Ces derniers étaient alors vêtus d’une veste rouge, couleur de l’Empire britannique, afin de se distinguer du bleu des troupes américaines.

Parmi le costume, on retrouve également le couvre-chef noir. Ce chapeau original n’offrait aucune protection contre le soleil. Alors, les hommes lui trouvèrent une autre utilisation : contenir de la nourriture pour les chevaux. «Cela lui a valu le surnom de bonnet de fourrage», précisent Madeleine et Kalika, interprètes du musée.

Autre élément important de cette exposition : le chariot utilisé lors de la marche vers l’Ouest de juillet 1874. Pendant deux mois, la PCN-O voyage de Dufferin (Manitoba) jusqu’à Lethbridge (Alberta) pour arrêter des trafiquants de whisky au fort Whoop-Up, à la jonction des rivières Oldman et St. Mary, dans le sud de la province albertaine, plaque tournante du commerce illégal.

Malgré l’importance de cette mission, cette expédition a coûté cher aux forces de la PCN-O. «Quatre-vingt-trois chevaux sont morts de surmenage et de malnutrition et beaucoup d’hommes sont également tombés malades pendant le voyage», souligne Madeleine.

«Quatre-vingt-trois chevaux sont morts de surmenage et de malnutrition et beaucoup d’hommes sont également tombés malades pendant le voyage.» Madeleine Langley

Plusieurs bâtiments réunis en un même lieu

Cependant, la visite ne s’arrête pas là. Dans la cour, d’autres bâtisses peuvent être visitées. Certaines retracent l’histoire du commerce du whisky, d’autres celles des Premières Nations. À travers plusieurs galeries, les visiteurs explorent l’historique de la PCN-O ainsi que le rôle qu’elle a joué dans la colonisation de l’Ouest canadien.

La Britanno-Colombienne Tina Lee vient pour la première fois ici. «Des amis nous rendent visite, alors on est venu pour mieux connaître le pays et son histoire», raconte cette bilingue native de Hong Kong. Et elle n’est pas la seule! Chaque année, de nombreux touristes du monde entier viennent se renseigner sur le fort Macleod. Cependant, Sandi Davis précise qu’au cours des 24 derniers mois, il s’agissait surtout d’Albertains venus soutenir le tourisme local et régional.

«Alors, nous sommes très contents de voir que notre fréquentation a augmenté cette année avec la réouverture des frontières», poursuit la directrice du musée. Avant la pandémie, le musée du fort Macleod accueillait 15 000 personnes, un chiffre que le personnel espère retrouver pour cette saison.

Fondé par l’organisme sans but lucratif Fort Macleod Historical Association, le musée a été construit avec le soutien de la Gendarmerie royale du Canada. Pour en savoir plus : nwmpmuseum.com.
La Police à cheval du Nord-Ouest (PCN-O) est célèbre pour avoir mis fin au trafic du whisky et à la violence qu’il en découlait. En 1920, elle devient officiellement la Gendarmerie royale du Canada. Voici un article retraçant toute son histoire : thecanadianencyclopedia.ca/fr.
La Confédération des Pieds-Noirs comprend trois nations autochtones – les Siksikas, les Piikani et les Kanai – toutes vivant en Alberta. Si vous souhaitez en découvrir davantage sur leurs modes de vie : thecanadianencyclopedia.ca/fr.

La visite débute au premier étage de l’édifice par la une des journaux au lendemain de la catastrophe. Les nouvelles vont vite : la montagne Turtle s’est effondrée brusquement, détruisant le village minier de Frank sur son passage.

Tout a commencé le 10 septembre 1901 lorsque Henry Frank et Sam Gebo, fondateurs de la Canadian American Coal and Coke Company, souhaitent installer une mine de charbon dans l’antre du mont Turtle. Persuadés de l’importance du gisement, ils font fi des informations des peuples Pieds-Noirs et Kootenays qui refusaient de camper à proximité et la surnommaient «la montagne qui bouge».

