le Lundi 9 septembre 2024

Dre Julie L. Hildebrand exerce en médecine familiale à Edmonton. Bilingue, elle est très heureuse de pouvoir répondre aux besoins de la francophonie plurielle de la capitale provinciale. Spécialiste du diabète, des dépendances et de l’utilisation du cannabis thérapeutique, elle privilégie la prévention et l’éducation.  

L’alimentation est et demeurera toujours un sujet d’actualité. Les raisons en sont bien simples: les aliments sont le carburant, la matière première qu’utilise le corps humain pour remplir ses différentes fonctions. Les conseils nutritionnels se sont modifiés au cours des ans en fonction de l’acquisition de nouvelles connaissances scientifiques dans le domaine, mais aussi en réponse à notre mode de vie moderne qui se veut beaucoup plus sédentaire. 

Par ailleurs, le nouveau guide alimentaire canadien reflète cette réalité. Plutôt que de discuter de portions et de quatre groupes alimentaires (viandes et protéines, fruits et légumes, produits céréaliers et produits laitiers), on insiste désormais sur l’apport de trois groupes essentiels ainsi que sur l’écoute des signaux de satiété. 

Chaque individu possède un métabolisme différent; ainsi les besoins caloriques sont extrêmement variés d’un sujet à l’autre. Apprendre à écouter son sentiment de satiété et prendre le temps de manger, c’est éviter de surconsommer. Les produits laitiers sont maintenant considérés comme des protéines. Il est aussi suggéré de choisir des protéines d’origine végétale plutôt qu’animale, car ces dernières contiennent aussi des gras saturés, ce qui peut s’avérer néfaste pour la santé cardiovasculaire. 

Guide alimentaire canadien

Principalement, le système digestif est une usine de transformation complexe. À partir des aliments seront extraits les macronutriments: les protéines, les glucides (sucres) et les gras. Ce sont les formes moléculaires que le métabolisme réduira en ses plus simples composantes pour nourrir les cellules et fabriquer de l’énergie. 

Les gras produisent le plus haut niveau d’énergie, à raison de 9 kcal par gramme consommé, contre 4 kcal par gramme consommé pour les glucides et les protéines. Toutefois, notre organisme, et principalement le cerveau, raffole des glucides, car leur digestion procure de l’énergie rapide, contrairement aux deux autres nutriments. Ce qui est obtenu rapidement se dissipe aussi rapidement. Voilà pourquoi il est utile de favoriser l’ingestion de glucides complexes, voir lents, comme les hydrates de carbone contenus dans les féculents et les grains entiers. L’absorption de sucres lents diminue l’arrivée en trombe des glucides dans le sang et réduit donc l’incidence des causes menant au diabète. 

La recommandation journalière dans la diète est de 50 g pour les protéines, 70 g pour les gras et 260 g pour les glucides. Les fibres viendront faciliter le transit intestinal et diminuer l’absorption du cholestérol. Les vitamines et minéraux (micronutriments) viendront optimiser toutes les opérations chimiques effectuées par le métabolisme.  

Liste de superaliments à introduire dans votre alimentation

  1. Les œufs : le blanc d’œuf constitue la protéine la plus complète. En effet, il se compose de tous les acides aminés nécessaires aux fonctions de l’organisme. L’œuf entier contient une panoplie de vitamines dont les liposolubles (A, D, E, K) et celles du complexe B, ainsi que plusieurs minéraux. Les oméga-3 y sont en forte concentration, ce qui a un impact positif sur la santé cardiovasculaire, le système immunitaire et le cerveau. Le jaune d’œuf contient entre autres de la carotène, ce qui prévient la dégénérescence maculaire et préserve la vision. Les œufs sont faciles à préparer et à agencer à plusieurs plats et peuvent se manger quotidiennement et remplacer la viande.
  2. Les légumineuses : les haricots, les lentilles et les pois sont riches en protéines et en fibres. Ce sont un excellent substitut à la viande tout en évitant l’apport en graisses. Des études ont rapporté que la consommation de plus de 100 g de viande rouge par jour contribue à une hausse de l’apparition du cancer colorectal (29%), du cancer de l’estomac/œsophage, du cancer du pancréas, du cancer du poumon, du cancer de l’utérus et du cancer de la prostate. Les légumineuses comportent des glucides complexes à faible index glycémique, des antioxydants, de la vitamine A, C et B9 ainsi que des phytostérols. Ceux-ci réduisent les risques d’obésité, de maladies cardiovasculaires et de diabète. Elles induisent un sentiment de satiété et combattent la constipation. Facile à préparer et à apprêter, elles sont peu couteuses et se préservent facilement. 
  3. Les graines et noix : Au top du palmarès, les amandes, les noix de Grenoble et les pistaches sont des sources riches en minéraux (calcium, magnésium, phosphore, sélénium, zinc et fer) ainsi qu’en gras polyinsaturés comme les oméga-3. Ils contiennent plusieurs vitamines (E et complexe B), antioxydants et anti-inflammatoires, en plus de regorger de fibres. Plusieurs individus les craignent à cause de leur forte teneur calorique. Il faut savoir qu’ultimement, toutes ces calories ne seront pas absorbées par l’organisme. Des études affirment que la consommation de 7 à 20 noix par jour ne fait pas grossir. Elles réduisent l’appétit, diminuent les taux de cholestérol sanguin et donc de maladies cardiovasculaires. Elles abaissent le risque de développer le diabète et le cancer du côlon. Elles sont bénéfiques au maintien de la mémoire et de la concentration. Elles peuvent être ajoutées aux yogourts, salades et plus encore. 
  4. Les bleuets : ils sont par excellence des antioxydants au goût sublime. Au naturel, nos cellules et tissus accusent au fur et à mesure des dommages induits par l’oxydation des membranes, ce que les biologistes nomment le stress oxydatif. Ce dernier a le potentiel d’engendrer des mutations qui mènent au vieillissement et à l’apparition de cancers. Les anti-oxydants viendront neutraliser ces effets et prémunir contre leurs conséquences néfastes. Les bleuets contiennent de la vitamine A, C et K en grande quantité. Ils sont aussi bourrés de manganèse, de fer et de potassium. Contenant peu de sucre et concentrés en fibres, ils agiraient au niveau intestinal comme des probiotiques. On leur reconnait plusieurs bienfaits, dont l’amélioration de la vision nocturne, du contrôle glycémique, de l’humeur et du maintien de poids. De plus, ils préviennent les infections urinaires. On peut s’en délecter à volonté, frais ou congelés. 
  5. Le chocolat : En plus d’être délicieux, il s’avère favorable sur plusieurs plans. Toutefois, ses propriétés bénéfiques sont liées à une concentration en cacao supérieure à 70%. Son contenu en flavonoïdes (antioxydant) protège contre la maladie cardiovasculaire et les accidents vasculaires cérébraux. Il favorise la circulation sanguine en irrigant les artères et en diminuant les taux de mauvais cholestérol. De surcroît, son contenu en épicatéchine (dilatateur des vaisseaux sanguins) avantage les capacités sportives. Sa forte teneur en magnésium améliore la qualité du sommeil et de l’humeur (anxiété). De plus, il contribue à la synthèse de la sérotonine, qui est le neurotransmetteur déficient dans la maladie dépressive. Il rehausse les performances cognitives en optimisant la circulation sanguine irrigant l’hippocampe (région responsable de la mémoire au cerveau). Les polyphénols qu’il renferme aiguisent la vigilance du système immunitaire. Son contenu en fibres dépasse largement celui de certains légumes. Mais attention à son nombre de calories. Deux carrés de chocolat noir par jour sont suffisants.
  6. Le curcuma : Cette épice jaune utilisée depuis des millénaires détient des propriétés thérapeutiques indéniables. Sachant que la curcumine (produit actif du curcuma) est un antioxydant puissant, il n’est pas étonnant qu’elle s’avère efficace contre les manifestations indésirables du syndrome métabolique (dyslipidémie, diabète et hypertension). De façon notoire, il est surtout employé en tant qu’anti-inflammatoire contre différent types d’arthrite, de maladies inflammatoires de l’intestin (colite ulcéreuse, maladie de Crohn) et du psoriasis (par voie topique). Les études tendent aussi à démontrer ses effets contre la prolifération tumorale, la dissémination métastatique, et pour prévenir l’apparition du cancer. De plus, l’on croit qu’il peut empêcher le dépôt de plaques amyloïdes impliquées dans la maladie d’Alzheimer. Il peut s’ingérer en l’infusant ou encore en l’incorporant dans diverses recettes. On peut aussi se le procurer en comprimés. La prudence est de mise toutefois si vous consommez d’autres médicaments. Mieux vaut s’informer auprès de votre pharmacien afin d’éviter l’occurrence d’interactions négatives. 

