le Jeudi 25 avril 2024

Collaboration spéciale du Club Richelieu/Jean Patoine

Hervé Durocher

Natif de Villeneuve en Alberta, Hervé Durocher termine ses études secondaires au Collège Saint-Jean en 1962. Il obtient un baccalauréat ès arts de l’Université d’Ottawa en 1965 et un diplôme en droit de l’Université de l’Alberta en 1968. Il exerce le droit à Edmonton depuis 1968 et y établit son cabinet d’avocats en 1973. Il plaide devant tous les tribunaux de l’Alberta ainsi qu’à la Cour suprême du Canada. Le dévouement indéfectible que Hervé Durocher voue à sa communauté remonte à 1972 alors qu’il préside à la fondation du Club Richelieu (Club Jean Patoine). Pour en savoir plus sur Hervé Durocher : bit.ly/3IQ5AR9

«Travailleurs joyeux et fiers chrétiens,
Unissons-nous avec entrain,
Aidons les enfants, qu’ils soient heureux
Et chantons le Richelieu.»

Les débuts

Ce refrain rebondissait avec enthousiasme aux quatre murs du grand salon au chalet du lac Eden, le 26 novembre 1971, lors de la remise de charte au Club Richelieu d’Edmonton. Cette soirée était l’apogée d’un travail, parfois acharné, de presque deux ans après la convocation d’un groupe d’hommes francophones par le père Jean Patoine. Secrétaire de l’ACFA, il avait à cœur l’établissement d’un club social et de services francophones à Edmonton.

Ainsi, il a contacté les responsables de la Société Richelieu International, à Ottawa. Comme il l’a souvent fait tout au long de son illustre carrière d’éminence grise de la francophonie albertaine, il a semé l’idée d’un tel groupe en terre fertile.

Après deux réunions préliminaires et avec l’aide de l’agent de développement Richelieu, Paul-Émile Bélanger, les divers avantages d’un tel club dans notre communauté ont été exposés. Les premiers membres ont alors accepté de s’affilier à l’organisme international exclusivement francophone pour créer le 167e club Richelieu et le tout premier situé dans l’Ouest canadien.

Jean Beliveau au Club Richelieu. Photo : Courtoisie

Les premiers membres

François McMahon, Louis A. Desrochers, Bernard Gagnon, Paul Doucet, Louis Aimé Arès, Raymond Tellier, André Deschenes, Lucien Maynard, Émile Gamache, Normand Ferrier LeClerc, Hervé Durocher, Roland Bonvalet, Pierre Gariepy, Jacques Bernier, Jacques Plante, Gilles Blain et Antoine Blain ont officiellement signé la demande d’adhésion le 23 avril 1970. Ce premier groupe de «travailleurs joyeux et fiers chrétiens» s’est alors engagé dans un travail de découverte et d’autodéfinition durant 18 mois avant la remise officielle de la charte mentionnée ci-haut.

Sous la direction du président fondateur, Hervé Durocher, et du comité exécutif composé de Normand Ferrier LeClerc (secrétaire) et Jacques Bernier (trésorier), le groupe a expérimenté divers formats de rencontre avant d’estimer que le bon fonctionnement du club se ferait par une rencontre chaque deux semaines lors d’un souper à l’hôtel Mayfair au centre-ville.

La seconde décision importante prise par les premiers membres a été de dédier le mandat «Services» à toute la jeunesse francophone d’Edmonton afin de lui venir en aide dans son développement linguistique et culturel. Cette décision a guidé les actions du club Richelieu/Jean Patoine pendant toute son existence.

Une anecdote intéressante

Le premier secrétaire du Club Richelieu était Normand Ferrier LeClerc, un jeune québécois employé par l’ACFA comme rédacteur du journal hebdomadaire La Survivance, aujourd’hui Le Franco.  

Malheureusement, Normand était un nationaliste québécois qui, dans un excès d’ardeur idéologique, a publié en entier le fameux manifeste de la FLQ lors de la crise d’Octobre en 1970. Cette crise a causé la promulgation de la Loi sur les mesures de guerre qui rendait une telle publication, n’importe où au Canada, illégale.

Normand a été brusquement congédié par son employeur et le Club Richelieu a perdu un de ses premiers membres et un secrétaire très habile. Nous avons appris cinq ans plus tard que Normand, après son retour au Québec, avait lui-même présidé à la fondation d’un nouveau Club Richelieu à Montréal. Tout n’était pas perdu.

Le fonctionnement et la croissance du Club Richelieu à Edmonton

Le président du Club, au moment de la remise de la charte en novembre 1971, était R. Gilles Blain, éminent neurologue de la ville. Sous sa présidence, les réunions du Club se déroulaient selon le format établi, soit :

Voici un exemple d’une amende imposée à un membre qui se vantait d’avoir été à la pêche :

Président : Au Richelieu X «3$ d’amende pour avoir pris du poisson, mais avoir négligé de le partager avec son président».

Membre X : «3$, c’est trop. Le poisson était trop petit pour le partager».

Président : «5$ alors, s’il était si petit, tu aurais dû le remettre dans le lac», fin de la discussion.

Le but des amendes, pendant les soupers, était double. Les sommes perçues et ramassées par le «panetier» étaient déposées dans le fonds des œuvres, mais c’était surtout pour créer de l’humour et de la camaraderie dans la séance. Évidemment, le président devait toujours s’assurer que le membre visé serait fier de payer l’amende, sinon il risquait de perdre un membre.

Un événement incontournable sous la présidence de R. Gilles Blain a été le souper-bénéfice avec Jean Béliveau. Cette grande vedette de l’équipe de hockey avec les Canadiens de Montréal avait accepté de rendre visite aux membres du Club, en majorité partisans des Canadiens. Il va sans dire que sa présence (avant l’arrivée des Edmonton Oilers) a servi à assurer le succès financier de la soirée. Cela a été un premier projet d’envergure de prélèvement de fonds dans l’histoire du Club, tout en augmentant le profil et la crédibilité de celui-ci dans la communauté en général.

Comme on le verra plus tard dans ce récit, les projets de prélèvement de fonds dans les premières années du Club étaient souvent imaginés par Maurice Dallaire, un de nos premiers membres.

Le décès du père Jean Patoine

Malheureusement, au courant de l’année 1972, le père Jean Patoine, ce grand esprit motivateur et organisateur de la francophonie albertaine, nous a quittés. Peu après son décès, et sous la présidence de R. Jacques Bernier, le Club Richelieu a parrainé l’établissement du Fonds commémoratif Jean-Patoine.  

Le père Jean Patoine au travail. Photo : Courtoisie

Le Club Richelieu a alors fait une collecte de fonds dans le but d’établir des bourses d’études pour de jeunes francophones. Plusieurs années plus tard, une négociation avec le gouvernement provincial a essentiellement doublé le montant du fonds. Ensuite, les fiduciaires du fonds ont transféré le fonds à la Faculté Saint-Jean de l’Université de l’Alberta. Le Fonds Jean-Patoine accorde encore aujourd’hui des bourses d’études à de jeunes francophones du Campus Saint-Jean.

En plus de l’établissement de ce beau Fonds Jean-Patoine, R. Jacques Bernier a vu s’établir la tradition du bal annuel Richelieu durant sa présidence. Un souper-gala qui a été, pendant plus de dix ans, un des événements sociaux les plus prisés à Edmonton. Qui peut oublier la musique et le chant de Ghislain Bergeron et son équipe qui animaient ces soirées mémorables.

Le Club Richelieu et l’Association des scouts et guides francophones de l’Alberta

Ce qui a surtout marqué la présidence de R. Jacques Bernier a été le partenariat établi entre le Club Richelieu et l’Association des scouts et guides francophones de l’Alberta. 

Il faut mentionner les efforts particuliers de deux membres, soit R. père André Mercure et R. Laurent Ulliac, appuyés par Claire, l’épouse de Jacques Bernier. Ils ont œuvré longtemps au sein du mouvement scout et guide francophone. 

  1. père André Mercure a participé activement aux activités du Club Richelieu jusqu’à son départ de l’Alberta pour la Saskatchewan. R. Laurent Ulliac est mort accidentellement et tristement en 1982. Claire Bernier a écrit un livre au sujet du scoutisme francophone en Alberta et a joué un rôle très important dans la vie du Club Richelieu/Jean Patoine de 1990 à 2015, comme secrétaire. 

Il n’est pas possible de calculer les sommes qui ont été attribuées aux diverses troupes de scouts et groupes de guides francophones, ainsi qu’à leurs cadres administratifs au cours des années. Mais il est certain qu’un bon nombre de jeunes francophones qui ont fait du scoutisme et du guidisme en Alberta dans leur langue maternelle ont participé à des activités aussi simples qu’un feu de camp et aussi mémorables qu’un voyage au plan national et même international grâce aux efforts et aux contributions du Club Richelieu.

La loterie olympique, un coup de foudre

Le nom de R. Maurice Dallaire est survenu plus tôt dans cet historique. Il a été le quatrième président du Club. Ceux qui l’ont connu se souviendront qu’il avait toujours une idée à proposer, un rêve à réaliser, un projet en marche et, surtout, un excès d’enthousiasme. Il faut dire de lui qu’il n’y avait rien à son épreuve.