Le Centre d’interprétation Frank Slide a ouvert ses portes le 28 avril 1985. Crédit : Courtoisie

Le Centre d’interprétation Frank Slide a ouvert ses portes le 28 avril 1985. Crédit : Courtoisie

Les deux hommes d’affaires américains fondent la municipalité afin d’accueillir les mineurs et leurs familles. Le village était promis à un bel avenir par la quantité et la qualité du charbon que le mont Turtle renfermait, et devait devenir le rival de Pittsburgh, en Pennsylvanie, aux États-Unis.

Mais deux ans après le début de son exploitation, à 4 h 10 au petit matin du 29 avril 1903, tout bascule.

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Une tragédie à ne surtout pas oublier

Alors que les 600 habitants de Frank dorment à poings fermés, 110 millions de tonnes de calcaire se détachent du sommet de la montagne. Cette masse rocheuse, haute de 450 mètres, glisse et se brise en fragments, saccageant toutes les bâtisses sur son chemin.

Deux kilomètres de rails du chemin de fer du Canadian Pacific, allant de Vancouver à Montréal, ont également été recouverts. Au total, 110 personnes sont tuées lors de cette tragédie.

 Témoin de la catastrophe de la mine Hillcrest, le tableau où les mineur doivent déposer leur médaille après être sortis des cavités est presque vide le jour de la catastrophe. Elle a fait 189 victimes. Crédit : Arnaud Barbet

Témoin de la catastrophe de la mine Hillcrest, le tableau où les mineur doivent déposer leur médaille après être sortis des cavités est presque vide le jour de la catastrophe. Elle a fait 189 victimes. Crédit : Arnaud Barbet

À l’époque, à cause de l’extraction de charbon au pied de la montagne, la compagnie minière est tenue responsable. Cependant, après des années de recherche, les scientifiques réfutent cette hypothèse comme cause principale de la catastrophe.

Effectivement, l’exploitation du charbon a contribué à cet effondrement, mais c’est la structure géologique du mont Turtle qui était tout d’abord instable. À cause de fissures au sommet de la montagne, de l’eau a pu pénétrer et ronger le calcaire présent, créant cette fragilité meurtrière.

Première de la série de bandes dessinées qui retracent l’histoire des mineurs de la région coécrit par Joey Ambrosi. Crédit : Arnaud Barbet

Première de la série de bandes dessinées qui retracent l’histoire des mineurs de la région coécrit par Joey Ambrosi. Crédit : Arnaud Barbet

Joey Ambrosi, superviseur du Centre d’interprétation, souhaite se remémorer cette catastrophe. «En tant qu’historien, il est très important de raconter l’histoire des gens ordinaires afin de garder leur histoire vivante».

«En tant qu’historien, il est très important de raconter l’histoire des gens ordinaires afin de garder leur histoire vivante.» Joey Ambrosi

Pour lui, c’est aussi là que se distingue le Centre d’interprétation. «Il y a encore beaucoup de musées où vous pouvez apprendre sur les rois, reines et les batailles, alors ici, c’est un type d’histoire différent.»

Afin de mieux vous imprégner de cette catastrophe, n’hésitez pas à vous faufiler dans ce dédale de salles où images d’archive, artéfacts de l’époque et reconstitution de lieux vous interpellent. Il est aussi possible de décrocher un des téléphones mis à disposition pour écouter les déclarations des témoins. Prenez aussi le temps de vous recueillir dans la salle dédiée à la mémoire des victimes.

Instruire les plus jeunes grâce à des jeux ludiques

C’est lors de la rénovation du musée en 2009 que l’aspect ludique et pédagogique pour les plus jeunes a pris forme. «Avant, il y avait beaucoup d’expositions avec juste du texte et peut-être une petite photo», rapporte Joey Ambrosi.

Étant donné que beaucoup de jeunes écoliers visitent ce lieu, des moyens créatifs et originaux sont mis en place afin de capter leur attention. Cela peut être de simples éléments interactifs tels que des casse-têtes, des dessins ou des boutons à appuyer pour lire le texte, mais aussi des programmes plus pointus.