Sur ce, bon appétit!

Dre Julie L. Hildebrand

exerce en médecine familiale à Edmonton. Bilingue, elle est très heureuse de pouvoir répondre aux besoins de la francophonie plurielle de la capitale provinciale. Spécialiste du diabète, des dépendances et de l’utilisation du cannabis thérapeutique, elle privilégie la prévention et l’éducation.

Au premier du Nouvel An, plusieurs d’entre nous décideront d’adopter des résolutions de nature diverse. D’ailleurs, il ne s’agit pas d’un phénomène sociétal nouveau. Déjà au cours de l’Antiquité, les Babyloniens promettaient aux dieux de rembourser leurs dettes et de remettre à qui de droit le matériel agricole emprunté. Histoire de démontrer leur bonne volonté à entreprendre l’année sur de bonnes bases.

Malheureusement, plusieurs résolutions seront abandonnées au cours des premières semaines suivant leur adoption. La cause en est bien simple, les objectifs sont souvent irréalisables ou déraisonnables. Plutôt que d’adopter des changements de vie radicaux, mieux vaut y aller progressivement. Ainsi, les bonnes habitudes auront tendance à s’incruster. Commencez par remplacer une mauvaise habitude par une bonne. Accordez-vous de l’autocompassion et acceptez que toute amélioration que vous appliquez sur vos habitudes de vie, aussi petites soient-elles, sont bénéfiques. Convainquez-vous du bien fondé de votre démarche, entreprenez des objectifs réalistes et dites-vous que l’année prochaine sera une occasion supplémentaire d’aller de l’avant avec vos projets. Rome ne s’est pas construit en un jour !

Voici mes 7 recommandations de résolutions pour la nouvelle année, voire pour toutes les années à venir.

1. Mangez bien

Certes, j’encourage certains de mes patients à perdre du poids lorsque cela est nécessaire. Toutefois, j’invite tous mes patients à adopter un régime alimentaire sain. Un régime se veut beaucoup plus qu’un menu et un décompte calorique. Il constitue un mode de vie, ce qui implique ce que l’on mange, avec qui on mange, quand et où on mange. Il est important de d’aiguiser notre perception quant aux effets des aliments sur notre organisme. Imaginez le bien que vous vous faites en ingérant un bol de fruits serti de yogourt nature versus le hamburger acheté au «fast-food» et consommé en vitesse sur le coin de votre bureau. Mangez une variété d’aliments. Mettez-de la couleur dans votre assiette, car elles témoignent du contenu en vitamines et anti-oxydants. Ce qui renforce votre système immunitaire et vous protège contre les maladies cardio-vasculaires ainsi que le cancer. Suivez le guide alimentaire canadien ou le régime méditerranéen. Cuisinez plus souvent. Les plats santé ne sont habituellement pas les plus laborieux à préparer. Remplacez les protéines d’origine animale en faveur de protéines d’origine végétale. Diminuez votre consommation de sucres et de gras. Mangez lentement, savourez vos aliments.

2. Faites de l’exercice

Faire de l’exercice à tout âge est un gage de santé. Tous les individus peuvent bénéficier de ses bienfaits. La pratique d’un exercice modéré à raison de 20 minutes tous les jours, ou de 50 minutes trois fois par semaine, aide non seulement à maintenir un poids santé, mais aussi à diminuer l’anxiété, à fournir une poussée d’énergie, à éloigner les nuages noirs qui planent au-dessus de la tête, à renforcer la musculature (dont le cœur), à solidifier les os, à améliorer la circulation sanguine, à normaliser la tension artérielle et à lubrifier les articulations. Le corps humain est aussi machine et il est donc primordial de l’entretenir. Il est souvent supposé qu’afin de pratiquer de l’exercice, l’un a l’obligation de s’abonner au gym. Il n’y a rien de plus faux !! Et c’est d’ailleurs pourquoi plusieurs de mes patients se découragent très tôt dans leur élan. La marche cadencée figure parmi les plus avantageuses. Elle se pratique n’importe où et sans aucun frais. On peut s’y adonner seul ou à plusieurs. Je conseille à mes patients qui veulent briser le cycle de la sédentarité d’augmenter le volume de leur musique préférée et de danser en préparant le souper, en solo, avec leurs enfants, leur partenaire ou leurs chiens. Éclats de rires garantis! Ce qui importe est que vous choisissiez une activité qui vous plaise et qui ne soit pas perçue comme une corvée. Rappelez-vous que vous pourriez en éprouver du plaisir.

3. Cessez de fumer

Évidemment, plus facile à dire qu’à faire ! Le tabagisme constitue l’une des dépendances dont il est le plus difficile de se défaire. C’est pourquoi plusieurs fumeurs devront s’y reprendre à plusieurs fois avant d’y parvenir. Cependant ce n’est pas une raison pour ne pas réessayer. Les risques associés au tabagisme sont considérables, ne pensons qu’au cancer (poumons, vessie, estomac, œsophage, gorge et cavité orale), aux maladies cardiovasculaires (angine, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, maladie vasculaire périphérique), le trouble érectile, la bronchite chronique et l’emphysème. Il existe désormais plusieurs méthodes, programmes et médicaments qui viendront améliorer les chances de réussite. Cependant le point de départ s’arrime avec votre seule décision d’arrêter de fumer. Aucun médicament ne pourra suppléer à cette étape. La modification d’un comportement s’effectue en plusieurs étapes selon Prochaska et DiClemente, allant de la précontemplation, à l’action. Si vous n’êtes pas arrivé à cesser de fumer cette année, dites-vous que vous avez franchi une étape de plus vous rapprochant de votre objectif. Cherchez à comprendre les raisons ou les situations qui vous poussent à fumer, et tentez de les mettre en échec. Imaginez-vous ce que pourrait être votre vie sans fumée.