Le Club s’est lancé dans un projet de loterie d’envergure pendant sa présidence. Il s’agissait d’une loterie offrant comme prix un motorhome Pace Arrow d’une valeur de 50 000$. Nous avions dû remettre la date du tirage pour une période de six mois afin de vendre assez de billets pour couvrir les coûts. Finalement, un gagnant, non membre du Club, a été très heureux et le Club a fait un profit modeste de moins de 1000$.

Le billet de loterie tant demandé. Photo : Courtoisie

Cette dure leçon, loin de décourager notre président intrépide, l’a plutôt motivé à découvrir de meilleures façons d’augmenter la fortune du Club. Le Club s’est alors lancé dans la vente de billets pour la loterie olympique du Canada.

Grâce à R. Maurice Dallaire, avec l’aide de Léo Paul Paradis et de Jean Paul Proulx, le prélèvement de fonds pour le Club Richelieu a atteint de nouveaux sommets. Léo Paul Paradis a ouvert la porte au Club pour obtenir une licence de distributeur de billets. Une fois la licence obtenue, le Club a engagé Jean Paul Proulx comme vendeur à temps plein. Soudainement, le fonds des œuvres du Club a vu une augmentation de 100% après la première année et de 200% après les deuxième et troisième années.

L’époque de la loterie olympique n’a duré que trois ans, car la Cour suprême du Canada a décidé que le droit d’organiser des loteries au Canada appartenait exclusivement aux gouvernements provinciaux et non au gouvernement fédéral. La loterie olympique a donc été supprimée, privant le Club Richelieu de sa source principale de financement. Heureusement, ou malheureusement, dépendant du point de vue, la loterie olympique a existé juste assez longtemps pour permettre au gouvernement fédéral – libéral – d’aider le maire Jean Drapeau à rembourser les dettes monumentales des Jeux olympiques de 1976 à Montréal.

Quelques années ont passé entre le «Bonanza» de la loterie olympique et l’arrivée en scène des casinos comme moyen de financement pour les organismes de bienfaisance en Alberta.  

Le congrès social

En juin 1973, R. Hervé et Judy Durocher, R. Maurice Dallaire et R. Roland Bonvalet ont assisté au congrès social du Richelieu International à Moncton, au Nouveau-Brunswick. Ils ont vécu toute une expérience à ce congrès où l’on goûtait non seulement aux homards, mais aussi à l’esprit Richelieu «en toute majesté».Tout cela, avec la chaleur acadienne, qui a laissé une profonde impression sur ces nouveaux arrivés de la Société Richelieu. Dès leur retour en Alberta, ils ont suggéré au club de trouver les moyens de devenir l’hôte d’un tel congrès social à Edmonton.

Il va sans dire que c’était un projet très ambitieux pour un jeune club. Néanmoins, les membres ont accepté le défi avec enthousiasme. Après des discussions bien menées par le «comité du congrès», le Richelieu International s’est embarqué dans le jeu et, deux ans plus tard, en septembre 1975, le rêve s’est réalisé.

Sous la présidence de Louis Aimé Arès, le Club Richelieu d’Edmonton recevait au-delà de 120 membres et épouses du Richelieu International pour un congrès de trois jours.

Les activités principales du congrès avaient comme but d’étaler à nos invités la beauté et la richesse économique et culturelle de notre partie du Canada. Il y avait donc, au programme, une visite des installations de sables bitumineux à Fort McMurray, une journée champêtre à Morinville et une soirée Klondike à l’hôtel Westin, pour clôturer le congrès. 

Pour plusieurs de nos invités, surtout les femmes, l’excursion au West Edmonton Mall était le point culminant de la visite de la ville. Les invités ont été ravis de leur expérience, surtout du thème du Klondike tel que démontré par les photos. Plusieurs de nos membres y ont formé des amitiés de longue durée.

Ce congrès a été un grand succès et partout, dans la Société Richelieu, on en a parlé pendant de nombreuses années.

Les œuvres du Club Richelieu

Plus tôt dans cet historique, nous avons fait allusion aux liens avec le scoutisme et le guidisme francophone à Edmonton et à travers l’Alberta. Il est vrai que le Club a versé des sommes considérables aux scouts et aux guides pendant au moins trente de ses cinquante années d’existence.

Cependant, le scoutisme et le guidisme n’étaient pas les seuls bénéficiaires des efforts de prélèvement de fonds du Club Richelieu. Le Club a aidé au financement et à la construction de nombreux terrains de jeux au fur et à mesure que les garderies et les écoles francophones s’établissaient dans la région d’Edmonton. Non seulement, elles recevaient des dons financiers, mais, pendant une ou deux fins de semaine, les membres, s’étant donné le mot, se rencontraient sur le site, outils en main, pour aider à la construction. Les projets sont trop nombreux pour tous les nommer. Comme toujours, cependant, il y a une exception.

Le camp Richelieu

C’est grâce à la générosité de R. Henri Lusson, fermier et éleveur de bœufs charolais à Clyde, que le camp Richelieu (aujourd’hui nommé camp Lusson) existe.

  1. Henri Lusson a donné 80 acres de terrain au bord du lac Wakamao, à 85 km au nord d’Edmonton. Le Club Richelieu s’est engagé à y construire et à y aménager un camp d’été pour la jeunesse francophone. Le don du terrain a eu lieu en 1978. La construction et l’aménagement du camp ont débuté dans les deux années qui ont suivi et le camp Richelieu a ouvert officiellement en 1982. 

Tout cela a pris beaucoup d’énergie aux membres du Club durant la présidence d’au moins trois présidents : R. Oscar Labrie, R. Guy Richer et R. Michel Lehodey. R. Laurent Ulliac, avant sa mort imprévue, a lui aussi donné généreusement des heures et des heures en temps avec ses engins de chantier pour niveler le terrain. 

Un autre membre, R. Simon Roy, s’amusait aussi à conduire une de ces immenses machines pendant ses temps libres pour avancer la construction. Enfin, à plusieurs reprises pendant ces deux années, la plupart des membres ont contribué de leur temps, de leurs connaissances, en plus de leur argent, à la réalisation de ce projet.

Kevin Lowe, joueur de hockey à l’époque et, plus tard, gérant et président des Oilers d’Edmonton, a assisté à l’ouverture officielle du camp le 29 août 1982, invité par R. Guy Ouellette. Ce dernier est devenu le 13e président du Club Richelieu en 1984.

Les femmes sont autorisées à devenir membres

En 1986, la Société Richelieu International s’est mise à la page. Les gouverneurs ont fait un amendement à la charte pour permettre aux femmes de rejoindre les rangs du Club Richelieu en tant que membres actifs.

  1. Maryse Jobin a été la première femme à s’inscrire. Elle était accompagnée de plusieurs autres, dont R. Claire Bernier, R. Judy Durocher, R. Lorraine Audy et R. Germaine Lehodey. Les premières femmes, ainsi que toutes celles qui se sont affiliées depuis 1986, ont joué un rôle important au sein du Club. Elles assistaient aux soupers réguliers, travaillaient au déroulement des événements sociaux et aidaient lors des collectes de fonds. On peut d’ailleurs se demander si la misogynie ne régnait pas au sein du Richelieu, car, jusqu’à date, aucune femme n’est devenue présidente du Club. 

Cependant, R. Claire Bernier s’est particulièrement dévouée aux activités du Club en agissant comme secrétaire. Pendant 36 ans, et ce, jusqu’à sa mort en 2012, elle était responsable de l’administration, des finances et des archives. Claire travaillait constamment en arrière-plan et ne cherchait jamais de reconnaissance. La survie du Club est largement due à ses efforts.

La région de l’Ouest

Il est vrai que les politiques des gouvernements fédéraux en matière de langues officielles ont facilité l’expansion du Richelieu dans la région de l’Ouest canadien. C’est grâce aux octrois fédéraux que les agents de développement (Paul Émile Bélanger, Mathias Pagé) et les divers présidents internationaux ont pu se déplacer dans l’Ouest pour nous aider et nous encourager. 

Il faut se souvenir que, pendant une quinzaine d’années (1973-1985), la «région de l’Ouest» avait été formée sous l’égide de la Société Richelieu. À cette période, des clubs ont vu le jour à Saskatoon, Winnipeg, Prince Albert, Regina et Maillardville. En dépit de nos efforts en Alberta, nous n’avons jamais réussi à établir de clubs à Calgary, Fort McMurray ou Grande Prairie.

Compte tenu des distances à franchir, le montant des octrois disponibles ne suffisait qu’à payer les frais d’un ou deux voyages interclubs par année par gouverneur régional.

Les gouverneurs régionaux ont été les suivants :

  1. Hervé Durocher – Edmonton (1975-1977)
  2. Louis Aimé Arès – Edmonton (1977-1979)
  3. Mathieu Gaudet – Saskatoon (1979 -1981)
  4. Philip LeQuere – Winnipeg (1981-1983)

Les activités au niveau régional ont cessé quelque temps dans les années 1983-1984 et il n’existe aucune documentation évoquant l’existence d’un gouverneur régional après cette période. 

Graduellement, les contacts avec le bureau central du Richelieu International ont diminué et, en 1987, le Club Richelieu d’Edmonton n’a plus payé sa cotisation à l’organisme international. Nous avons continué à opérer comme un club social et un club de services sous le nom Richelieu jusqu’en 2001.