À l'étage la reconstitution de la vallée et des mines qui la jalonnent. Crédit : Arnaud Barbet

À l’étage la reconstitution de la vallée et des mines qui la jalonnent. Crédit : Arnaud Barbet

Les élèves, comme les adultes, ont aussi de quoi s’occuper à l’extérieur du bâtiment. Un chemin de découverte d’un kilomètre dans les éboulis leur enseigne la géologie grâce à des panneaux explicatifs. À l’intérieur du bâtiment, c’est une chasse au trésor qui les attend.

Le superviseur du Centre d’interprétation précise, «il s’agit de libérer de l’énergie, d’aller chercher des informations et de prendre un peu de temps pour regarder nos expositions». Cet historien révèle que «nous avons réalisé que nous devions également nous occuper des enfants, car s’ils sont heureux, les parents le sont aussi».

Joël Anderson, enseignant à GS Lakie Middle School, vient au musée avec ses élèves pour une troisième année. Crédit : Chloé Liberge

Joël Anderson, enseignant à GS Lakie Middle School, vient au musée avec ses élèves pour une troisième année. Crédit : Chloé Liberge

Et c’est mission réussie selon les élèves de GS Lakie Middle School située à Lethbridge. Leur enseignant, Joël Anderson, est également ravi de cette visite. «C’est une belle expérience pour les enfants de sortir de la ville, y voir la nature et apprendre», se réjouit-il.

«C’est une belle expérience pour les enfants de sortir de la ville, y voir la nature et apprendre.» Joël Anderson

Chaque enfant explore le musée avec une feuille de papier et un crayon à la main à la recherche de renseignements. Une initiative que l’enseignant aurait aimé connaître à leur âge, «quand j’avais 12 ou 13 ans, je ne m’arrêtais pas pour lire les signes et regarder». Il poursuit, «mais quand les enfants cherchent quelque chose de précis, cela les motive à s’arrêter pour lire et réfléchir».

L’éboulement de Frank, un malheur parmi tant d’autres dans la province

Vous pourrez aussi vous installer confortablement dans la salle de cinéma et vivre au plus près la catastrophe grâce à un documentaire-fiction très réaliste. Mêlant images d’archive et de reconstitution, il permet au spectateur de s’immerger complètement.

Un autre court-métrage est proposé afin d’en savoir plus sur l’industrie minière de l’époque et surtout sur les grandes catastrophes qui ont secoué la région. Attention «au coup de grisou», ce gaz hautement explosif composé de 90% de méthane. Invisible et inodore, il se dégage des couches de charbon et devient la bête noire des mineurs lorsqu’il compose 10 à 15 % de l’air ambiant.

Lors de la visite du site à l’extérieur, nous pouvons également apercevoir Bellevue et Hillcrest, deux villes ayant vécu les pires désastres miniers de l’histoire de l’Alberta. La première s’est déroulée en 1910 et a coûté la vie à 31 des 42 hommes présents, alors que la seconde a tué la moitié du personnel, soit 189 travailleurs, quatre ans plus tard.

C’est pourquoi pour Joey Ambrosi, il est nécessaire de ne pas oublier. «Ce sont des vies humaines, des gens ordinaires qui meurent en faisant leur travail. Alors, il est très important que nous gardions l’histoire de ces tragédies vivantes», aspire-t-il.

Joey Ambrosi a coécrit plusieurs bandes dessinées afin de retracer l’histoire des mineurs de la région. Un outil pédagogique uniquement disponible en anglais pour l’instant.
Durant l’été, le Centre d’interprétation Frank Slide est ouvert tous les jours, de 10h à 17h. Pour planifier votre visite : frankslide.ca.
Lors de cette catastrophe
• 110 personnes ont perdu la vie.
• Parmi elles, 90 se trouvaient sur la trajectoire du glissement de terrain.
• 17 des 20 hommes travaillant de nuit ont été piégés dans la mine, mais ont tout de même réussi à s’échapper en creusant leur chemin vers la surface en 13 heures.
• Les 3 autres hommes travaillant à l’extérieur ont été tués.
• La voie ferrée a été reconstruite en 17 jours.