4. Passez en mode préventif

Nous avons la chance de vire au sein d’un système de santé universel. Prenez rendez-vous avec votre médecin de famille pour votre bilan de santé annuel. Demandez un bilan sanguin et les examens de dépistage approprié à votre âge. La mammographie et le test Papanicolaou chez la femme. Le toucher rectal (PSA) chez l’homme. Pour les deux sexes, il est avisé de procéder à un examen de dépistage du cancer du côlon par le biais du Fit Test ou de la colonoscopie et plus tardivement une densité osseuse afin de traiter à ses débuts l’ostéoporose. Appréciez le fait que votre praticien surveille votre poids et tension artérielle. Soumettez-vous à un examen physique annuellement, incluant un examen de la peau dans le but de dépister les cancers de peau précocement. Vérifiez à ce que votre statut vaccinal soit à jour, particulièrement pour ce qui est des vaccins contre la grippe (annuellement), la pneumonie (chaque 5 ans), le tétanos (chaque 10 ans) et contre le zona. De nos jours, nous sommes mieux outillés pour prévenir la maladie en surveillant de près les facteurs de risque (taux de glycémie, taux de cholestérol, fonction rénale, fonction hépatique, etc.) favorisant leur apparition. Pour reprendre l’adage “Mieux vaut prévenir que de guérir”.

5. Méditez

Prenez le temps de remettre les pendules à zéro, de reprendre votre souffle, que ce soit en fin de soirée ou au beau milieu de la journée au bureau. Moyennant une quinzaine de minutes par jour, vous vous sentirez plus reposé, moins stressé et plus productif. Plusieurs méthodes existent et sont expliquées sur internet. À la base, il s’agit surtout d’effectuer des exercices de respiration et de relâchement musculaire tout en vidant son esprit. Plusieurs applications peuvent être procurées sur les téléphones intelligents. Ils ont le bénéfice d’accompagner votre séance de méditation par une trame de fond visant à vous faire relaxer. La méditation ne se veut pas un remède au manque de sommeil, quoiqu’elle contribue au rehaussement de sa qualité, mais elle peut vous aider à accomplir des journées mieux remplies. Sur le plan médical, il est reconnu que la méditation améliore la santé cardiovasculaire (diminution de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle, diminution de la sécrétion d’adrénaline et de cortisol qui est une hormone de stress), l’efficacité du système immunitaire (réduction de l’inflammation et meilleure réponse aux infections) ainsi que les performances cognitives. À l’opposé, elle diminue le risque de dépression, réduit les manifestations d’anxiété et amenuise la perception de la douleur.

6. Passez plus de temps avec vos proches

Nos sociétés modernes ont encouragé l’utilisation de technologies qui accélèrent la vitesse de traitement de données et diminuent l’exigence physique du travail. En contrepartie, cela a aussi contribué à l’affaiblissement des liens sociaux et familiaux. Le modèle familial en écopera durement, surtout au chapitre des rôles et de la préparation des repas. De nos jours, les individus sont greffés à leurs téléphones portables, ordinateurs ou tablettes. Ils sont devenus dépendants des réseaux sociaux et passent peu de temps en contacts réels avec leurs semblables, ce qui contribue à la dissolution de leur appartenance sociale. Il faut renouer avec ce que nous sommes, des êtres qui ont choisi de vivre en communauté. Une étude de Harvard s’étalant sur près de 80 ans nous révélera que les individus qui vivent le plus longtemps, en bonne santé et heureux, sont ceux qui entretiennent un réseau social riche. Une autre étude menée par Pinker de McGill avance que les gens qui fréquentent le plus souvent leurs amis vivent en moyenne 15 ans de plus. Préparez vos repas en famille et mangez-les ensembles sans être épiés par votre écran de télévision. Conviez un voisin ou un collègue de travail à votre table. Pratique des activités sportives entre amis. Jouez à des jeux de société plutôt que de vous isoler en compagnie de votre cellulaire.

7. Soyez reconnaissant

Pour ce que la vie vous apporte, soyez reconnaissants. Accordez de l’importance à ce que vous avez et non pas à ce qui vous manque. Ne prenez rien pour acquis. Un jour de plus en santé est un bien inestimable. Dites-vous bien que dans certains coins du monde, l’existence s’avère plus difficile et que la santé n’est qu’un rêve utopique. Dressez une liste des raisons pour lesquelles vous devriez être reconnaissants. Apprenez à apprécier les joies quotidiennes. Soyez sensibles aux effets que produisent sur votre corps d’ingurgiter un grand verre d’eau lorsque vous avez soif, de vous emmitoufler sous des couvertures moelleuses lorsque la fatigue vous gagne, de voir la douleur s’apaiser après avoir pris un bain chaud. Faites montre de gratitude autour de vous, auprès de vos amis, vos collègues de travail, vos employés, votre personnel soignant, votre conjoint… Dites-leur merci. Remerciez les évènements heureux de votre vie. Donnez en retour. Donnez à ceux qui en ont moins. Faites des choix de vie harmonieux et n’entretenez pas la négativité. Les gens qui ont un tempérament pessimiste sont plus à risques de développer des maladies mentales, cardiovasculaires et digestives. Aussi, ils sont plus souvent malades et récupèrent plus lentement que les optimistes.

Bonne nouvelle année !

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exerce en médecine familiale à Edmonton. Bilingue, elle est très heureuse de pouvoir répondre aux besoins de la francophonie plurielle de la capitale provinciale. Spécialiste du diabète, des dépendances et de l’utilisation du cannabis thérapeutique, elle privilégie la prévention et l’éducation.

Dans son premier rapport sur la résistance aux antimicrobiens (2014), l’Organisation mondiale de la santé affirmait que le danger n’était plus de l’ordre du futur, mais qu’effectivement, nous étions entrés dans son inquiétante réalité. Selon ce même rapport, le monde s’acheminait vers une ère post-antibiotique où des infections jadis traitables, comme les infections des voies respiratoires supérieures (tuberculose, pneumonie), les infections urinaires, les infections de la peau (cellulite), les infections transmises sexuellement (gonorrhée) et celles du tube digestif (salmonellose, C. difficile), pourraient à nouveau tuer.

«Le monde s’acheminait vers une ère post-antibiotique où des infections jadis traitables, comme les infections des voies respiratoires supérieures (tuberculose, pneumonie), les infections urinaires, les infections de la peau (cellulite), les infections transmises sexuellement (gonorrhée) et celles du tube digestif (salmonellose, C. difficile), pourraient à nouveau tuer.»

Chez nos voisins anglais, le médecin en chef de la santé publique attestait que ce constat de multirésistance présentait une gravité équivalente à celle des changements climatiques. La résistance aux antimicrobiens se répand rapidement partout dans le monde, et ce, particulièrement en raison du commerce et du haut flux de déplacement. Elle constitue une des dix grandes menaces pour la santé humaine. Il est admis qu’au cours de la prochaine trentaine d’années, elle engendrera 300 millions de décès sur l’ensemble de la planète. Sans compter que ce phénomène contribue au prolongement des soins, à des coûts plus élevés sur le système de santé ainsi qu’à l’augmentation de la survenue de complications et de la durée des séjours hospitaliers.

Dre Julie Hildebrand

Dre Julie Hildebrand

Les antibiotiques ont certes contribué à l’augmentation de l’espérance et de la qualité de vie. Rappelons-nous qu’à l’époque médiévale, un individu ne pouvait qu’espérer atteindre la trentaine. Les populations étaient alors décimées par la malnutrition et les infections de toutes sortes. La découverte des antibiotiques demeure l’une des armes les plus puissantes en médecine moderne. Hélas, le chemin parcouru depuis la découverte accidentelle de la pénicilline par Alexander Fleming en 1928 prend du recul. Paradoxalement, il avait lui-même prédit, à l’époque, le phénomène de résistance.