Finalement, à la suite d’une brève discussion avec l’administration de la Société Richelieu International, les membres du Club Richelieu d’Edmonton ont décidé de se dissocier de la société mère et de changer son nom. La discussion au sein du Club à Edmonton n’a pas été longue. Un membre a proposé le nom de «Jean Patoine», un autre a appuyé la proposition et le vote en faveur a été unanime. 

Une autre étape dans l’évolution du Club a été franchie.

L’époque du Club Jean Patoine

Cette partie de l’histoire du Club Jean Patoine évolue toujours. Elle est donc en quelque sens plus difficile à raconter.

On est en 2001, c’est l’époque des casinos. Le Club n’a plus d’autres petits projets de collecte de fonds que ceux-ci. Ces occasions nous sont accordées à peu près tous les 18 mois. Nous n’avions donc besoin de membres bénévoles qu’à ce moment-là. L’assistance aux réunions diminue. Les soupers réguliers bimensuels deviennent mensuels et, graduellement, on cesse de se rencontrer régulièrement, en optant plutôt pour des rencontres au trois ou quatre mois par an. Ces rencontres ont toujours du succès, surtout quand elles sont organisées autour d’un événement spécial, comme le barbecue au chalet Bernier, la randonnée sur le bateau River Queen, la croisière sur le lac Sylvan, le jeu de quilles ou les partys de Noël.

Croisière à Sylvan Lake. Photo : Courtoisie

Financièrement, le Club Jean Patoine a eu plus de succès que ne l’avait jamais eu le Richelieu. En moyenne, après 2001, les fonds provenant des casinos se chiffraient entre 30 000 $ et 50 000 $ par année. 

Néanmoins, l’esprit de camaraderie qui avait joué un rôle si important dans la vie du Club diminuait. Il devenait plus difficile de recruter de nouveaux membres et ceux existants sont vieillissants. Ces changements démographiques affectent l’administration et le fonctionnement du Club Jean Patoine. 

Jacques Bernier est redevenu président du Club en 1992 et il a occupé ce poste jusqu’en 1999. Hervé Durocher a été réélu président en 2000 et a servi jusqu’en 2012. Ken Shields s’est porté candidat à la présidence en 2013 et occupe encore le poste aujourd’hui. 

En regardant le déroulement du Club Jean Patoine pendant la dernière décennie, on pourrait constater que l’existence du Club est due largement à la conviction de notre président Ken Shields. Sa persévérance et sa fidélité ont surmonté tous les obstacles. Est-ce qu’on peut conclure que les avantages d’un club de services francophones à Edmonton sont plus évidents à notre président francophile qu’à un bon nombre de francophones?

Aujourd’hui

Le Club Jean Patoine a continué dans ce nouveau siècle à appuyer de nombreux projets auprès de la jeunesse francophone :

Cette année, nous célébrons les 50 premières années d’existence du Club Jean Patoine à Edmonton. Le recrutement de nouveaux membres demeure le plus grand défi. Les prochaines 50 années d’existence du Club Jean Patoine appartiendront à celles et ceux qui choisiront de les vivre en paix et en fraternité au service de la jeunesse francophone.

PUBLIREPORTAGE – «Tout est dans la rencontre», soutient l’Ontarienne d’origine et Acadienne d’adoption Nancy Juneau. La culture, la rencontre, les émotions sont au cœur des activités des Rendez-vous de la Francophonie (RVF) et contribuent à la vitalité francophone, tant personnelle que collective. En cette 25e édition, les RVF exposent la relation intime entre la culture et le développement identitaire. 

 

CONTENU COMMANDITÉ PAR LES RENDEZ-VOUS DE LA FRANCOPHONIE

Enfant, Nancy Juneau, aujourd’hui présidente de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), écoutait Quelle famille et Un homme et son péché à la télévision, en famille. Pour sa part, Christine Dallaire, professeure à l’École de sciences de l’activité physique de l’Université d’Ottawa, était de tous les comités et de tous les rassemblements scolaires ou presque. 

L’initiation à la culture, à la francophonie, pour elles, est arrivée à l’enfance. 

Nancy Juneau est présidente de la Fédération culturelle canadienne-française. Son identité s’est formée autour de l’émission Quelle famille, du Festival franco-ontarien et du programme Jeunesse Canada-Monde. Photo : Courtoisie FCCF

«C’est là que nait l’étincelle, ajoute Lianne Pelletier, stratège en communication et professeure associée à l’Université de Sudbury, en Ontario. [C’est] dans la famille ou à l’école.»

Et ça fait son bonhomme de chemin. Quelques années ont passé et Christine Dallaire a assisté au festival de musique La Nuit sur l’étang à Sudbury. Nancy Juneau aussi, puis au Festival franco-ontarien à Ottawa. Ces deux évènements ont offert des moments de découverte.

«On présente des artistes issus de nos communautés en même temps qu’on nous fait découvrir d’autres artistes», s’émerveille Nancy Juneau. Pour elle, ça a mené aussi à la découverte de son identité culturelle personnelle, croit-elle.

Les émotions vécues en étant dans une foule comptent tout autant que la découverte culturelle, note Christine Dallaire, qui étudie ces manifestations, en particulier les Jeux de la francophonie canadienne. Ces rassemblements créent des émotions fortes. Et «à l’adolescence, au début de la vingtaine, on carbure aux émotions», fait valoir la chercheuse. 

Un grand rassemblement : les Jeux de la francophonie canadienne. En 2005, ils ont eu lieu à Winnipeg. Photo : Jeux de la francophonie canadienne

Ces émotions motivent «à revenir, à devenir bénévole ou entraineur, ou [à] continuer de travailler dans les organismes», a-t-elle constaté au fil de ses recherches. Les émotions que vivent les personnes présentes à ces évènements renforcent et perpétuent leur identité francophone, même dans une mer d’anglophonie. 

Le lien continu avec les collectivités est au cœur de l’exercice annuel de programmation des RVF. Cette année, plus de 40 organismes francophones dans 10 provinces et territoires ont reçu un appui financier pour mettre sur pied des activités culturelles pour les communautés.

Consultez le calendrier des activités

Une affaire du quotidien

Si les émotions cimentent l’identité, elles ne suffisent pas. Il faut d’autres ingrédients. La francophonie a besoin d’une base dans le quotidien, «comme l’école qui est en français, les journaux et les médias, la musique en français», ajoute Christine Dallaire. 

À ce chapitre, elle croit fortement en l’importance du sport. «C’est l’activité la plus fréquente et la plus populaire», plaide-t-elle.

Pour faire vibrer la fibre franco, il faut créer un environnement entièrement en français, et ce n’est pas toujours une mince tâche pour l’organisation : il faut penser musique d’échauffement en français, arbitres francophones, terminologie sportive en français.

Cet effort, ce choix conscient des organisations, normalise le français pour le participant en milieu minoritaire, où la masse pousse vers l’anglais. 

Consultez les profils des communautés francophones préparés par les RVF

Seuls… ou avec d’autres

À l’instar de Nancy Juneau et Christine Dallaire, Lianne Pelletier aime les rassemblements entre francophones ou francophiles. Seuls, «on peut être fiers de notre langue, de notre appartenance, dit-elle. Mais on ne peut pas être Franco tout seul.»

Adolescente, elle a été de la FESFO, la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne. Cette expérience lui a permis d’ancrer son identité. «C’est là où je me rendais compte que ça existait d’être Franco-Ontarienne et que j’avais un privilège de faire partie de ce groupe-là.» 

Elle a éprouvé un sentiment semblable au contact de l’Autre, comme participante au programme Katimavik à Coaticook ou aux études à Trois-Rivières, deux villes du Québec. «J’étais l’Ontarienne. Dans ces situations-là, on [s’] assume. On voit que chez nous, on fait les choses d’une certaine façon et qu’on valorise certaines affaires», fait-elle remarquer.

Nancy Juneau a vécu une telle mise en perspective de son identité à Jeunesse Canada Monde. «J’étais avec des Philippins, des Anglo-Canadiens de partout au Canada, des Québécois, des francophones de différentes régions», se souvient-elle. L’expérience a été déterminante pour elle.

Elle a un souvenir net des moments où les francophones, peu importe leur provenance, vivaient une communion culturelle – en connaissant les mêmes chansons, en ayant les mêmes référents… Ces instants étaient magiques et marquants.

«C’est par la rencontre qu’on découvre son identité», réitère-t-elle. 

Elle revient à son univers professionnel : «Cette rencontre-là, c’est à ça que se consacrent nos membres [salles de spectacle, théâtres, festivals…] sur le terrain : créer l’occasion de rencontres en espérant allumer une flamme. Une fois que la flamme est allumée, la personne va chercher à la nourrir.» 

Les RVF et l’ONF

L’Office national du film (ONF) s’associe aux RVF depuis 2005 pour offrir des projections de film partout au pays. 

Cette année, l’ONF propose une sélection de 20 films qui peuvent être visionnés par thème ou à la carte.

Parmi la sélection de cette année, Assez French, d’Alexis Normand, l’une des porte-paroles des RVF, met en relief les combats et les victoires que comporte la reconquête de l’identité canadienne francophone dans les Prairies. L’Acadien Phil Comeau propose L’Ordre secret pour faire la lumière sur L’Ordre de Jacques-Cartier.