Ranchs, barbelés dans la prairie, sites historiques, boutique de jerky (viande séchée), cette escapade m’a véritablement plongée dans la culture western sur ce tronçon de route au sud de Calgary.

Après une petite heure de voiture, l’estomac crie famine. Un premier arrêt s’impose à Turner Valley. Un village pittoresque situé à côté de Black Diamond (diamant noir en français), une référence à la qualité du charbon autrefois extrait dans la région.

Au bout de la rue principale, j’aperçois le Chuckwagon Cafe sur la droite. Des habitués attendent l’ouverture, dehors, sous la pluie battante. L’un d’eux porte d’ailleurs fièrement son chapeau de cowboy!

Terry et son employée Susan accueillent les touristes, comme les habitués, avec le sourire aux lèvres. Crédit : Chloé Liberge

Il y a plus d’une vingtaine d’années, la vieille grange rouge a été rénovée, puis transformée en café-restaurant. Accueillie par le propriétaire Terry Muhri dans un intérieur rustique, mais décoré avec goût d’une multitude d’accessoires de la culture western. Un lieu intime où l’on se sent chez soi. D’ailleurs, Terry voit cet endroit comme «un lieu d’échanges avec les gens».

Au menu : œufs, saucisses et pancakes à la myrtille (ou bleuet). De quoi faire saliver les yeux et égayer les papilles. «Bon appétit!», me souhaite Susan, en déposant mon assiette sur le bar. Un petit clin d’œil amical à mes origines qui me fait sourire.

Après m’être rempli la panse et avoir échangé avec les habitués, il est temps de reprendre la route! Sur le trajet, le panorama n’en finit pas. Des collines verdoyantes où s’accrochent des pins bousculés par le vent, des pâturages tachetés de bétail, des cours d’eau gonflés par les intempéries, le charme et la rudesse de l’Ouest se dévoilent à perte de vue. Au loin, la beauté des Rocheuses se montre, timide, entre deux averses.

Des vestiges d’anciennes granges qui luttent contre les éléments. Crédit : Arnaud Barbet

Férue d’animaux, je ne suis pas déçue par le voyage! Des moutons imperturbables, des alpagas fiers, des chevaux élancés et des bovins trapus croisent ma route. Cela semble l’occasion idéale pour enfiler ses bottes et son chapeau de cowboy et de partir en randonnée équestre malgré la tempête.

Faute de temps, je laisse le Bar U Ranch sur la droite avant de filer vers le centre d’interprétation Frank Slide, à Blairmore, dans le sud-ouest de la province. Mais j’y retournerai, c’est certain.

La Cowboy Trail va de Mayerthorpe, située à plus de 130 kilomètres à l’ouest d’Edmonton, jusqu’à Lundbreck Falls, au sud de l’Alberta. Elle s’étend sur 584 kilomètres et est signalée par des panneaux noir et orange avec une silhouette de cowboy à cheval.
• Cowboy Trail (en anglais) : thecowboytrail.com
• La route des cowboys en français Tourisme Alberta : snip.ly/o96193

Cette annonce prononcée le 24 mai dernier par l’honorable Randy Boissonnault, ministre du Tourisme et ministre associé des Finances, au nom de l’honorable Daniel Vandal, ministre responsable du Développement économique Canada pour les Prairies (PrairiesCan), a fait des heureux dans la francophonie.

Le CDÉA, porteur du tourisme francophone en Alberta, souhaite continuer un projet à succès démarré, il y a quelques années : le Réseau touristique bilingue du nord de l’Alberta, communément appelé les «routes bilingues du Nord». Mais cette fois, l’action se passera au sud de la province.