Aujourd’hui, nous rencontrons, dans certaines régions du globe, des taux de résistance à la pénicilline allant jusqu’à 51%. Ce taux peut atteindre 92,9% pour la résistance à la ciprofloxacine, un antibiotique largement utilisé dans les cas d’infection urinaire. De surcroît, certaines bactéries sont devenues résistantes à plusieurs antibiotiques, voire à tous, ce que les scientifiques qualifient de multirésistance. Même les antibiotiques dits de derniers recours, que l’on réserve à des cas extrêmes et figurant parmi les plus puissants, ont perdu de leur efficacité. En 2018, on estimait que 26% des infections bactériennes étaient désormais résistantes aux antibiotiques de première ligne.

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La résistance survient lorsque, en réponse à la toxicité du milieu (présence d’antibiotiques), la pression de survie est telle que les bactéries se sentent obligées de développer des stratégies d’ajustement. Ce faisant, elles parviennent à déjouer les cibles de nos antibiotiques grâce à leur capacité de mutation, mais surtout à leur impressionnante faculté à s’échanger entre elles des gènes de résistance, et ce, non seulement parmi les bactéries induisant des maladies, mais aussi avec les microorganismes bénéfiques qui composent notre microbiome.

Cette propriété qu’ont les bactéries de s’adapter est naturelle et liée à l’évolution. Toutefois, si la résistance augmente si précipitamment dans le monde, c’est la conséquence de la surutilisation des antibiotiques en santé humaine et davantage en élevage où ils sont distribués aux bêtes non pas pour soigner leurs infections, mais pour favoriser une prise de poids plus rapide. Conséquemment, les bactéries résistantes sont disséminées chez les humains, les animaux ainsi que dans l’environnement (air, eau, sol).

Lorsque les bactéries pathogènes ne répondent plus aux antibiotiques courants, nous risquons d’avoir à faire face à la propagation de formes d’infections plus graves, voire intraitables. Cette situation entraîne des répercussions désastreuses en soi, mais aussi parce que, si nous ne parvenons plus à traiter efficacement les conditions infectieuses, une multitude d’autres spécialités de la médecine en écopera durement, comme la chirurgie, la transplantation d’organes et la chimiothérapie.

«Lorsque les bactéries pathogènes ne répondent plus aux antibiotiques courants, nous risquons d’avoir à faire face à la propagation de formes d’infections plus graves.»

Malheureusement, le risque associé à la contraction d’infections résistantes se répartit de manière inégale dans la population et menace davantage certains groupes d’individus dont les enfants, les personnes âgées, immunosupprimées ou atteintes d’autres maladies, les toxicomanes et les membres des groupes socioéconomiques faibles. À ce désastre s’ajoute le peu d’intérêt des sociétés pharmaceutiques à développer de nouveaux antibiotiques, car l’acquisition des gènes de résistance par les bactéries se produit si rapidement que leur potentiel de profitabilité s’en trouve fortement affaibli.

Inutile de rappeler ici le rôle primordial des médecins à décider de traiter ou non avec un antibiotique et d’utiliser un antibiotique ciblé plutôt qu’à large spectre en fonction de l’indication.

Mais quel demeure le rôle du patient dans cette hécatombe déjà bien avancée?

La prise de conscience du phénomène en est le premier pas. Ne pas insister auprès de votre médecin pour obtenir une prescription d’antibiotiques pour une infection d’origine virale comme cela est le cas le plus souvent. S’en fier à son jugement clinique. Respecter son «ordonnance de non prescription d’antibiotiques». Ne pas se procurer d’antibiotiques auprès de sources non fiables (internet). Toujours respecter la posologie et la durée du traitement. Ne pas partager ses antibiotiques avec autrui. Se maintenir à jour pour ce qui est de la vaccination. Respecter les règles d’hygiène personnelle de base (lavage des mains, distanciation sociale et port du masque lorsque cela est prescrit). Porter une attention particulière à la manutention des aliments. Maintenir le télétravail si cela est possible. Ne pas consommer de viande provenant d’animaux traités aux antibiotiques. Militer en faveur de l’assainissement de la ventilation dans les lieux publics et les modes de transports.

Sur le plan de la découverte scientifique, il est attendu que de nouveaux antibiotiques de différentes classes voient le jour. L’OMS encourage les chercheurs universitaires ainsi que l’industrie biotechnologique et pharmaceutique à unir leurs efforts afin que cette réalité se matérialise, car il est plus qu’urgent de réagir face à cette impasse thérapeutique. Idéalement la vaccination se développera davantage et gagnera plus d’adeptes. La phagothérapie, soit l’utilisation de petits virus capables d’infecter les bactéries, sera considérée plus souvent dans notre lutte contre les infections. Et finalement, l’apport de nouveaux tests diagnostiques utilisant la science du génome pour décrypter le profil des gènes de résistance des bactéries pourra nous appuyer dans le choix d’antibiotiques plus spécifiques.

Notre microbiome assume des fonctions diverses. Il contribue entre autres au maintien de l’homéostasie, à la digestion des nutriments, à la détoxification de produits nuisibles et même à la réponse aux médicaments. Ultimement, il a comme vocation de nous défendre contre les infections provenant du monde extérieur grâce à un effet barrière, mais aussi contre l’apparition de certaines maladies dont le diabète, l’obésité et le cancer. Lorsqu’il est contaminé par la présence de gènes de résistance, il acquiert un statut «dysbiotique» où il devient incapable de remplir ses rôles. À l’origine, notre microbiote provient en grande partie de nos parents. Toutefois, son contenu se remodèle constamment en fonction des contacts qu’il entretient avec son environnement et donc il se transforme en fréquentant les bactéries résistantes.
Dre Julie L. Hildebrand exerce en médecine familiale à Edmonton. Bilingue, elle est très heureuse de pouvoir répondre aux besoins de la francophonie plurielle de la capitale provinciale. Spécialiste du diabète, des dépendances et de l’utilisation du cannabis thérapeutique, elle privilégie la prévention et l’éducation.

Souvent, une fois sortis du bureau du médecin, plusieurs patients se questionnent à savoir s’ils devraient ou non débuter une nouvelle médication.

Il faut se rappeler qu’un médicament n’est jamais efficace à 100% ou qu’il ne comporte aucun potentiel d’effets négatifs. La prise d’un médicament n’est jamais anodine et peut avoir des effets importants sur l’organisme. Le médecin doit toujours peser le pour et le contre lors de la prescription d’un traitement, que ce soit un médicament ou une chirurgie. Généralement, il est admis de recommander un traitement seulement lorsque les bénéfices surpassent les risques.

Il existe deux principes fondamentaux en médecine que le médecin se doit de toujours appliquer : bienfaisance et non-malfaisance. Dans le principe de bienfaisance, le médecin vise à apporter du bien à son malade, à le soulager de ses symptômes et souffrances. Le principe de non-malfaisance qui découle directement du serment d’Hippocrate, «primum non nocere», implique que le médecin puisse choisir de cesser ou de refuser de prescrire un médicament s’il le juge dangereux pour son patient. Souvent, cette décision est prise lors de la prescription de narcotiques pour soulager la douleur chronique à cause des risques de dépendance qui y sont associés.