La sélection des films de l’ONF est disponible ici

La suite

Sur le plancher des vaches, l’offre demeure bien vivante, pour nourrir la flamme. Il y a des festivals, des rassemblements annuels, des spectacles, de la musique, des livres, des films. Après tout, la francophonie canadienne compte à la douzaine des diffuseurs de spectacles, des radios, des journaux, des maisons d’édition, des théâtres et des boites de production. 

Les francophones du pays les appuient pour le divertissement, pour la «cause» ou par gout de la découverte. Certains qui ont vécu à l’adolescence cette communion, ces émotions fortes, voudront retrouver ce sentiment.

«Tout est dans la rencontre», disait plus tôt Nancy Juneau. Et dans le plaisir, pourrait ajouter Christine Dallaire, qui a vu des centaines d’yeux briller lors d’évènements à grand déploiement 

Contenu commandité par la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures.

Même si Wilfred LeBouthillier s’est fait connaitre en 2003 en remportant la première édition de Star Académie, l’artiste originaire de Tracadie, au Nouveau-Brunswick, fera ses premières armes comme animateur lors de la quatrième édition de Tout pour la musique, qui aura lieu en direct sur la scène du Centre National de Musique de Calgary (à guichet fermé) et qui sera diffusé à compter de 20 h (HAR).

Près d’une quinzaine d’artistes provenant de tous les coins de la francophonie canadienne prendront part à ce spectacle. Organisé par la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures, l’évènement vise à susciter la fierté et la solidarité de tous les Canadiens et Canadiennes envers la francophonie du pays.

Wilfred LeBouthillier a bien voulu nous raconter l’importance de ce spectacle ainsi que nous parler de ses projets personnels, lui qui célèbrera l’an prochain ses 20 ans de carrière.

Consultez le site Web de Tout pour la musique

À quel genre de spectacle peut-on s’attendre?

Je trouve ça plaisant comme spectacle. Les artistes qui seront là représentent quasiment le Canada au complet. On est habitué à des contextes où, quand on célèbre par exemple la fête des Acadiens, bien on est tout un groupe d’Acadiens. Quand le Québec fête la Saint-Jean-Baptiste, c’est québécois. Mais c’est rare qu’on célèbre la francophonie canadienne puis que la francophonie canadienne soit représentée. Ça va donner un spectacle plein de couleurs puis fort intéressant.

Les francophones du pays, on est tous dans notre petite solitude. Chaque province a son petit réseau. Comme nous, ce qui se passe comme musique au Nouveau-Brunswick, c’est différent. Ce qui se passe au Québec, c’est différent. Donc de faire un spectacle avec toutes ces petites solitudes-là qui sont réunies dans un même but, c’est quand même intéressant.

Est-ce que c’est également une occasion de faire connaitre au Québec ce qui se passe dans le reste du Canada francophone?

Il y a beaucoup de Québécois qui ne savent même pas que la Saint-Jean-Baptiste est célébrée ailleurs qu’au Québec, parce que c’est leur fête nationale. Je pense que c’est juste en Acadie qu’on ne célèbre pas beaucoup la Saint-Jean-Baptiste parce qu’on fête plutôt le 15 aout.

Mais partout ailleurs au Canada – j’ai déjà fait des spectacles de la Saint-Jean en Ontario, par exemple. C’est la fête des francophones et non seulement la fête nationale du Québec. Il y a toujours des Québécois qui sont surpris d’apprendre ça, puis certains disent : ben là, pourquoi ils célèbrent la fête du Québec?

En même temps, chaque région du pays peut aussi découvrir la musique des autres régions.

Oui. En fait, je m’en vais animer cette soirée-là, puis il y a des noms d’artistes que j’avais jamais entendus. Je vais les découvrir moi aussi. Ça prouve qu’on est tous dans nos petites solitudes dans ce grand pays-là.

Du côté carrière, quels sont vos projets en cours?

Ma carrière solo est un peu mise de côté pour donner la priorité à la préparation d’un prochain album avec les Gars du Nord. On est en pleine écriture de chansons ces temps-ci. On vise de sortir l’album au début de 2023.

Ça va être très différent de ce qu’on a enregistré jusqu’ici, qui était uniquement des chansons de Noël. On avait beaucoup de demandes pour des spectacles lors des festivals ou d’évènements qui n’avaient pas lieu pendant le temps des Fêtes. Mais nous, c’est juste ça qu’on faisait; on avait seulement un spectacle de Noël de monté. Ce qui fait que, souvent, on ne pouvait pas accepter ces demandes-là.

Les Gars du Nord, on est tous des compositeurs, donc on veut pas être un cover band non plus. Tant qu’à avoir un groupe, on veut écrire nos propres chansons. On veut chanter nos chansons. On va sortir un extrait cet automne.

Ça sera un défi de continuer la carrière solo si les Gars du Nord prennent de l’ampleur?

Il y a toujours moyen de faire deux projets en même temps. On a tous des projets solos à gauche puis à droite. Mais on est nos propres patrons. On est nos propres producteurs. On décide de tout nous-mêmes. C’est plus facile. On fait nos horaires nous-mêmes.

De mon côté, j’écris des tounes. Je suis tout le temps à l’écriture de mon projet solo. L’an prochain, ce sera mes 20 ans de carrière. J’aurai quelque chose qui va souligner ça.

Le spectacle Tout pour la musique sera présenté le 24 juin à 20h (HAR) en direct du studio Bell du Centre National de Musique de Calgary, sur Unis TV.

Artistes invités à Tout pour la musique

Corneille
Wilfred LeBouthillier
Martha Wainwright
Missy D
Dans l’shed
Matiu
Danny Boudreau
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Une Saint-Jean pancanadienne en musique

Originaire des Cantons-de-l’Est, au sud du Québec, Lucie Brouillard a sillonné les routes d’Europe à vélo avant de rentrer au Canada. Artiste maquilleuse jusqu’au début de la pandémie, il a fallu qu’elle trouve une alternative professionnelle à cet art qui l’a amenée aux quatre coins de la planète. Dans ses valises, une collection de pièces de monnaie qui, aujourd’hui, fait son fonds de commerce.

Après son périple européen, l’artiste rejoint l’Alberta en 1998. «C’était un marché vierge.» Mais la pandémie a mis un point d’arrêt à son activité malgré de nombreuses années florissantes. «Le maquillage, c’est intime, nous sommes physiquement proches des gens, alors tous les contrats se sont arrêtés», du jour au lendemain.

Elle a dû se réinventer et c’est un peu grâce à sa fille Charlotte que la petite histoire est née. «J’ai toujours eu une collection de sous provenant de mes voyages. Quand elle avait 6 ou 7 ans, elle les a trouvés», puis elles ont continué, ensemble, à l’alimenter.

Aujourd’hui, l’artiste s’amuse «à peinturer» ses pièces de monnaie, à «les graver, les couvrir d’un dôme de verre» pour l’aspect visuel et, finalement, les monter en pendentif. Toujours attirée par cet objet rond, il est à ses yeux «une pièce d’histoire».

Un pays, un patrimoine, la flore, la faune, la mythologie, la pièce de monnaie est un trésor qui pourrait «très vite disparaître», prévient-elle en évoquant l’argent virtuel. Et pourtant, «lorsque l’on trouve un sou noir canadien, cela apporte la chance».

Mère-fille, la petite entreprise s’étoffe

«C’est une petite histoire de famille, cette entreprise, entre elle et moi», explique Lucie Brouilard en citant sa fille Charlotte. Les hommes ne sont «pas vraiment intéressés». Des fois, ils viennent, mais ils sont un peu gênés. Elle aussi avoue ne pas avoir forcément «le syndrome de la vente», mais souligne sa belle complicité avec Charlotte qui a un très bon contact avec la clientèle. «Ensemble, nous faisons une belle équipe!»

Lucie a aménagé un espace dans son sous-sol, «une belle boutique», mais la pandémie a fait reculer la clientèle. Alors elle espère beaucoup des marchés d’été, de juin à septembre, et notamment celui d’Airdrie ou le Bearpaw Lions Farmer Market, à la sortie de Calgary, en direction de Cochrane.

Elle y retrouve une belle atmosphère. «Se mettre les pieds nus sur l’herbe quand on travaille au soleil, c’est tellement agréable» et rafraîchissant. Cette francophone a bien hâte que la saison recommence et de vendre aussi dans sa langue maternelle, «c’est très plaisant». D’ailleurs, lorsque la discussion s’amorce, elle dure souvent plus longtemps que prévu, indique-t-elle.

Avec sa fille, elle aime aussi diversifier ses produits. Depuis quelque temps, elles confectionnent des bijoux avec des pierres semi-précieuses comme le quartz rose, la pierre de lune, le lapis ou l’améthyste. Des pierres qui peuvent avoir des pouvoirs bénéfiques pour la santé. «Les gens adorent. Personnellement, je trouve cela un peu étrange et mystérieux», mais elle investigue.

Elle vend aussi des bagues populaires auprès des adolescentes. «On s’en fait piquer!» Attentive à cette problématique, elle apprécie tout de même de voir les jeunes autour de son espace de vente, car les sous sont de beaux témoins du passé, «de notre identité».