Étienne Alary, directeur général du CDÉA, veut mettre en valeur des attraits essentiels de l’Alberta un peu moins connus des touristes. Crédit : Courtoisie

Étienne Alary, directeur général du CDÉA, veut mettre en valeur des attraits essentiels de l’Alberta un peu moins connus des touristes. Crédit : Courtoisie

Le principe est simple : donner accès aux touristes à des lieux moins fréquentés que les parcs nationaux de Jasper ou de Banff. Ainsi, on proposera aux visiteurs des centaines d’attraits loin des sentiers battus. Restaurants, musées, brasseries artisanales seront au rendez-vous d’itinéraires exclusifs où les services seront offerts dans les deux langues officielles.

Le directeur général de l’organisme, Étienne Alary, voit cette opportunité pour les entrepreneurs anglophones de signaler «qu’ils voient le bilinguisme comme une valeur ajoutée en termes de visibilité». Il continue en témoignant de l’importance pour les entrepreneurs de participer à cette initiative. «Cela leur permet de montrer qu’ils offrent des services en français», atteste-t-il.

«Cela leur permet de montrer qu’ils offrent des services en français.» Étienne Alary

Il espère donc passer de 200 attraits touristiques sur les routes du Nord à 750 dans toute l’Alberta. Avec un délai de deux ans pour effectuer ces avancements, le CDÉA s’active à trouver des entreprises francophones prêtes à participer au projet.

D’autres projets en vue

«Nous aimerions aussi développer une série de BaladoDécouvertes vers Edmonton», stipule Étienne Alary. Grâce à des panneaux placés à côté de certains monuments mythiques de la ville, le visiteur peut scanner un code QR et découvrir l’histoire des lieux. Un circuit similaire avait déjà été créé à Calgary dans le quartier francophone de Rouleauville (BaladoDécouverte Rouleauville, le quartier historique francophone de Calgary).

Enfin, le CDÉA espère développer deux autres économusées. Ce concept québécois vise à mettre en évidence des artisans à l’œuvre en allant à leur rencontre sur leur lieu de travail. Une véritable expérience pour les visiteurs, mais aussi pour l’hôte.

Noëlla Sommerville, fondatrice de Healing à la Source, est fière d’être la seconde entreprise albertaine à être accréditée comme telle. Avec un musée, une boutique et son atelier, cette native de la ville de Québec prend plaisir à partager ses arts, le travail du cuir et la conception de vitraux. «Ce que j’aimerais, c’est avoir des personnes d’un peu partout dans le monde qui viennent et que je leur transmettre mon savoir», désire cette résidente de Lac La Biche.

«Ce que j’aimerais, c’est avoir des personnes d’un peu partout dans le monde.» Noëlla Sommerville

Valoriser les deux langues officielles

Cette artiste admire également le côté bilingue de l’économusée. Avec plusieurs panneaux sur les techniques du vitrail traduits dans les deux langues et quelques démonstrations, Noëlla est fière de pouvoir échanger avec chaque individu. «Les gens sont contents que j’offre des services en français», se réjouit-elle.

C’est aussi pour répondre aux besoins des entrepreneurs d’expression française en Alberta qu’œuvre le CDÉA. Mais grâce à cette initiative, ils peuvent étendre leurs horizons. En Alberta, les touristes francophones sont souvent québécois, mais aussi «internationaux qui ne maîtrisent pas la langue française, alors, des fois, offrir des éléments en français pour eux, c’est une bonne première étape».

Grâce à ce projet, le CDÉA souhaite également faire un lien avec l’histoire des Premières Nations en mettant davantage en valeur les entrepreneurs autochtones. Crédit : Courtoisie

Grâce à ce projet, le CDÉA souhaite également faire un lien avec l’histoire des Premières Nations en mettant davantage en valeur les entrepreneurs autochtones. Crédit : Courtoisie

Le directeur général espère finalement que ce projet de routes touristiques bilingues au sud de la province connaîtra le même succès que celui du Nord. «Cela permet à la fois d’aider les entrepreneurs et de rayonner en national et à l’international», révèle-t-il.