Dre Julie Hildebrand

Dre Julie Hildebrand

Habituellement, le médecin de famille connaît bien son patient, ses antécédents médicaux, ses habitudes de vie, ses allergies, sa liste actuelle de médicaments, sa condition psychologique et son statut socioéconomique. Ce qui lui permet de juger du meilleur traitement pour son patient.

Ce que Dr Google ignore malheureusement.

Aussi, les patients qui tendent à s’automédiquer s’exposent à de plus grands risques d’interactions médicamenteuses, d’effets secondaires néfastes, d’omettre de traiter un problème de santé qui a été mal diagnostiqué à priori et de favoriser une mauvaise utilisation des médicaments (absence d’indication, excès ou insuffisance).

Une patiente se présente au bureau avec des douleurs aiguës au dos. Par le passé, elle avait été traitée avec des stéroïdes oraux (prednisone) pour une polymyalgie rheumatica (PMR), une condition inflammatoire qui survient chez des individus âgés de plus de 50 ans et qui affecte principalement le cou et les épaules.

En discutant avec la patiente, je prends connaissance de sa consommation journalière excessive de prednisone, alors que je croyais que ce traitement avait cessé depuis longtemps. Elle m’avoue alors participer à un groupe de discussion sur Facebook où des patients atteints de PMR échangent sur leurs traitements. Suivant les recommandations de l’un des participants, elle s’est procurée par Internet des doses de prednisone. Elle me dit savoir très bien ce qu’elle fait et avoir lu de nombreux articles à ce propos sur Internet.

Malheureusement, au moment de sa consultation, elle avait pris 30 kg et avait développé un diabète secondaire à la prise de stéroïdes. Après investigation sur ses maux de dos, nous avons découvert chez cette patiente plusieurs fractures vertébrales ostéoporotiques encore une fois secondaires à la prise de stéroïdes et pour lesquelles elle a dû subir une intervention chirurgicale.

Alors lorsqu’un médicament est proposé au patient, le médecin se doit d’expliquer les effets bénéfiques attendus ainsi que la possibilité d’effets secondaires. Le patient devrait être impliqué dès le début dans le choix d’un traitement. Il doit prendre une décision éclairée, ce qui suppose qu’il ait été informé des avantages et désavantages, mais aussi de la façon dont ces médicaments doivent être administrés. La décision doit être partagée. Un patient qui comprend le pourquoi de son traitement a plus de chance d’y adhérer et de le prendre de manière appropriée.

Prise de médicaments, attention aux erreurs

En 2017, l’OMS identifiait le risque associé à la mauvaise utilisation et les erreurs dans la prise des médicaments comme le troisième défi mondial pour la sécurité des patients. La mauvaise prise de médicaments peut engendrer des séquelles graves chez les patients, allant même jusqu’à la mort. Elle constitue la cause principale de préjudices évitables au sein des systèmes de santé sur le plan mondial. Les conséquences économiques encourues par les pratiques de médications dangereuses se chiffrent à près de 58 milliards de dollars canadiens annuellement. Personne n’est à l’abri, car tous, à un moment ou à un autre durant son existence, aura à prendre un médicament soit dans le cadre d’une infection passagère ou pour traiter une maladie chronique.

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Les erreurs se produisent le plus souvent lors de l’administration des médicaments à la maison ou en milieu hospitalier. Cela implique la prise d’une dose inadéquate, l’utilisation d’une mauvaise route d’administration ou un horaire inapproprié. En milieu hospitalier, cela tient surtout du facteur humain (fatigue, stress du personnel soignant, mauvaises conditions de travail, insuffisance de personnel, erreur lors de la prescription, de la transcription et de l’administration des médicaments). Les patients les plus vulnérables sont évidemment les enfants et les personnes âgées, ainsi que celles ayant une insuffisance hépatique ou rénale qui ne métabolisent pas bien les médicaments. Les situations de transition (admission et départ de l’hôpital) ainsi que la polypharmacie (prise de plus de 4 médicaments en concomitance) sont celles où les risques sont les plus élevés.

La polypharmacie est un constat de plus en plus courant dû au rallongement de l’espérance de vie et donc au nombre plus grand de patients qui consomment plusieurs médicaments afin de traiter des conditions chroniques. Cela étant dit, les médicaments en vente libre détiennent aussi un potentiel d’interaction délétère avec les médicaments prescrits. Plusieurs patients n’en sont pas informés et consomment des suppléments naturels qui peuvent interférer avec leurs traitements et les mettre en danger.

Les patients ainsi que leurs familles devraient être encouragés à jouer un rôle actif dans leur médication.

1. INFORMEZ-VOUS. 2. VÉRIFIEZ. 3. DEMANDEZ.

1. Sachez le nom de vos médicaments et leur posologie. Connaissez la raison pour laquelle vous les prenez. Souvent, lors de visites médicales, mes patients me disent : «Vous savez la petite pilule blanche…»
2. Vérifiez que vous prenez les bons médicaments au bon moment. D’autres patients me disent : «Je ne prends pas mon médicament pour l’hypertension tous les jours. Je le prends seulement lorsque ma pression est haute. Je prends parfois mon médicament le matin ou le soir selon mes chiffres de pression artérielle…»
3. Demandez à votre professionnel de la santé (médecin, pharmacien, infirmière) si vous avez des doutes ou des questions. Consultez toujours votre médecin avant d’effectuer des changements dans votre régime médicamenteux. «J’ai cessé de prendre mon médicament pour le diabète, car je prends trop de médicaments. Mon voisin m’a dit que c’était mauvais pour moi…»

La consommation de médicaments ne devrait en aucun cas être prise à la légère. Ils sont bénéfiques, mais peuvent aussi s’avérer extrêmement néfastes. Vos professionnels de la santé sont à votre disposition pour vous orienter dans vos traitements. N’hésitez jamais à demander leur aide ou à leur rapporter l’apparition d’effets secondaires.

L’avortement a fait beaucoup jaser ces derniers temps, particulièrement depuis la révocation de l’arrêt Roe contre Wade aux États-Unis le 24 juin dernier. Au Canada, toutefois, il n’existe aucune restriction et sa pratique est légale jusqu’à la fin de la grossesse, et ce, depuis 1988.

Lorsque l’avortement est dit spontané (fausse couche), cela ne pose aucune difficulté sur le plan légal ou éthique, quoiqu’il induise un lot de tristesse considérable pour les parents. Il faut donc ici distinguer la différence entre l’interruption médicale de grossesse (IMG) et l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Dans les deux cas, il s‘agit de retirer de l’utérus l’embryon ou le fœtus avant qu’il ne soit viable.

«Lorsque l’avortement est dit spontané (fausse couche), cela ne pose aucune difficulté sur le plan légal ou éthique.»

L’IMG se pratique lorsque la santé de la mère est en danger ou lorsque le fœtus est atteint de malformations, de maladies ou d’altérations génétiques graves. Pour sa part, l’IVG découle d’un choix personnel ou familial, et ce, pour toutes sortes de raisons.