Des pièces dont on ne se lasse pas

Aujourd’hui, la plus grande partie de ses produits sont fabriqués avec des pièces de monnaie, mais elle ne s’autorise pas toutes les fantaisies. «Un sou de collection qui a une grande valeur monétaire, on ne le transforme jamais, sinon il la perd.»

Elle travaille donc des sous «sans le sou», parfois très ancien, car un grand nombre ne valent pas grand-chose. Son sou favori, un penny provenant de l’île de Man (Royaume-Uni). Elle n’en a vu qu’un seul «dans toute ma vie». Une pièce en bronze qui représente un chat avec des lignes art nouveau tout autour. Celui-ci, elle ne le travaillera pas, mais le portera en pendentif.

Parmi les sous qu’elle aime le plus, un grand nombre viennent d’Irlande pour leurs illustrations de la faune. Elle désavoue les euros, mais apprécie la monnaie italienne d’avant, notamment la pièce de 50 lires représentant Vulcain «nu en train de travailler le métal».

Elle aime aussi la semeuse sur les anciens francs et beaucoup d’autres, de Slovaquie notamment. Elle remarque aussi l’intérêt soudain pour les pièces ukrainiennes. Elle aime aussi les sous noirs canadiens d’avant 1920. «Ils sont très, très, beaux», ils sont patinés et très difficile à travailler. Elle souligne aussi que seules les pièces de monnaie canadiennes retirées de la ciculation peuvent être utilisées ou alors des pièces étrangères.

Alors qu’elle reconnaît la valeur pédagogique de chaque pièce, évoquant parfois un souverain, des valeurs humaines, la flore, la faune, la mythologie, elle regrette cette globalisation qui tend à l’uniformisation de la monnaie et à l’abandon de notre identité. «Un sou d’un lieu et d’une année précise nous connecte avec notre histoire.»

Des instants inoubliables

Elle aime faire des commandes spéciales pour célébrer un anniversaire, un mariage, une arrivée au Canada. Des évènements heureux en général, mais aussi parfois plus sollennel. Elle se remémore, entre autres, cette femme qui l’a contactée après le décès de son jeune garçon. «Elle m’avait commandé des porte-clés pour donner à toute la famille pour l’anniversaire de sa mort. Les sous à transformer venaient du jeune homme. À la remise de ces pièces, nous avons pleuré les deux.»

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Aromaterii, une autre façon de prendre soin de soi
Mumbai Dakar

, nos produits allient qualité et efficacité grâce à :
• Des huiles essentielles chémotypées 100% naturelles (non diluées, non déterpénées)
• Une qualité médicinale (grade A) • Des tests de laboratoire concluants (bactériologie et innocuité)
• Une conformité aux normes de la commercialisation nord-américaine et à l’exportation.
• Une homologation de Santé Canada par un NPN.

Cette entreprise familiale se spécialise dans la recherche dermothérapeutique. Si Josette Larrivé, docteure en sciences naturelles (Ph.D.Sc.Nat) est la conceptrice des produits, son mari Daniel s’occupe, lui, «des multiples à-côtés» comme l’administration et le marketing. D’origine française, ils se sont installés au Canada, il y a déjà de nombreuses années. Après avoir conquis l’Est du pays, ils ont décidé de venir implanter leur entreprise sur les terres albertaines afin d’offrir leurs produits.

Publireportage – CDÉA

Clin d’œil à une profession ancestrale

«On n’invente rien», s’exclame Daniel. Si leurs produits allient, depuis 1999, les connaissances ancestrales des aromaterris, apothicaires d’une époque lointaine (XVe siècle) qui guérissaient les pandémies grâce à la distillation de plantes médicinales, et les techniques modernes de laboratoire, leur objectif reste le même : offrir du bien-être à ceux et celles qui en ont besoin.

Josette Larrivé,
Ph.D.Sc.Nat

Une qualité sur laquelle est basée leur offre de produits qui riment avec sécurité. Daniel Larrivé insiste sur ce point essentiel. Chaque produit est accompagné d’un «mode d’emploi». Car, comme il aime à le répéter, les produits naturels sont des produits de grande qualité qu’il faut utiliser à bon escient et avec harmonie.

Des produits à base d’huiles essentielles 100% bio

Lorsque Daniel Larrivée évoque les produits qu’ils proposent au sein de leur entreprise, il est facile d’y voir la passion de ce couple pour une hygiène thérapeutique respectueuse. «Il est essentiel de préconiser des produits en accord avec nos valeurs de respect.»

Ils en sont persuadés, l’avenir du bien-être physique, émotionnel et mental passe par l’utilisation d’un produit végétal aromatique et naturel, sans additif (PEG et parabène) et biodégradable. Ils insistent d’ailleurs sur ces notions essentielles, tout en assurant qu’aucun de leurs produits n’est testé sur les animaux. Il est d’ailleurs important pour ces deux entrepreneurs de fabriquer localement à l’échelle du pays.

Parmi les produits qu’ils proposent, vous trouverez des soins du visage, des soins capillaires, des soins pour les jambes et les pieds, mais aussi pour le corps dans son ensemble. Des gels, des shampoings, des lotions, il ne vous reste plus qu’à choisir celui qui vous convient!

Une francophonie qu’ils embrassent

Arrivés en Alberta pour des raisons économiques et professionnelles, ils ont rapidement découvert une francophonie dynamique et disponible qu’ils apprécient énormément.

«J’espère que nous pourrons très rapidement nous impliquer dans cette francophonie extraordinaire», explique Daniel, tout en espérant un jour proposer des ateliers de sensibilisation à l’aromathérapie en français. Une autre façon pour lui de mieux comprendre les besoins de ceux et celles qui vivent leur quotidien en Albertains.

En attendant, ils invitent tous les francophones à venir découvrir leur boutique en ligne et espèrent très rapidement pouvoir livrer leurs produits thérapeutiques dans toute la province.

Contact :
info@aromaterii.com
www.aromaterii.com

Contenu commandité par Carrefour international

Une véritable histoire d’amour s’est développée entre Paul-Émile Chouinard et le Togo. Le conseiller en communications en est à son troisième déploiement dans le pays depuis 2019, dont deux avec Carrefour international.

Installé à Lomé, la capitale togolaise, Paul-Émile Chouinard est responsable de la mise en œuvre de laboratoires d’apprentissage en informatique mobiles pour des clubs de leadeurship accueillant des jeunes filles. Au fil des séjours, il a réussi à tisser des liens d’amitié avec les locaux et s’est taillé une place dans le milieu professionnel togolais.

Paul-Émile Chouinard est volontaire auprès de Carrefour international. Crédit : Courtoisie

Paul-Émile Chouinard est volontaire auprès de Carrefour international. Crédit : Courtoisie

«Ce qui m’a beaucoup aidé, c’est le fait de ne pas rester à la maison. Par exemple, lorsque j’allais travailler, je ne rentrais pas manger à la maison ; j’allais manger avec les gens du quartier. Ça m’a permis de faire un contact. On mange la même chose, on n’est pas si différents!» explique-t-il.

Il a aussi élargi son cercle de contacts en allant à la rencontre des autorités locales, comme les chefs de quartiers. En leur montrant son respect des coutumes lors des premières rencontres, il a réussi à tisser des liens forts avec la communauté.

Paul-Émile Chouinard en est à son troisième séjour au Togo depuis 2019 et à sa deuxième expérience de volontariat avec Carrefour international. Crédit : Courtoisie

Paul-Émile Chouinard en est à son troisième séjour au Togo depuis 2019 et à sa deuxième expérience de volontariat avec Carrefour international. Crédit : Courtoisie

«Par exemple, quand j’allais voir les chefs, je faisais la salutation officielle en éwé [langue véhiculaire à Lomé]», une stratégie qui lui a permis de mobiliser davantage de participantes à ses ateliers de formation.

Paul-Émile Chouinard est conseiller en communications pour l’organisation non gouvernementale La Colombe à Lomé, la capitale du Togo.

Maintenant bien installé, en plein cœur de son second séjour avec Carrefour international, Paul-Émile sent que ses expériences de volontariat l’ont transformé : «Tu ne vas pas changer le monde ou le pays. Tu vas changer la vie peut-être d’une ou deux personnes. Mais juste ça, juste avoir le sentiment que tu as fait ce changement-là, ça vaut tout l’or du monde.»

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Un retour en terre natale

L’expérience de volontariat de Frédérique Kanga l’a quant à elle ramenée dans son pays d’origine, la Côte d’Ivoire. Après avoir passé plusieurs années au Canada pour faire ses études postsecondaires et expérimenter le marché du travail, la jeune ivoirienne aspirait à faire une différence.

Frédérique Kanga affirme avoir dû se réadapter au climat et au rythme de travail de la Côte d’Ivoire lors de son arrivée à Abidjan. Crédit : Courtoisie

Frédérique Kanga affirme avoir dû se réadapter au climat et au rythme de travail de la Côte d’Ivoire lors de son arrivée à Abidjan. Crédit : Courtoisie

«Mon ambition, c’était vraiment de revenir travailler en Afrique. Je me disais chaque fois qu’il y avait beaucoup de choses à faire en Afrique, donc il fallait que je revienne. C’était ça, ma motivation», précise celle qui depuis un an travaille en mobilisation des ressources à Abidjan, la capitale ivoirienne.