Envie d’une excursion à travers l’Alberta tout en parlant français? Rendez-vous sur tourismealberta.ca pour créer votre itinéraire et aller à la rencontre de tous ces commerçants.
Pour Noëlla, l’art peut aider chaque individu à guérir de l’intérieur. Si vous êtes intéressé par son travail ou souhaitez lui rendre visite : facebook.com/healingalasource.
Véritable soutien pour les entreprises de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba, PrairiesCan contribue à leur développement grâce à des programmes et diverses initiatives. Pour en savoir plus : canada.ca/fr/.html.
Livré par les agences de développement régional (ADR) et Innovation, Science et Développement économique Canada (ISDE), le Fonds d’aide au tourisme (FAT) permet aux organismes et aux entreprises touristiques d’accroître leurs activités. Pour en apprendre davantage : canada.ca/fr/.html.
À travers le BaladoDécouverte, un circuit piéton est proposé pour visiter le quartier francophone de Rouleauville à Calgary : baladodecouverte.com.

Après la visite des lieux, de nombreuses présentations ont lieu sur une scène créée pour la soirée. Discours de bienvenue et conférences d’entrepreneurs sur leurs parcours respectifs, les interventions ont une ambition commune : mettre en avant l’entrepreneuriat de la province.

Puis vient l’heure du réseautage! Au milieu de botokoins, beignets africains, et de fatayas, bouchées à la viande sénégalaises, chacun fait connaissance, un verre à la main. Les rires s’élèvent, les conversations fusent, que ce soit en anglais ou en français, à BCW in Action, les deux langues officielles sont valorisées.

Fondé en 2017 par Jeanne Lehman à Edmonton, cet organisme sans but lucratif encourage les femmes noires canadiennes à entrer dans le monde des affaires. Grâce à des ateliers culturels ou encore des programmes offrant des outils en comptabilité et marketing, elles sont accompagnées afin de faire leurs premiers pas en tant qu’entrepreneures.

Les nombreux enjeux auxquels font face les entrepreneures noires

Cette association et l’installation d’un nouveau bureau à Calgary étaient donc nécessaires pour Jeanne Lehman afin de mettre en avant les femmes noires, souvent oubliées. Elle s’indigne, «non seulement elles ne sont pas représentées dans les postes de leadership, mais il y a aussi beaucoup de stéréotypes sur elles».

Des clichés auxquels Élodie Kouadio a dû faire face lors du lancement de sa marque de vêtements venant d’Afrique, Tagna Fashion. Les clients entraient et sortaient avec tous la même expression, celle qui faisait comprendre à la vendeuse qu’ils étaient réticents à l’égard de ses habits. L’Ivoirienne se remémore, «quand j’approchais une personne et que son regard me brisait, je n’avais pas le courage d’aller vers elle et de lui parler».

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Les hommes noirs ont également vécu ce mépris. C’est le cas de Thierry Kouembi lors de son arrivée au Canada en 2015 avec sa femme. Elle est modéliste, lui travailleur social avec une formation marketing, un mélange parfait pour créer leur entreprise de mode. Kem’s Fashion voit donc le jour l’année suivante. Du patron jusqu’à la finition des habits, leurs produits sont fabriqués localement et sur mesure.

Ce natif du Cameroun relate les débuts de son commerce, «il y avait de la méfiance avec la clientèle, mais aussi avec les employés». Thierry Kouembi évoque des situations dont il a souffert, «tu vas embaucher certaines personnes, puis ils vont se rendre compte que c’est toi qui es à la tête de l’entreprise et ils ne veulent plus y être».

Prêter main-forte aux entrepreneurs

Pourtant, le cofondateur de Kem’s Fashion garde le sourire. Avec le temps, l’entreprise a su faire ses preuves et gagner en crédibilité. Un résultat qu’il doit en partie au Conseil de développement économique de l’Alberta (CDÉA) qui aide de nombreuses entreprises francophones à se développer dans la province.