Alors que l’Organisation mondiale de la Santé estime qu’entre 2015 et 2019, le nombre d’avortements volontaires pratiqués par année frôlait les 73 millions, l’avortement demeure illégal et passible de peines d’emprisonnement dans plusieurs parties du monde, peu importe les causes qui motivent ce choix. Ce qui est malheureusement le cas de plusieurs pays en voie de développement. Pour les pays où l’avortement est permis, le manque de ressources (éducation, personnel qualifié, éloignement des centres spécialisés, moyens financiers, délais) peut rendre l’accessibilité à ce traitement laborieux, voire impossible.

«L’IVG découle d’un choix personnel ou familial, et ce, pour toutes sortes de raisons.»

Il existe deux voies principales menant à l’interruption de grossesse en fonction du stade de la grossesse et des préférences de la femme. Ces deux voies sont soit chirurgicale, soit médicale. L’avortement chirurgical se pratique à l’aide d’instruments, alors que l’avortement médical utilise essentiellement des médicaments (pilules abortives).

L’IVG chirurgicale

La technique préconisée pour l’IVG chirurgicale est la dilatation-aspiration (90%). Elle est indiquée pour des grossesses allant de cinq à quinze semaines. Elle s’effectue dans une clinique spécialisée, souvent sous sédation administrée par voie intraveineuse. Elle ne nécessite qu’environ cinq à vingt minutes.

Elle s’opère d’abord par l’injection d’un analgésique au niveau du col de l’utérus, puis par l’insertion de tiges ou d’une préparation d’algues comprimées qui vont provoquer la dilatation du col. Un tube rattaché à un appareil de succion est ensuite inséré dans l’utérus afin d’aspirer le fœtus. Parfois le misoprostol peut être employé pour davantage favoriser la détente du col. Pour finir, une curette peut compléter l’intervention en raclant les fragments restants.

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C’est une méthode efficace à 99%. Elle est rapide, bien tolérée par la majorité des patientes et comporte peu d’effets secondaires. Bien que rares, parmi les complications possibles, notons les risques d’infection, d’hémorrhagie, de perforation de l’utérus ou de lacération du col, d’avortement incomplet, d’allergie aux médicaments, d’infertilité et de décès (1 cas sur 160 000).

Les autres méthodes chirurgicales sont beaucoup moins fréquentes, mais à titre d’information il s’agit de l’aspiration menstruelle effectuée au moyen d’une seringue (avortement très précoce entre la troisième et dixième semaine), la dilatation-curetage qui se sert d’emblée de la curette pour détacher le fœtus, la dilatation-évacuation qui utilise des injections de produits chimiques dans la cavité amniotique pour tuer le fœtus avant l’usage de forceps servant à le démembrer et à l’extraire (plus de treize semaines), la dilatation-extraction où le fœtus est tué en cours d’accouchement (plus de vingt semaines), l’hystérotomie qui est un avortement par césarienne pratiqué dans les cas d’anomalie utérine.

L’IVG médicale

L’utilisation de produits pharmaceutiques pour des fins d’avortement gagne en popularité. Pour plusieurs femmes, c’est une méthode plus discrète, qui s’effectue dans le confort du foyer et en présence d’êtres chers. Elle ne nécessite pas d’instruments chirurgicaux et s’apparente davantage à une fausse couche. Elle doit cependant s’adresser à des grossesses de moins de neuf semaines. Il existe aussi certaines contre-indications à son utilisation, telles que la grossesse ectopique, les troubles de la coagulation, l’asthme non contrôlé, l’insuffisance surrénalienne, la prise chronique de corticostéroïdes, une anémie sévère et des maladies hépatiques ainsi que rénales mal contrôlées.

Elle nécessite quelques jours de préparation et plusieurs visites médicales, contrairement à la méthode chirurgicale. On utilise deux médicaments pour ce faire. Le premier est la mifépristone, un comprimé pris le premier jour, ce qui induira l’arrêt de la grossesse par le détachement de l’embryon de la paroi utérine. Au deuxième ou troisième jour, la prise de quatre comprimés de misoprostol par voie orale ou intravaginale, engendrera dans les quatre à trente-six heures, l’expulsion du fœtus par le biais de contractions ainsi que la dilatation du col. La combinaison méthotrexate et misoprostol peut être adoptée, mais elle est moins rapide.

«En aucun cas, l’avortement devrait être imposé à une femme qui ne le désire pas.»

Le taux d’efficacité de l’IVG médicale est de l’ordre de 94 à 98%. Comme pour ce qui est de l’avortement par dilatation-aspiration, s’il y a échec, le curetage sera prescrit. La douleur et les saignements qui s’ensuivent sont beaucoup plus importants que pour ce qui est de la méthode chirurgicale, ce qui exigera de prendre un temps de congé et d’obtenir de l’aide à la maison. Elle comporte aussi des effets secondaires plus invalidants, dont les maux de tête, les nausées et vomissements, la fièvre et les frissons, la diarrhée, les étourdissements, la sensibilité des seins et les éruptions cutanées. Des analgésiques peuvent aider à soulager ces symptômes. Les complications sont encore une fois plutôt rares (infection, hémorragie, réaction allergique, avortement incomplet ou poursuite de la grossesse).

Certains couples pourront éprouver un sentiment de deuil par suite d’un avortement. Il est important dans ces cas de leur offrir un support psychologique. Il se peut aussi que cela affecte le désir sexuel chez la femme. Cela est généralement de courte durée et il faut la rassurer.

«L’IVG est un geste médical qui vise à protéger la santé physique et psychologique de la femme.»

En aucun cas, l’avortement devrait être imposé à une femme qui ne le désire pas. Encore moins pour des raisons d’eugénisme sexuel où le sexe masculin est privilégié pour des raisons culturelles ou de trafic de produits d’avortement à des fins cosmétiques. Il faut se rappeler que l’IVG est un geste médical qui vise à protéger la santé physique et psychologique de la femme. Lui refuser cet accès pourrait l’encourager à avoir recours à l’avortement clandestin, qui a le potentiel d’avoir des effets néfastes sur sa santé, des séquelles significatives dont l’infertilité et même la mort.

Un embryon humain se définit comme un produit de conception allant de deux à huit semaines de grossesse. Il comprend tous les systèmes organiques qui seront appelés à se développer davantage durant la phase fœtale. Un fœtus est un être humain constitué qui poursuit son développement de soixante jours jusqu’à la fin de la grossesse.
Dre Julie L. Hildebrand exerce en médecine familiale à Edmonton. Bilingue, elle est très heureuse de pouvoir répondre aux besoins de la francophonie plurielle de la capitale provinciale. Spécialiste du diabète, des dépendances et de l’utilisation du cannabis thérapeutique, elle privilégie la prévention et l’éducation.

Il n’est pas rare que les patients atteints de dépression viennent consulter tardivement, lorsqu’ils «sont arrivés au bout de leur rouleau». La raison en est bien simple. Il existe un manque de reconnaissance de cet état en tant que pathologie par les patients eux-mêmes et par la collectivité.

Aussi viendront-ils solliciter l’avis de leur médecin, se plaignant de symptômes autres qu’ils ne perçoivent pas comme associés à un état dépressif : fatigue, maux de tête, dérangements intestinaux, insomnie et maux de dos.

La dépression dépasse largement le cadre de la déprime, des blues ou du coup de cafard passager. Plusieurs la nient et la conçoivent comme un signe de faiblesse, un manque de caractère, une absence de volonté. Or, les individus qui en sont atteints éprouvent souvent de la honte et craignent de l’afficher de peur de se voir stigmatiser. Par ailleurs, l’un des traits de cette maladie veut que les patients se sentent dévalorisés et entretiennent une faible estime de soi.