Pour Frédérique, le secret du succès passait par l’intégration au sein de l’équipe : «Je voulais absolument m’intégrer, donc j’ai décidé comme ça, en une journée, de parler à tout le monde! Tous ceux qui étaient là-bas, je les approchais et je leur demandais : “Toi, qu’est-ce que tu fais ici? Je me présente, je suis conseillère en mobilisation des ressources. Ici, comment ça se passe la mobilisation des ressources?”»

L’expérience de volontariat a permis à Frédérique Kanga de revenir dans son pays d’origine, la Côte d’Ivoire. Crédit : Courtoisie

L’expérience de volontariat a permis à Frédérique Kanga de revenir dans son pays d’origine, la Côte d’Ivoire. Crédit : Courtoisie

Cette stratégie lui a permis de rapidement tisser des liens forts avec les membres de les membres de son équipe. La jeune professionnelle retient également le bonheur qu’elle a observé chez les femmes et les filles qui participaient aux activités de Carrefour international.

«Il y a des activités que j’ai eues à mettre en place et j’ai vu des sourires sur les visages de certains bénéficiaires. Je me dis que j’ai eu vraiment une belle expérience! C’était vraiment gratifiant. Je retourne [au Canada] avec le cœur lourd parce que je me dis que je n’ai pas encore fini ce que j’ai commencé», explique-t-elle.

Séduite par sa première expérience de volontariat, Frédérique Kanga entreprendra en juin un second séjour de 12 mois à Abidjan, la capitale ivoirienne.

Séduite par sa première expérience de volontariat, Frédérique Kanga entreprendra en juin un second séjour de 12 mois à Abidjan, la capitale ivoirienne.

En juin, Frédérique Kanga entreprendra un second mandat de 12 mois en Côte d’Ivoire auprès de partenaires de Carrefour International. Même si elle a atteint les objectifs de son premier mandat, elle ressent le besoin profond de poursuivre son travail dans la communauté.

Le bien-être et la sécurité au cœur des priorités de Carrefour international

«L’engagement, c’est ça qui est la clé du succès», explique Alex Chevalier-Caron, gestionnaire d’équipe et responsable de l’embauche et du déploiement des volontaires chez Carrefour international.

«Au-delà même d’un bac, d’une technique ou d’une maitrise, c’est ce sens de l’engagement, ce sens de vouloir faire le changement qui est une compétence transversale aux individus. On n’a pas de diplôme pour être engagé, on n’a pas de badge pour l’engagement, mais il y a ce petit côté qu’on recherche chez les gens et je pense que Frédérique et Paul-Émile le démontrent bien», ajoute-t-il.

L’équipe de Carrefour international a à cœur la santé et la sécurité de ses volontaires sur le terrain. Avant même de franchir les premières étapes en vue d’un déploiement, des employés de l’organisme accompagnent les volontaires.

Alex Chevalier-Caron est gestionnaire d’équipe et responsable de l’embauche et du déploiement des volontaires chez Carrefour international. Capture d'écran - Francopresse

Alex Chevalier-Caron est gestionnaire d’équipe et responsable de l’embauche et du déploiement des volontaires chez Carrefour international. Capture d’écran – Francopresse

«Que tu sois un volontaire en série ou un nouveau volontaire, tu as toujours besoin de formation», précise Alex Chevalier-Caron. Carrefour international offre toujours une formation prédépart d’environ une semaine dans le but de régler les questions d’installation et de sécurité dans le pays. Une fois sur place, les volontaires reçoivent un accompagnement d’une semaine pour choisir un logement et se familiariser avec les environs.

«Dans chaque pays, il y a des super volontaires qui sont là pour appuyer les volontaires tant sur le plan professionnel que personnel. Des gens qui sont là 24/7 pour les épauler», assure Alex Chevalier-Caron.

Carrefour international est toujours à la recherche de nouvelles expertises et de nouveaux volontaires qui souhaitent tenter l’expérience du développement international.

«Actuellement, j’aimerais ça avoir autant quelqu’un qui vient de la sphère agricole, qui vient de la sphère de la communication, qui vient de la sphère informatique, du travail social, du bizness. J’ai tous ces besoins-là à combler actuellement chez les partenaires», précise le gestionnaire d’équipe.

Frédérique Kanga encourage toute personne à tenter l’expérience du volontariat : «Pour avoir une ouverture d’esprit, on ne peut pas rester chez soi. Se cultiver, c’est aussi aller sur le terrain.»

Paul-Émile Chouinard, pour sa part, se fait rassurant : «Ferme ta télé, ferme ton réseau social et vas-y! Il faut arrêter de trop penser. Le pire qui arrive, c’est que t’aimes pas ça. Il faut arrêter de trop penser et y aller. Après ça, on peut dire : “Au moins je l’ai fait!”.»

Pour plus d’informations : Visitez le site Web de Carrefour international

 

Le gouvernement fédéral a enfin déposé sa nouvelle mouture de la Loi sur les langues officielles, le projet de loi C-13. Cette révision était attendue depuis très longtemps. La Loi sur les langues officielles (LLO) a été révisée pour la dernière fois en 1988, avant l’arrivée des télécommunications modernes et d’Internet. Nous avons besoin d’une LLO pour le 21e siècle, une loi qui favorise et soutient le bilinguisme, qui améliore l’accès aux services fédéraux dans les deux langues officielles et, surtout, qui protège le français en situation minoritaire comme en Alberta.

 

Le projet de loi déposé par le gouvernement répond à plusieurs des préoccupations que j’ai entendues de la part des leaders francophones albertains. Il reconnaît les pressions qui s’exercent sur le français à l’extérieur du Québec et il aborde les domaines par lesquels on peut avoir le plus d’effet sur la vitalité du français dans des endroits comme l’Alberta, notamment la culture, l’éducation et l’immigration. Je suis heureuse qu’un processus d’examen régulier soit intégré à cette version du projet de loi, pour éviter que nous ayons à attendre encore 34 ans avant de réagir aux inquiétudes. Cela dit, je vais insister pour que des amendements et des précisions soient apportés avant le vote final sur le projet de loi.

 

«Le projet de loi déposé par le gouvernement répond à plusieurs des préoccupations que j’ai entendues de la part des leaders francophones albertains.» Heather McPherson

 

Tout d’abord, je chercherai des moyens de renforcer l’application des principes qui sous-tendent la LLO, par exemple, en ajoutant une exigence d’inscrire des clauses linguistiques dans les accords provinciaux-fédéraux. Si une telle exigence avait été en place quand le gouvernement fédéral a annoncé son plan pour les garderies, des fonds seraient disponibles pour les garderies francophones. En l’absence d’une clause linguistique, il revient au gouvernement provincial de déterminer comment les fonds sont répartis.

 

«Tout d’abord, je chercherai des moyens de renforcer l’application des principes qui sous-tendent la LLO.» Heather McPherson

 

Je veux aussi savoir comment le gouvernement fédéral soutiendra l’immigration francophone dans des collectivités comme Edmonton. L’immigration francophone est essentielle à la vitalité du français en Alberta. Malgré le fait que le gouvernement a réitéré son engagement à augmenter l’immigration francophone à l’extérieur du Québec, il n’a pas atteint ses objectifs et il nous faut des précisions sur ce qu’il compte faire pour les atteindre.

 

Enfin, même si la nouvelle LLO aidera grandement à promouvoir la dualité linguistique au Canada et à protéger les communautés de langues officielles en situation minoritaire, nous avons besoin de plus en Alberta. Nous avons besoin d’un nouvel engagement pour soutenir l’éducation postsecondaire en français

Depuis deux ans, je fais pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il accorde un financement permanent et d’urgence au Campus Saint-Jean (CSJ). L’été dernier, le gouvernement fédéral a offert 13,4 millions de dollars sur trois ans. Le mois dernier, le gouvernement provincial conservateur uni a enfin accepté l’offre fédérale. Mais le travail pour sauver le Campus Saint-Jean est loin d’être terminé.

 

«Depuis deux ans, je fais pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il accorde un financement permanent et d’urgence au Campus Saint-Jean (CSJ).» Heather McPherson

 

Alors que le gouvernement provincial ne respecte pas ses obligations contractuelles pour soutenir et faire grandir le CSJ, le gouvernement fédéral doit également admettre sa part de responsabilité. Le Canada a besoin de personnel enseignant formé par le CSJ pour s’acquitter de ses obligations au titre de l’article 23, mais il a aussi besoin du CSJ pour assurer l’accès à l’éducation postsecondaire en langue française dans tous les domaines d’études, et pas seulement de la maternelle à la 12e année. Quand les jeunes d’expression française en Alberta sont forcés d’étudier en anglais pour obtenir leur diplôme, ça nuit à la vitalité du français en Alberta et dans l’ouest du pays.

 

«Quand les jeunes d’expression française en Alberta sont forcés d’étudier en anglais pour obtenir leur diplôme, ça nuit à la vitalité du français en Alberta et dans l’ouest du pays.» Heather McPherson

 

Le Campus Saint Jean a des besoins uniques, mais il est aussi victime des coupes massives du PCU dans l’enseignement postsecondaire qui ont secoué toute l’Université de l’Alberta. Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, le gouvernement du PCU a éliminé 450 millions de dollars du budget de l’Université de l’Alberta. Dans l’ensemble de la province, les frais de scolarité ont augmenté de près de 400 millions de dollars et 1 500 membres du corps professoral et du personnel ont été mis à pied.