Grâce à l’assistance du CDÉA, l’homme d’affaires a pu apprendre à monter un plan stratégique et à observer le marché albertain. Cependant, l’entrepreneur reste aujourd’hui ouvert à d’autres opportunités.

S’il est présent ce soir, c’est aussi pour élargir ses horizons. Celui qui a longtemps embauché des réfugiés syriens pour la confection de ses habits insiste sur l’importance d’un tel projet. «C’est un endroit où on peut avoir une plateforme pour défendre les droits des marginalisés et, en même temps, cela permet aux entrepreneurs d’avoir une communauté toujours grandissante.»

«C’est un endroit où on peut avoir une plateforme pour défendre les droits des marginalisés.» Thierry Kouembi

Une entraide entre femmes qui ne passe pas inaperçue

Lors de cette soirée, des entrepreneurs ont exposé leurs produits, alors que des associations ont présenté leurs services pour informer la communauté. L’association sans but lucratif FADA LA SUNAMITE (FALS) faisait partie de celles-ci. Sa mission est de venir en aide aux jeunes filles congolaises défavorisées et victimes de violences en République démocratique du Congo, un pays où de nombreuses familles vivent dans la pauvreté.

Avec sa bienveillance, Colette Fada Mumbeya a fait part des actions de son organisme. «Ceux qui sont en âge de la scolarité, nous les amenons à l’école et les plus âgées, nous leur offrons des formations de couture, d’esthétique ou d’hôtellerie.»

C’est pourquoi la fondatrice de FALS se reconnaît dans les actions prônées par l’organisme BWC in Action. Son organisme œuvre, lui aussi, à promouvoir l’indépendance des femmes et filles dans la société. «Cela nous inspire, nous rassure et nous donne plus de valeurs», atteste cette entrepreneure arrivée au Canada en 2002.

«Cela nous inspire, nous rassure et nous donne plus de valeurs.» Colette Fada Mumbeya

Se serrer les coudes sans pour autant s’isoler

Afin de célébrer cette inauguration, la ministre associée de la Condition féminine de l’Alberta était présente. Le sourire aux lèvres, Whitney Issik témoigne de sa venue, «je suis tellement heureuse qu’ils ouvrent leur bureau, je pense que cela va être une ressource incroyable pour les femmes noires entrepreneures».

Un soutien qu’elle aurait aimé avoir lorsqu’elle a démarré son entreprise, il y a plusieurs dizaines d’années. «Il n’y avait pas d’association, de groupe ou de réseau sur lequel je pouvais compter à l’époque, alors je suis très heureuse que ces femmes disposent de ce réseau», avoue la députée provinciale pour la circonscription de Calgary-Glenmore.

Elle a donc espoir que BCW in Action aidera les femmes de la province à démarrer leur société puisque «chaque fois que quelqu’un ne démarre pas son entreprise, il laisse ce talent sur la table».

Pour Jeanne Lehman, voilà ce qu’il faut retenir. «Pour moi, ce n’est pas une revendication», atteste-t-elle. La directrice générale soutient, «bien sûr que nous avons beaucoup de défis en tant que noire, on ne peut pas le nier, mais si je suis là, c’est pour encourager ces femmes à s’élever, car elles ont du talent».

Ainsi, il ne s’agit pas seulement de se réunir autour d’une même communauté, c’est aussi partager sa culture avec l’ensemble du pays. Élodie Kouadio, de Tagna Fashion, en témoigne, «quand nous venons au Canada, nous venons avec nos différentes cultures, alors nous voulons les partager».

Voici donc toute l’ambition de l’organisme : s’aider chacune pour évoluer ensemble.

Organisme bilingue sans but lucratif, Femmes noires canadiennes en action (BWC in Action) œuvre dans trois secteurs : services communautaires, centre de carrière et services aux entreprises.
Pour en apprendre davantage : fr.bcwinaction.ca.
FADA LA SUNAMITE aide les jeunes filles à avoir accès à des formations et à devenir des entrepreneures. Si vous souhaitez faire un don ou en savoir plus sur ce projet : fadalasunamite.com.