La dépression est une maladie bien réelle, conférant aux personnes qui en souffrent un profond et handicapant sentiment de désespoir. Elle étend son emprise tant sur le plan physique que moral et psychologique. Elle induit une grande souffrance qui affecte les sphères de la vie professionnelle, scolaire et familiale, tout en provoquant de l’isolement social. S’en suivront des dysfonctionnements majeurs.

«La dépression est une maladie bien réelle.»

La dépression est une maladie à part entière, s’établissant à partir de critères diagnostics statistiques (DSM V), bien que nous ne disposions pas, à ce jour, de marqueurs biologiques pour l’identifier, comme c’est le cas pour l’hypercholestérolémie, l’hypertension ou le diabète. Elle est une maladie en soi, car souvent les patients se questionnent à savoir pourquoi ils s’estiment si malheureux, alors que leur vie semble bien aller sur tous les plans et qu’en principe, ils n’ont aucune raison de se sentir de la sorte. C’est qu’elle est la résultante d’un dérèglement pathologique.

La dépression est polymorphe. Elle se manifeste par la présence de symptômes caractéristiques tels que: fatigue et manque d’entrain (asthénie), ralentissement psychomoteur, perte de plaisir (anhédonie), tristesse, manque de motivation quant à la pratique d’activités, sommeil non réparateur (ou hypersomnie dans certains cas), manque d’appétit avec ou sans perte de poids (ou hyperphagie), difficulté de concentration et troubles de la mémoire, perte d’estime de soi, sentiment d’impuissance et de culpabilité, baisse de la libido et idéation suicidaire.

La dépression peut aussi être accompagnée par d’autres problèmes : anxiété, manque d’hygiène corporelle, irritabilité et abus de substances (drogues, somnifères, alcool). Elle peut de surcroît engendrer d’autres conditions comme les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux, les migraines, une plus grande vulnérabilité face aux infections (baisse de l’efficacité du système immunitaire), d’autres maladies mentales et même le diabète.

Des chiffres qui font réfléchir

Sur le plan mondial, 350 millions d’individus en seraient atteints. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la dépression est devenue, en 2020, la deuxième plus importante cause d’invalidité en termes de coûts global, juste derrière les maladies cardiovasculaires. Il est prévu qu’en 2030, elle arrivera bonne première. Une personne sur cinq souffrira de dépression au cours de sa vie.

Bien qu’elle puisse survenir à tout âge, le groupe le plus à risque est celui des 45-54 ans, compte tenu de leur exposition à un plus grand nombre de facteurs de risque (divorce, deuil, chômage, maladie/invalidité, certains médicaments, traumatisme, solitude, stress, abus de substances, sédentarité, perturbation des cycles du sommeil, excès de temps passé devant la télévision ou les jeux vidéo, faible revenu). Comme si ces évènements allaient épuiser notre pool de mécanismes de défense, de résilience.

Dre Julie Hildebrand

Dre Julie Hildebrand

Les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes. Les personnes âgées, les jeunes en fin d’adolescence, les gens atteints de maladies chroniques ainsi que les membres des communautés LGBTQ+ sont aussi plus vulnérables.

Il est attristant de garder ce mal sous silence, car un traitement adéquat, entrepris dans des délais raisonnables, peut arriver à contrer cette maladie dans 70% des cas. Malheureusement, la réalité est qu’elle aura tendance à se chroniciser. Le taux de récidive est de 64% après cinq ans, 80% après dix ans et 85% après quinze ans.

Dans les cas les plus graves, la dépression peut mener à l’irréparable, le geste suicidaire. De 10% à 20% des patients se suicident afin de mettre fin à leur détresse. En effet, 70% des suicidés auraient souffert de dépression. Les hommes de plus de 70 ans sont plus à même de réussir leur suicide.

Les causes de la dépression

L’étiologie de la dépression demeure incertaine quoique les spécialistes du domaine s’entendent pour reconnaître qu’elle englobe plusieurs composantes telles que l’hérédité, les débalancements hormonaux (ménopause, grossesse, fausse couche, prise de contraceptifs oraux, andropause, hypothyroïdisme), l’exposition à différents stresseurs psychosociaux et les habitudes de vie (toxicomanie, tabagisme, diète, sédentarité).

Même si les gènes responsables de l’apparition de la dépression n’ont pas été identifiés, nous savons que les individus d’une même famille, dont certains membres sont atteints de dépression, vont présenter une plus grande probabilité de la développer (quatre fois plus). Ces gènes viennent, entre autres, moduler la production ainsi que la disponibilité de la sérotonine (neurotransmetteur déficient dans la maladie dépressive).

Si l’on remonte aux premières instances de l’Homo sapiens, il semblerait que son croisement avec l’homme de Néandertal ait favorisé la transmission de gènes (brins d’ADN) responsables de l’apparition de certaines maladies, dont la dépression, d’après une étude récente menée par une équipe de chercheurs de Vanderbilt University et publiée dans la revue scientifique Science.

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Sur le plan biologique, une forme particulière d’inflammation affecterait les processus neuronaux engagés dans la régularisation de l’humeur. La mastocytose en découlant diminuerait la production de sérotonine. Nos diètes malsaines (produits transformés, sucres concentrés, carence vitaminique et gras saturés) paraissent aussi au banc des accusés.

L’appauvrissement de notre microbiote intestinal dû à l’utilisation d’antibiotiques à large spectre en médecine et dans le domaine de l’élevage figure aussi parmi les hypothèses les plus récentes. Il est de plus en plus reconnu que le microbiote communique directement avec le cerveau. À ce sujet, une équipe de recherche de l’Inserm-Paris a conclu que la flore intestinale des individus atteints de dépression se voulait significativement différente des individus sains et qu’en contrepartie, la prescription d’antidépresseurs pouvait en modifier la composition.

Des solutions complémentaires pour lutter contre la dépression

Compte tenu de la multiplicité des facteurs menant à la dépression, un traitement à sens unique s’avouerait un échec. La pharmacothérapie (antidépresseurs), la psychothérapie, la luminothérapie et l’adoption d’un mode de vie sain (alimentation riche en antioxydants, vitamines, exercice, spiritualité, méditation) devraient toujours être prescrites en tandem. Dans les cas les plus récalcitrants, l’électroconvulsivothérapie et la stimulation magnétique transcrânienne peuvent s’avérer salutaires.

«Un traitement à sens unique s’avouerait un échec.»

D’autres thérapies s’appuyant sur l’utilisation de la kétamine et des cannabinoïdes s’annoncent fort prometteuses. Il s’avère essentiel de reconnaître que dans le traitement de la dépression, le «one size fits all» devrait être délaissé au profit de la personnalisation du traitement. Tous ne répondront pas de manière égale (variabilité interindividuelle) et les résultats peuvent se faire attendre (moyenne de quatre à huit semaines).

«Ignorer la dépression, ce n’est pas la combattre. Mieux la comprendre, c’est déjà la soigner.» Laboratoires Lundbeck

L’obésité est devenue une problématique en constante croissance, non seulement dans les pays industrialisés, mais aussi dans les pays défavorisés. Au niveau planétaire, le nombre de cas aurait triplé depuis le milieu des années 1970, selon l’OMS. Alors que ce mal s’attaquait principalement à la population adulte, il est désormais répandu chez les enfants et les adolescents.