 

Bien que les coupes budgétaires du PCU soient sans précédent, les établissements d’enseignement des autres provinces souffrent également. Il est temps que le gouvernement fédéral reconnaisse l’importance de l’enseignement postsecondaire pour notre économie et qu’il joue un rôle plus important pour assurer l’accès à l’enseignement supérieur pour toutes les Canadiennes et tous les Canadiens. La semaine dernière, j’ai déposé la Loi canadienne sur l’éducation postsecondaire, une première étape importante pour augmenter le financement fédéral de l’éducation postsecondaire et pour que les provinces soient tenues de rendre des comptes en matière d’accessibilité.

 

Je suis reconnaissante de l’expertise que l’ACFA m’a fournie au cours des deux dernières années sur ces questions et je m’engage à travailler avec la communauté francophone pour soutenir le français dans notre province.

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David Caron est gestionnaire des études au Centre collégial de l’Alberta. Son quotidien est de s’assurer que tout est en place pour que l’étudiant puisse suivre son programme sans anicroche et qu’il reçoive finalement sa certification. «Pour cela, l’étudiant doit effectuer un certain nombre d’heures dans les domaines de la numératie, la littératie et bien d’autres qui sont contenus dans le programme de l’Envol et les cours qui lui sont dédiés».

 

Il souligne aussi le nombre d’heures effectuées en stage qui peut approcher un total de 800 heures alors que le minimum prévu pour les mêmes certifications dans d’autres établissements est de 700 heures. Une différence essentielle lorsque l’éducateur prend lui aussi son envol pour accompagner les jeunes enfants dans l’établissement qu’il aura choisi.

Envol, un programme d’apprentissage qui fait référence

«Ce curriculum, Envol, n’est pas obligatoire dans les établissements de la petite enfance», explique David Caron, mais «il deviendra la norme très rapidement», souligne Emmanuelle Sow, la professeure qui enseigne ce curriculum en quatre cours. «C’est le fondement de la petite enfance» basée sur l’approche de Reggio Émilia où l’enfant est «un apprenant puissant et citoyen».

 

«L’Envol, il doit s’apprendre avec le temps, explique Mme Sow, c’est une façon d’être». Elle insiste, «il faut te déprogrammer pour mieux te programmer». Elle qui a fait ses études au Québec voit la différence avec les anciens programmes. «J’étais un peu la G.O (gentille organisatrice). Cela ne fonctionne plus ainsi. Aujourd’hui, c’est l’enfant qui apporte ses intérêts, son bagage culturel, ses valeurs, ses forces» et c’est à l’éducateur de lui proposer le matériel pour qu’il développe l’intérêt observé. L’enfant prend alors des risques, se trompe et apprend de ses erreurs. «L’éducateur a un rôle de co-apprenant, de co-chercheur, co-concepteur de possibilités.» Elle aime à dire que «l’on redonne à l’enfant le goût de l’imaginaire» aujourd’hui éteint.

Emmanuelle Sow

Emmanuelle Sow

 

Lors de ces quatre cours distincts et interreliés, Emmanuelle Sow offre la possibilité aux étudiants de comprendre l’enfant pour pouvoir l’accompagner et interagir avec lui dans un objectif de bien-être et de développement. «Le cours 1, c’est l’observation de l’enfant et l’apprentissage de qui il est. Ensuite, tu dois créer avec l’enfant un milieu de vie qui reflète ses valeurs, ses intérêts, ses besoins d’apprentissage, culturels et familiaux». Elle insiste d’ailleurs sur le fait que «la garderie est le milieu de vie de l’enfant, pas celui de l’éducateur».

 

Plus tard, «on construit le citoyen. Il faut assurer le bien-être de l’enfant dans son environnement. Cela passe notamment par “les cent langages de l’enfant”». Une désignation qui fait référence aux multiples possibilités que l’enfant possède pour s’exprimer, pour communiquer avec l’autre. Du langage classique, comme la parole et l’écriture, au langage graphique, symbolique, corporel, logique, fantastique, etc.

 

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Finalement, dans le quatrième cours, «on rend visibles les apprentissages des enfants, on les partage avec les parents, avec eux-mêmes». Il s’agit d’un moment de partage pédagogique essentiel où ceux qui interagissent avec l’enfant peuvent apporter leur perception et la partager. Emmanuelle Sow rappelle que «le premier enseignant, c’est le parent, le deuxième l’éducateur et le troisième l’environnement». Si Envol est la référence, il est en perpétuelle évolution pour toujours répondre au mieux au besoin de l’enfant.

Le Centre collégial, un acteur essentiel de l’éducation à la petite enfance

Le programme Envol est toujours en évolution selon Emmanuelle Sow et David Caron. Ce dernier explique notamment que le programme est en constante amélioration, «chaque année de nouvelles notions se greffent». C’est pour cela que le Centre collégial a décidé d’être partie intégrante de ces élaborations en participant aux comités d’évaluation du programme, mais aussi en ayant une enseignante dédiée à celui-ci dans les murs de l’Université MacEwan à Edmonton.

 

Le Centre collégial s’assure ainsi «que le programme est offert en français». Partenaire avec les autres institutions, le Centre collégial représente la niche francophone et est très actif dans l’actualisation du programme. Si Envol a pris forme dans le laboratoire de l’Université MacEwan après «un long processus» et l’aval du gouvernement albertain, il est aujourd’hui le résultat d’une belle collaboration.

David Caron

David Caron

 

David Caron est d’ailleurs très fier de celle-ci, car elle permet au Centre collégial «d’être toujours à jour dans ces programmes sans attendre une traduction qui pourrait prendre des mois». Proactive et visionnaire, l’équipe du Centre collégial espère aussi mettre en place un cursus adapté aux enfants ayant des besoins particuliers. Éducation spécialisée et inclusion est prévue pour 2023 et offrira les meilleurs outils pédagogiques aux éducateurs pour offrir le bien-être à l’enfant s’en pour autant qu’il ne se sente exclu du groupe dans lequel il évolue. Le bien-être de l’enfant passe «par son acceptation dans le groupe dans toute sa diversité». Il conclut, satisfait, «nous sommes des avant-gardistes dans ce domaine».

 

Sandra Hassan Farah, professeure-enseignante en éducation à la petite enfance au Centre collégial, aime rappeler le rôle essentiel des stages qui sont proposés lors de la formation afin d’acquérir la certification d’éducateur de niveau 2 (1 an) ou 3 (2 ans). «C’est une réelle mise en contexte avec pour chacun des stages des objectifs pédagogiques précis.» Rien d’étonnant lorsque l’on remarque que le finissant au diplôme aura un bagage de plus de 750 heures passées en stages pratiques.

 

Ancienne directrice d’un service de garde en Saskatchewan, diplômée en éducation, travailleuse sociale en France et à Djibouti, elle est, avec ses collègues, à l’origine du développement du programme proposé au Centre collégial.

Sandra Hassan Farah

«Créer un stage qui répond aux exigences du plan de cours validé par le gouvernement provincial prend du temps. C’est un travail d’équipe avec les professionnels de la petite enfance, de nombreux établissements, la rétroaction des étudiants et le tout dans une communauté tissée serrée.» Elle ajoute d’ailleurs que leur contenu est en constante évolution.

Des stages tout au long du cursus

Si l’objectif avoué de ces stages est de mettre l’étudiant en contact direct avec les enfants, il peut, dès les premiers jours, offrir certains défis. Nathalie Ouellet termine sa deuxième année, mais elle se souvient très bien de ses débuts.

 

«Lors de mon stage 1, j’étais super gênée, vraiment pas à l’aise avec le groupe d’âge [3 à 5 ans] dans lequel je me suis retrouvée», dit-elle avec le recul, amusée. «Heureusement, tout le monde est là pour toi. Il suffit d’être honnête envers toi-même, d’en discuter avec ton référent et les choses se placent.»

 

Ce premier stage, hebdomadaire, permet à l’étudiant de prendre ses marques, d’observer, de questionner. Il a ses premières interactions avec les enfants et l’équipe, qui se plie à l’exercice avec toujours beaucoup de plaisir. «C’est aussi le bon moment pour l’étudiant de savoir s’il aime vraiment cet environnement», ajoute Sandra Hassan Farah.

 

Nathalie Ouellet a fini les cours magistraux pour bientôt valider sa certification de niveau 2. Alors qu’elle entame son troisième stage, elle réalise l’importance de ces moments privilégiés avec les équipes sur le terrain. «Ces stages sont là pour approfondir ce que j’ai appris à l’école. Cela te permet aussi de fonctionner différemment avec les enfants; tes vieilles habitudes de mère restent à la maison», dit-elle, énergique. Et elle sait de quoi elle parle, maman monoparentale d’une fratrie de six, elle a aussi changé son approche avec ses deux derniers depuis qu’elle étudie.

Nathalie Ouellet

Alors que les stages 2 et 4 s’effectuent sur sept semaines à temps plein, l’étudiante avoue que son second stage en période de COVID-19 n’a pas été des plus faciles. Alors qu’il est censé offrir au stagiaire une plus grande autonomie, une grande interaction avec l’équipe, les familles et la communauté, elle a dû le faire en virtuel. «Au début, il y avait énormément de vidéos. C’était la période d’observation, j’ai développé des habiletés à créer des histoires, du contexte et avec le support de l’équipe professorale tout s’est finalement très bien passé.»