À l’heure actuelle, il est estimé qu’un jeune canadien sur quatre présente un surpoids. En 2015, le Canadian Health Measures Survey affirme que le tiers des adultes canadiens étaient obèses. De nos jours, le surpoids réclame davantage de vies que l’insuffisance pondérale occasionnée par la famine.

L’obésité se définit comme une accumulation anormale ou excessive de gras corporel, laquelle peut entraîner des répercussions négatives sur la santé. En effet, les cellules adipeuses ont la capacité de sécréter des hormones ainsi que des promoteurs inflammatoires. L’indice de masse corporelle (IMC) est l’outil de mesure le plus communément utilisé quoiqu’imparfait, car il ne tient pas compte de la morphologie, de l’âge, du sexe ou de la masse musculaire.

Dre Julie Hildebrand

Dre Julie Hildebrand

Il demeure toutefois un bon point de départ. Il est généralement reconnu qu’un IMC supérieur à 30 confirme un diagnostic d’obésité. Un IMC compris entre 25 et 29,9 est considéré comme de l’embonpoint alors qu’au-dessus de 40, il convient de parler d’obésité morbide.

Mais attention, une mesure d’IMC n’évalue pas le niveau de santé! À cet égard, le tour de taille se veut un meilleur indicateur, car la quantité de gras abdominal est associée à l’apparition de maladies telles que le diabète, l’hypertension, la stéatose hépatique (foie gras), certains cancers et les maladies cardiovasculaires. Aussi, la limite à ne pas dépasser pour les Européens et Nord-Américains de souche se situe à 94 cm pour les hommes et 80 cm pour les femmes. Le système par excellence pour évaluer les impacts sur la santé de l’obésité est le Edmonton Scale.

L’obésité est une maladie

Il incombe de reconnaître l’obésité en tant que maladie chronique évolutive. Elle va bien au-delà de la simple inadéquation entre le nombre de calories ingérées et la dépense calorique par l’exercice. Elle est dorénavant admise comme une maladie complexe, faisant intervenir des facteurs génétiques, comportementaux, anthropologiques, environnementaux et sociétaux. De 70% à 80% de notre IMC s’explique par notre bagage génétique. Le 20% à 30% restant est influencé par les facteurs environnementaux (psychosociaux, économiques, familiaux). Aux dires d’une équipe de chercheurs de Harvard, l’obésité serait «socialement contagieuse». Si une personne appartenant à un groupe se met à grossir, ses congénères (membres d’une même famille, amis, partenaires) auront tendance à en faire autant.

Rappelons-nous que l’homme préhistorique se devait de chasser et perfectionner la cueillette afin de se nourrir et qu’il se voyait plus souvent qu’autrement résigné à une diète hypocalorique. Aussi, en cours d’évolution, nous avons développé de performantes astuces métaboliques nous permettant de conserver l’énergie (calories) et non la perdre. Le corps tente par tous les moyens de conserver ses réserves de gras et donc sa masse maximale. Plus on tente de perdre du poids et plus cette mécanique se renforce.

Crédit : Andres Ayrton / Pexels

Crédit : Andres Ayrton / Pexels

Après une perte de 20-30 lb, le métabolisme tend à s’autoréguler à la baisse, ce qui rendra la perte de poids subséquente quasi impossible. De surcroît, les hormones responsables de la faim se mettront en branle afin que l’organisme se renfloue. Généralement toute perte de poids sera reprise dans un horizon de 4 à 7 ans, voire plus (effet yo-yo). C’est pourquoi on estime que le «meilleur poids» pour le patient est celui qui lui permet d’être actif et de profiter de son meilleur potentiel de qualité de vie, tout en empêchant la reprise d’une perte de poids modeste. La perte de 5% à 10% du poids corporel suffit dans bien des cas à inverser l’apparition de maladies métaboliques.

Compte tenu de la difficulté quasi programmée à perdre du poids, notre meilleur allié demeure la prévention. Donc prudence! Il est facile d’appuyer sur la gâchette de la stigmatisation envers les individus qui souffrent d’embonpoint. Toutefois, se doit-on de comprendre que leur condition est autrement plus ardue à résoudre. Certains de mes patients se sont astreints à tellement de régimes au cours de leur existence que leur métabolisme de base s’est abaissé à un seuil où ils peuvent prendre du poids malgré un régime à faible teneur calorique, leur fournissant à peine ce qu’il faut pour maintenir leurs fonctions biologiques de base.

Certes, nos sociétés modernes ont encouragé la réduction du temps consacré à la préparation des repas. Il est plus aisé de s’approvisionner en fast food et plats préparés, contenant des quantités importantes de sucres, sel et gras, tout en regardant la télé, que d’aller cueillir des légumes dans son jardin. Le travail s’est davantage sédentarisé (station assise). L’urbanisme et les modes de transport ont encouragé le manque d’activité physique. Le stress et la carence de sommeil imposent au corps de se tourner vers des sources alimentaires hypercaloriques. La surutilisation d’antibiotiques à large spectre et d’hormones de croissance dans l’élevage a contribué à l’appauvrissement de notre flore intestinale (qui nous protégeait contre l’obésité).

Les quatre M de l’obésité

Donc, il est facile d’envisager que l’obésité soit une problématique à multiples équations. Cela dit, il ne faut pas baisser les bras. Les conséquences associées à l’obésité sont non négligeables. Un décès prématuré sur 10 parmi les individus âgés de 20 à 64 ans est attribuable à l’obésité. Obésité Canada parle des «4M» pour décrire les effets délétères sur la santé ainsi que la qualité de vie des individus obèses.

Au niveau mental, les obèses souffrent davantage de dépression, d’anxiété, de troubles alimentaires (anorexie et boulimie), d’isolement et de manque d’estime de soi. Ils sont aussi malheureusement victimes de discrimination (stéréotypes négatifs).

Au niveau mécanique, songeons à l’impact du surpoids sur les différentes articulations et parties anatomiques et à l’induction des processus inflammatoires (ostéoarthrite, apnée du sommeil, aggravation de l’asthme, reflux gastro-oesophagien, incontinence urinaire et fécale).

Pour ce qui est de l’aspect monétaire, mentionnons seulement qu’aux patients obèses, le niveau d’équité en matière d’accessibilité à l’emploi et aux études n’est pas le même. À ce fardeau financier s’ajoutent plusieurs frais pour l’achat de vêtements de grande taille, de pièces d’équipement pour favoriser la mobilisation, ainsi que l’inscription à des programmes visant la perte de poids.

Sur le plan métabolique évidemment les impacts sont cinglants (diabète, hypertension artérielle,dyslipidémie, maladies cardiovasculaires, AVC, cancers de divers types, goutte, infertilité, maladies du foie et de la vésicule biliaire, une plus grande susceptibilité aux maladies infectieuses dont la COVID-19).

Il va sans dire que les coûts sociétaux directs et indirects associés à l’obésité montent en flèche. Les projections pour les coûts directs sur le système de santé canadien en 2021 s’élevaient à 9 milliards de dollars. La recherche s’intensifie afin d’élucider les multiples mécanismes menant à l’obésité. Quelques médicaments existent sur le marché pour favoriser la perte de poids en concomitance avec un régime alimentaire sain, des changements de comportement et un programme d’exercice. En dernier lieu, la chirurgie bariatrique peut être envisagée.