 

Aujourd’hui, elle effectue son troisième stage au Centre d’expérience préscolaire et parascolaire Gabrielle-Roy. «Je sens que je fais partie de l’équipe. Je prends beaucoup d’initiatives et j’adore ça. C’est le moment de mettre en application le curriculum L’Envol, favoriser le développement et l’autonomie des enfants, mais aussi leur bien-être par l’ergonomie de l’environnement dans lequel ils évoluent.» Elle insiste d’ailleurs sur la relation avec les parents des jeunes enfants dont elle s’occupe.

 

«Je sens que je fais partie de l’équipe. Je prends beaucoup d’initiatives et j’adore ça.» Gabrielle-Roy

 

«J’ai rencontré “une” couple de parents, ils sont habitués à voir des stagiaires. Je n’ai pas eu le sentiment de ne pas être à ma place, bien au contraire», dit-elle, enjouée. Elle ajoute que le rôle du parent au sein de la garderie est aussi très important.

 

Sandra Hassan Farah insiste aussi sur la relation entre les professionnels de la petite enfance et les familles. «Les familles apprécient énormément le fait que les stagiaires passent par les services de garde. Ils se rendent compte du sérieux de la formation et ont alors confiance en la relève.»

 

Si Nathalie Ouellet a pris un peu de retard dans sa formation à cause d’une grossesse, elle a hâte de commencer son quatrième stage. «J’aurais alors toutes les connaissances pour ouvrir ma garderie en milieu familial!»

 

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Un dernier stage couvre la gestion d’un établissement, les réglementations et surtout toutes les normes de qualité imposées par le gouvernement, «un gros pavé!» explique Sandra Hassan Farah tout en relativisant les choses. «Peu importe où vous en êtes dans votre formation, les stages sont une porte d’entrée pour l’emploi.»

Une carrière se dessine

«Lors de tes stages, tu te fais connaître. La communauté francophone de la petite enfance est très solidaire, tout le monde se côtoie», explique Nathalie Ouellet. Elle insiste sur la disponibilité de l’équipe enseignante, sur la flexibilité à aménager les stages en fonction des défis personnels des étudiants et elle n’a aucun doute de trouver rapidement un emploi.

 

Celle qui se dit toujours à l’affût d’en comprendre davantage insiste, «ils [les professeurs] te donnent tous les outils, c’est à toi de les prendre!»

 

Lorsque Sandra Hassan Farah fait le bilan de ces derniers semestres, elle avoue que certains stagiaires «ont forcé mon admiration lors de leur apprentissage». Elle souligne leur capacité à très vite acquérir une maturité qui leur permet de «résoudre des conflits, prendre des directives» et finalement être prêts pour le grand bain. «Lorsque l’étudiant obtient un emploi à temps plein, c’est pour moi une réussite.»

 

«Lorsque l’étudiant obtient un emploi à temps plein, c’est pour moi une réussite.» Sandra Hassan Farah

 

Finalement, Nathalie Ouellet l’affirme, «pendant mon stage, lorsqu’un petit garçon a ses yeux qui deviennent grands comme des billes dès qu’il me voit, c’est du pur bonheur. J’ai trouvé ma vocation!»

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Les certifications en éducation à la petite enfance (EPE) offertes au Centre collégial de l’Alberta ne sont pas seulement des diplômes. Ils sont aujourd’hui une promesse d’un emploi et d’une carrière dans un domaine passionnant et une communauté francophone accueillante. 

Marguerite Cissoko est aujourd’hui coordonnatrice des services de garde avant et après l’école à Saint-Albert (école La Mission). Arrivée en Alberta en 2016, elle a choisi de retourner sur les bancs de l’université pour effectuer une certification en éducation pour la petite enfance. «J’ai une licence en droit obtenu en Guinée, mais si je voulais continuer ici ou trouver du travail, cela aurait été compliqué, notamment à cause de la langue et la citoyenneté que je n’avais pas encore.»

Elle décide donc de «tenter une nouvelle expérience». Originaire de Conakry, elle a très vite compris que cette formation allait lui permettre d’apprendre un métier passionnant. «Je me souviens avoir inauguré le programme de la petite enfance en 2019. Le premier semestre, j’étais toute seule», dit-elle, amusée. Très vite, elle a pris ses marques et a pu finir sa certification de niveau 3 l’été dernier. «J’ai fait mes études en même temps que j’ai élevé mes deux enfants, que j’allais travailler, et tout cela, pendant la pandémie.» Une réussite qu’elle doit notamment, dit-elle, à la disponibilité de l’équipe pédagogique, mais aussi à la qualité des connaissances acquises.

Une formation sur mesure

Emmanuelle Sow fait partie des professeurs qui ont offert cette occasion à Marguerite Cissoko. «Je me souviens très bien de Marguerite, d’ailleurs nous continuons, même aujourd’hui, à travailler ensemble», sourit-elle.

Comme Marguerite, Emmanuelle sait combien cette formation est appropriée pour outiller les étudiants qui désirent se lancer dans cette carrière. Un éducateur, «c’est un professionnel, un expert. C’est tout un métier, c’est aussi un art». Elle ajoute, «ce métier, c’est beaucoup de polyvalence, de spontanéité, c’est plusieurs métiers à la fois. Tu es psychologue, ergothérapeute, cuisinier, orthophoniste, un aménagiste, t’es toute les métiers en un»..

«Ce métier, c’est beaucoup de polyvalence, de spontanéité, c’est plusieurs métiers à la fois.» Emmanuelle Sow

Marguerite Cissoko a particulièrement aimé son cours de deuxième année sur les relations organisationnelles, une plus-value pour tous ceux qui désirent un jour devenir directeur d’établissement ou ouvrir une garderie. «Ce cours te permet d’apprendre à gérer une garderie, à gérer les employés, les informations, les ressources. Tu ne te limites pas au rôle d’éducatrice.»

Emmanuelle Sow

Même si elle avoue avoir été un peu stressée lors des examens, l’étudiante devenue coordonnatrice sait qu’aujourd’hui encore, elle peut compter sur l’équipe pédagogique qui l’a accompagnée tout au long de son cursus. «Les enseignants étaient et sont toujours là pour nous. On profite de beaucoup de ressources et je dois dire que, lors du mon stage de deuxième année, j’étais déjà prête!» D’ailleurs, Emmanuelle Sow insiste sur l’importance de ces stages. Ils sont à la fois pédagogiques, mais offrent sans conteste l’expérience nécessaire aux étudiants.  «Toute l’équipe pédagogique communique énormément et notamment lors des stages des étudiants.» C’est d’après son expérience le moment où «l’on voit le résultat des apprentissages directement dans le milieu. On ajuste la formation en fonction des rapports de stages, on travaille en concert avec la Fédération des parents francophones en Alberta.» Une formation qui «ne finit jamais» tellement le monde de l’éducation en petite enfance francophone est «tissé serré».

Une certification en français qui invite à une belle carrière

Si Marguerite Cissoko a choisi cette formation en français au Centre collégial, c’est d’abord pour des raisons identitaires. «Le français, on le parle dans notre pays. On étudie en français, c’est plus facile pour moi de comprendre. Mais surtout, je n’oublie pas d’où je viens!»

«On étudie en français, c’est plus facile pour moi de comprendre. Mais surtout, je n’oublie pas d’où je viens !» Marguerite Cissoko

Un choix qui, aujourd’hui, lui permet de gravir les échelons très rapidement comme bon nombre de professionnels francophones.

«Travailler en français en Alberta te permet d’aller plus loin et plus vite dans ta carrière», assure Emmanuelle Sow, originaire du Québec. Elle insiste, «dans la francophonie albertaine, tout est à construire. Les personnes qui le désirent peuvent très vite devenir directrices ou créer de nouveaux projets en petite enfance».

Marguerite Cissoko

Emmanuelle Sow continue, «le domaine de la petite enfance est très petit et très soudé. On est très impliqué dans la communauté. Il y a vraiment une continuité dans cet environnement francophone».

Finalement, elle assure, «être professionnel de la petite enfance, ce n’est pas du 8 à 4, tu aimes ça ou tu n’aimes pas ça. Mais si tu aimes ça, tu y vas à fond».

Elle souligne aussi que ce cursus et l’expérience professionnelle qui s’ensuit peuvent être un tremplin pour aller chercher un baccalauréat en éducation ou en droit pour se spécialiser dans la protection des enfants. Marguerite Cissoko l’a d’ailleurs compris. Elle prévoit, dans les prochaines années, d’effectuer «un baccalauréat en enseignement pour toujours améliorer mes connaissances et peut-être devenir enseignante un jour».

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Finalement, Emmanuelle comme Marguerite le savent. Obtenir cette certification en éducation de la petite enfance au Centre collégial, c’est aussi acquérir plusieurs chapeaux en un. C’est offrir des outils efficaces et une belle polyvalence aux étudiants pour qu’un jour, ils puissent eux aussi voir le bonheur dans les yeux des enfants qu’ils accompagnent.

«Nous sommes là à chaque premier instant de leur vie. Nous leur apprenons à devenir autonomes et épanouis, dans un milieu sécuritaire. C’est le plus beau métier du monde», conclut Emmanuelle Sow.